Il suffit de scroller sur TikTok pour tomber sur un commentaire misogyne en quelques minutes, voire en quelques secondes. Dans la vie de tous les jours, les discours masculinistes, misogynes et sexistes sont devenus monnaie courante, mais en ligne, ils s’amplifient. Selon le ministère de l’Éducation du Royaume-Uni, près de 54% des 11-19 ans ont déclaré avoir été témoins de commentaires sexistes.

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De ce fait, le pays a décidé de prendre des mesures. À partir de la rentrée 2026, les écoles secondaires britanniques devront introduire des cours contre la misogynie.

«On salue cette mesure»

Ce qui a notamment déclenché cette décision, c’est le succès de la série britannique Adolescence, diffusée sur Netflix, qui retrace l’histoire d’un jeune garçon de 13 ans qui en vient à commettre un féminicide.

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La série a eu un effet retentissant et a mis en lumière l’exposition croissante des jeunes garçons aux discours de haine envers les femmes. Avant cela déjà, le Premier ministre Keir Starmer avait annoncé que la série serait diffusée dans les écoles du pays.

Durant ces cours, les enseignants aborderont notamment la haine en ligne véhiculée par la mouvance «incel», qui regroupe des jeunes hommes célibataires se sentant rejetés par les femmes au point de les haïr. Les élèves seront également sensibilisés aux risques liés à l’intelligence artificielle, aux deepfakes, ainsi qu’aux liens entre pornographie et misogynie.

Le rôle patriarcal et les convictions masculinistes ont toujours été présentes dans la société. Ce n’est pas né avec les réseaux sociaux, mais là, ils ont trouvé une nouvelle plateforme et un moyen plus efficace de se répandre

Ella Chambers

Chargée de projet au CID Fraen an Gender

Face à cette annonce, les réactions ne se sont pas fait attendre. «On salue cette mesure», souligne Ella Chambers, chargée de projet au CID Fraen an Gender.

Mais pour elle, les discours masculinistes ne sont pas apparus avec les réseaux sociaux. Ces plateformes n’ont fait que les amplifier et créer des communautés. «Le rôle patriarcal et les convictions masculinistes ont toujours été présents dans la société. Ce n’est pas né avec les réseaux sociaux, mais là, ils ont trouvé une nouvelle plateforme et un moyen plus efficace de se répandre», explique Ella Chambers.

Des tendances masculinistes et antiféministes

Elle estime que le Luxembourg devrait s’inspirer du Royaume-Uni: «Il faut absolument thématiser cet aspect dans les écoles, parce que c’est beaucoup plus facile de prévenir ces idées pour qu’elles ne s’installent pas dans la tête des plus jeunes, plutôt que de les combattre quand il est déjà trop tard.»

Et justement comment sensibiliser les enfants? «Je pense en les laissant se développer comme ils ou elles le souhaitent, sans laisser ces images de masculinité et de féminité influencer qui que ce soit. Et aussi en parlant de la question du consentement dès que possible, en apprenant aux enfants que tout le monde a le droit de décider de ce qu’il fait de son corps.»

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À l’échelle mondiale, les réactions hostiles à l’égard des femmes, des personnes LGBTIQ+ et d’autres minorités vulnérables gagnent du terrain

Ministère de l’Égalité des genres et de la Diversité

Interrogé sur le sujet, le ministère de l’Égalité des genres et de la Diversité a indiqué «ne pas pouvoir déterminer clairement si nous observons une montée des tendances misogynes au Luxembourg, car nous ne disposons pas de données concrètes sur cette question précise.»

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Mais le MEGA précise tout de même «qu’à l’échelle mondiale, les réactions hostiles à l’égard des droits des femmes, des personnes LGBTIQ+ et d’autres minorités vulnérables gagnent du terrain. Elles trouvent souvent leur origine dans des tendances masculinistes et antiféministes, qui sont facilement relayées sur les réseaux sociaux auprès d’un public jeune.»

De son côté, le ministère de l’Éducation nationale souligne son engagement à promouvoir activement l’égalité entre les sexes et à lutter contre les stéréotypes et les discriminations. «Dans ce contexte, nous accordons une grande importance aux manuels et matériels didactiques utilisés en classe, sachant que ceux-ci véhiculent les valeurs et les cultures et influencent considérablement l’image que les enfants et les jeunes se font de la société. La représentation des filles et des garçons, des femmes et des hommes et de leur place dans la société, peut en effet avoir une répercussion sur le développement de l’identité et sur les choix d’orientation des élèves», indique le ministère.

Sensibiliser à une utilisation plus sûre et responsable des technologies

Et qu’en est-il des programmes scolaires? «Les valeurs de la tolérance, du respect, de la non-discrimination, de l’égalité entre hommes et femmes, sont cependant abordées dans plusieurs disciplines à travers le parcours scolaire, et notamment dans la discipline «Vie et société». Ce cours offre de nombreuses opportunités d’aborder des thèmes d’actualité, dont par exemple les risques liés à certaines idéologies et leurs impacts sur la société», explique-t-il.

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La question demeure: le Luxembourg s’inspirera-t-il du Royaume-Uni en introduisant des cours spécifiques contre la misogynie? La réponse est non. «Nous n’avons pas connaissance d’une montée de discours masculinistes parmi les jeunes au Luxembourg, comme cela a pu être observé au Royaume Uni et au vu de ce qui précède, on ne voit pas la nécessité d’introduire des cours spécifiques», indique le ministère.

Quant à la sensibilisation aux mouvances incels, aux dangers liés à l’intelligence artificielle et aux deepfakes, ces thématiques sont souvent abordées dans les publications et campagnes de BEE SECURE, comme la communication spécifique après le retentissement de la série «Adolescence». «Le but est de sensibiliser à une utilisation plus sûre et responsable des technologies numériques, et à renforcer en particulier les enfants, les jeunes et leur entourage (notamment parents, personnel enseignant et éducatif) à l’aide d’offres ciblées».

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