Guillaume Lacour, responsable scientifique de la société Altopictus, entreprise de Bayonne missionnée par l’ARS Occitanie et les collectivités pour effectuer des traitements de zones infestées, explique les clés de la lutte antivectorielle, et les outils à disposition.

Comment limiter la population de moustiques tigres dans son intérieur ? Responsable scientifique de la société Altopictus (Bayonne), missionnée lorsque des cas de dengue ou de chikungunya nécessitent la démoustication d’une zone infestée, Guillaume Lacour, donne des clés utiles aux particuliers.

En précisant d’entrée que l’entreprise ne répond pas aux demandes individuelles, elle est un interlocuteur unique de l’ARS et des collectivités d’Occitanie, par délégation de marché public.

« Y’en a marre d’être piqué. Il faut faire quelque chose ! » Ce discours, Guillaume Lacour « l’entend tous les jours ». Mais une démoustication préventive massive n’a pas de sens, et pourrait être contre-productive, rappelle le scientifique : « Une seule substance active efficace est aujourd’hui homologuée, dans la classe des pyréthrinoïdes. Si, à force de traitements, le moustique devenait résistant, ce serait très difficile d’agir », rappelle-t-il.

Inquiétant alors que études montrent déjà la présence « d’allèles de résistance » (un allèle étant une séquence ADN d’un gène) sur des populations de moustiques tigres capturés en région Paca, la plus exposée aux cas autochtones de chikungunya, avec l’Occitanie.

Bien choisir les pièges à moustiques

« De plus en plus d’outils sont à la disposition des particuliers » détaille Guillaume Lacour. Mais si « une abondance de pièges à moustiques sont en vente », beaucoup sont toutefois « inefficaces ». Sachant qu' »il n’y a pas de label de qualité ».

Ceux qui « marchent », et qu’on trouve dans le commerce : Biogents et Mosquito Magnet.

À installer « à l’extérieur des maisons », ils ont un double intérêt : ils neutralisent les moustiques et sont d’autant plus efficaces qu’il n’y a pas de point d’eau à proximité, c’est-à-dire qu’ils incitent à vider coupelles et réserves d’eau stagnante, un des gestes réflexes du quotidien pour limiter les populations d’insectes. « S’il n’y a qu’un point d’eau, les moustiques iront vers lui », précise Guillaume Lacour. L’opération a un coût : de 25 euros à 2000 euros le piège.

Des lâchers d’insectes stériles

C’est, aujourd’hui, la seule « arme » à disposition de tous, avec le port de vêtements couvrants, les moustiquaires et le recours aux répulsifs, explique Altopictus, qui considère que chaque traitement, 171 depuis le mois de mai, déclenchés après une enquête sur 240 points chauds de présence d’aedes albopictus, part d’un « constat d’échec collectif » : « Cela signifie que la prévention n’a pas fonctionné. Mais on est toujours parvenu à neutraliser les départs d’épidémie », constate-t-il, soulagé, et satisfait de la collaboration de la population : « C’est indispensable car une action choc, lorsqu’on intervient, perd de son efficacité en quelques jours ».

Pour les collectivités, une autre option est amenée à se développer : les lâchers d’insectes stériles, ils peuvent « faire baisser la population de moustiques de 60 % à 90 % », indique Atopictus, sollicitée pour la première fois cet été par la commune de Brives-la-Gaillarde, dans le Sud-Ouest.