Ce jeudi 21 août, Kid Cudi a laissé les spectateurs de Rock en Seine sur leur faim. Entre une mise en scène simpliste et un show abrégé par manque de temps, le rappeur américain a peiné à convaincre pour son unique date en France.
Le deuxième jour de Rock en Seine aurait pu virer à la désillusion. Un mois avant sa prestation, A$AP Rocky – star annoncée de ce jeudi 21 août – avait annulé sa venue. Deux jours avant l’événement, c’était au tour de la rappeuse Doechii d’annoncer son absence, laissant un goût amer aux festivaliers. Il n’y a qu’à compter le nombre de fans déçus ayant choisi de se faire rembourser leurs billets, et la foule clairsemée devant la scène principale, ce jour-là.
Ainsi, le festival misait beaucoup sur la prestation de Kid Cudi. Programmé en tête d’affiche de la soirée, en remplacement d’A$AP Rocky donc, le rappeur de Cleveland était attendu au tournant par ses fans français. Il les a malheureusement laissés sur leur faim.
Pour la seule date française de sa tournée et son deuxième passage à Rock en Seine (le premier date de 2011), l’artiste de 41 ans est arrivé, seul sur scène, veste en cuir et t-shirt Nirvana sur les épaules, avec pour simple scénographie un écran, diffusant des clips de lui.
Une mise en scène très minimaliste, pour ne pas dire cheap, qui donne lieu à des moments déroutants, notamment lorsque Kid Cudi est contraint de replacer lui-même son micro entre les chansons, laissant un blanc dans l’auditoire.
Un répertoire inégal
Malgré quelques problèmes de sons et un début de concert assez mou, Kid Cudi relève rapidement la barre grâce à ses interactions avec le public, jouant avec malice avec les festivaliers du premier rang. À la fin de Day ‘N’ Nite, titre phare de sa discographie, l’un des spectateurs interpelle le rappeur pour lui demander de jouer le morceau à nouveau. Le rappeur s’exécute, avec générosité.
Kid Cudi profite aussi de Rock en Seine pour dévoiler en live Neverland, Grave et Mr. Miracle, des titres extraits de son nouvel album Free, qui sort ce vendredi 22 août. Des morceaux qui, hélas, peinent à convaincre.
Entre deux productions récentes, l’artiste ne délaisse pas ses fans de la première heure, en performant des morceaux cultes – Man on the Moon, The Prayer, Soundtrack 2 My Life – qui nous font (enfin) retrouver son univers si singulier.
Une fin abrégée
Si Kid Cudi s’est imposé à ses débuts comme une figure de la culture hip-hop, c’est grâce à sa plume sincère et introspective et sa musique, à cheval entre rap, rock et électro. Arrivé sur la scène musicale au début des années 2000, épaulé par Kanye West, il a été l’un des rares artistes de sa génération à mettre ses failles au centre de son art en abordant sans filtre son anxiété, sa dépression ou ses addictions. Par cette audace, il a notamment ouvert la voie à une nouvelle génération de rappeurs introspectifs, de XXXTentacion à Juice WRLD en passant par Travis Scott.
Face au public de Rock en Seine, Kid Cudi raconte ainsi comment la musique l’a aidé à se relever dans les moments difficiles, et à quel point ses auditeurs ont pu se retrouver et se sentir soutenus à travers ses textes.
Mais ces échanges trop nombreux avec le public finissent par lui porter préjudice. Contraint de raccourcir sa setlist par manque de temps, l’artiste termine finalement son concert de manière abrupte avec Pursuit of Happiness, laissant de côté les autres hits les plus attendus de la soirée: Mr. Rager ou Memories, son duo culte avec David Guetta. Une déception de plus. Les fans nostalgiques n’auront plus qu’à réécouter les albums de Kid Cudi pour se consoler.
Carla Loridan et Sophie Hienard