Cette semaine, nous partons à la rencontre de cinq artistes corses qui partagent leur passion sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, l’autrice Caroline Nasica, alias Zinzin, qui illustre avec humour ses anecdotes de vie et ses réflexions personnelles.

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Se faire ramener de soirée par des jeunes à peine majeurs, être prise pour la petite amie de son père, se rendre compte que sa psychologue n’est pas la bonne ou encore reprendre contact avec son ex pour très vite regretter. Ces scènes comiques ou tragiques rythment le quotidien de Caroline Nasica, mais aussi son Instagram. Sous le pseudonyme Zinzin, cette dessinatrice partage ses tranches de vie et ses anecdotes de manière presque cathartique. “C’est comme un journal intime”, explique l’artiste. Un moyen d’expression inspiré par sa mère illustratrice, qui lui lisait régulièrement des histoires lorsqu’elle était petite. 

Le style de Zinzin est spontané, son trait vif et nerveux. “Cela reflète assez mon impatience. Je dessine comme j’écris ou je parle.” Une impulsivité à l’image de son surnom, loin d’être péjoratif selon elle. “Zinzin, cela évoque une certaine folie, une excentricité, mais qui n’est pas négative. Cela me rappelle surtout les membres de ma famille, s’amuse l’autrice. Et puis, le terme en lui-même me fait rire.” 

Si ses proches, dont ses parents, vivent sur l’île, Caroline grandit dans le sud de la France. Elle monte ensuite à la capitale pour suivre des études de direction artistique, où elle développe son style, influencée par plusieurs dessinateurs comme Jean-Jacques Sempé et Pénélope Bagieu. Des formes simples mais efficaces, en noir et blanc, ponctuées de petites annotations qui traduisent les pensées passagères de l’instagrammeuse.

Au fil du temps, l’illustratrice se professionnalise et commence à commercialiser ses productions car les planches publiées sur les réseaux sociaux, de leur côté, ne lui rapportent aucun revenu. Zinzin enchaîne les bandes dessinées : elle raconte ses rencontres loufoques dans Caro et les zinzins (2021), ses péripéties de colocation dans 5, rue du Boucan (2023) et revient, cette année, à ses origines avec Zia Zinzin : Retour en Corse. Un opus particulier, car édité pour la première fois en couleur. “J’étais obligée d’utiliser des couleurs pour dépeindre cette île, assure la créatrice de BD. Que ce soit dans la nature, les bâtiments ou chez les habitants : il y a de la vie partout et c’est comme ça que j’ai envie de la représenter.” 

Pour la réalisation de cet album, Caroline s’appuie sur sa vie en Haute-Corse. Depuis son enfance, elle passe ses étés en famille à Tox en Haute-Corse. Adulte, la dessinatrice s’installe plusieurs années à Corte, avant de retourner à Marseille à la suite d’une rupture amoureuse.

C’est aussi l’occasion de montrer aux continentaux la Corse sous un autre visage. Dans la pop culture, on assimile les insulaires à la mafia et au rejet des étrangers : c’est très réducteur.”

“La démarche est multiple, indique Zinzin. Je voulais d’abord immortaliser la Corse que je connais. À la fois pour conserver le lien que j’ai avec cette terre, mais aussi pour témoigner.” À travers les personnages du récit — dont ses oncles et tantes, sa grand-mère et ses voisins — Zinzin aborde le folklore et la culture corses, mais aussi d’autres thèmes plus universels comme l’identité, l’appréhension du futur, le quotidien des villages. “J’ai souhaité parler à un public plus large, qui pourrait tout de même se reconnaître dans les scènes du livre, poursuit l’écrivaine.

C’est aussi l’occasion de montrer aux continentaux la Corse sous un autre visage. Dans la pop culture, on assimile les insulaires à la mafia et au rejet des étrangers : c’est très réducteur.” Des clichés à reconsidérer, d’après l’autrice, qui ne l’empêchent pas d’aborder des sujets “plus tabous” comme la drogue, le nationalisme et le repli identitaire. “C’est difficile de ne pas devenir conservateur lorsque l’on a peur de perdre qui on est”, commente Caroline.

Paru en avril 2025, l’ouvrage suscite l’enthousiaste dans toute la France. “J’ai de très bons retours, se réjouit la jeune femme. Les lecteurs me partagent soit leur envie de venir en Corse après avoir refermé le livre, soit leur impression d’être sur place et de revivre leur souvenir.”

En Corse ou sur le continent, Zinzin multiplie les expositions dans les galeries d'art.

En Corse ou sur le continent, Zinzin multiplie les expositions dans les galeries d’art.

© @zinzin_nsc / Instagram

Si aujourd’hui Zinzin s’expose dans les librairies, les galeries d’art marseillaises ou sur les réseaux sociaux, elle rêve en grand. Elle souhaite décliner son art au cinéma en tant que scénariste ou réalisatrice. La dessinatrice de BD révèle également être en pourparlers pour adapter ses œuvres en dessin animé. La “vilaine zinzine” est donc loin de poser son crayon.