Dix ans après le crash d’un avion de chasse lors d’un meeting aérien au sud de l’Angleterre, qui avait coûté la vie à 11 personnes, les proches des victimes accusent toujours les autorités britanniques de ne pas avoir tiré toutes les leçons du drame.
Le 22 août 2015, un avion de chasse des années 1950 s’était écrasé plein meeting aérien à Shoreham au sud de l’Angleterre, tuant 11 personnes. Dix ans plus tard, les familles des victimes vivent toujours avec ce traumatisme et accusent les autorités d’avoir laissé perdurer des failles de sécurité, raconte Sky News.
Lors de ce samedi d’été, personne n’imaginait le drame. La foule regardait dans le ciel les pilotes enchaîner les figures mais en quelques secondes, tout a basculé : le Hawker Hunter, un avion de chasse des années 50 piloté par Andy Hill rate une manœuvre et s’écrase sur la chaussée. La boule de feu tue onze hommes, dont deux jeunes footballeurs amateurs, Jacob Schilt et Matthew Grimstone, alors âgés de 23 ans.
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« Cela a changé nos vies pour toujours », confie Caroline Schilt, la mère de Jacob. « Chaque 22 août, la douleur revient. » Son mari Bob renchérit : « C’était catastrophique pour toute notre famille. »
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« Des fautes grossières » du pilote
Le pilote, ancien instructeur de la Royal Air Force, a lui survécu. Poursuivi pour homicide involontaire, il a été acquitté en 2019. Pourtant, les experts avaient relevé des erreurs lourdes : il avait entrepris une boucle acrobatique avec trop peu de vitesse et une altitude largement insuffisante. Pour réussir la manœuvre, il aurait fallu grimper 450 mètres plus haut. Sans marge de sécurité, l’avion n’a jamais pu se redresser.
En 2022, une enquête publique a confirmé la gravité des manquements. Le coroner – magistrat chargé de déterminer les causes d’un décès – a conclu que les victimes avaient été tuées en raison de « fautes grossières » du pilote.
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Un précédent en 2014
Depuis ce drame, la réglementation des meetings aériens a été durcie : altitudes minimales relevées, distances de protection élargies, contrôles renforcés. Mais les proches des victimes estiment que ce n’est pas suffisant. Sue et Phil Grimstone, parents de Matthew, accusent l’Autorité de l’aviation civile (CAA) d’avoir autorisé des figures au-dessus d’une route pourtant très fréquentée. « Les spectateurs étaient protégés, pas les automobilistes. C’est incompréhensible », s’indignent-ils.
Le pilote Andrew Hill
Mark Thomas/REX//SIPA
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© Mark Thomas/REX/Shutterstock/SIPA
Le ressentiment est d’autant plus fort qu’un précédent existait. En 2014, à Southport, le même pilote avait déjà volé trop bas et trop près de la foule. L’incident n’avait jamais été signalé. Pour certains, une sanction aurait pu limiter, voire interdire, son autorisation de vol. « Si cet avertissement avait été pris au sérieux, Shoreham aurait peut-être été évité », affirme l’ancien pilote Steve Colman.
De son côté, la CAA assure avoir suivi toutes les recommandations formulées après la catastrophe. Mais pour les familles, le régulateur continue de « traîner les pieds » sur la protection des riverains et des automobilistes. Elles ont saisi le médiateur parlementaire et disent rester inquiètes, notamment face à des meetings comme celui de Duxford, où des avions peuvent encore survoler des routes voisines.