Olivier Faure appelle à « accompagner » la mobilisation du 10 septembre.

SEBASTIEN BOZON / AFP

Olivier Faure appelle à « accompagner » la mobilisation du 10 septembre.

POLITIQUE – On en avait perdu l’habitude ces dernières semaines mais oui, la gauche peut se retrouver derrière un mot d’ordre commun. En appelant à « accompagner » la mobilisation sociale du 10 septembre, née sur les réseaux sociaux dans la foulée des annonces budgétaires de François Bayrou, le Parti socialiste rejoint les autres forces de gauche dans la bataille.

Lors d’un discours prononcé aux Journées d’été des Écologistes à Strasbourg, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a estimé que le mouvement qui se prépare pouvait « être massif ». « Nous devons l’accompagner » pour « lui offrir un débouché politique » de gauche, a-t-il défendu sous les applaudissements. S’il reconnaît que « nous n’en connaissons pas complètement les contours » et que « ses revendications sont encore floues », Olivier Faure assure ne pas vouloir passer à côté « d’une mobilisation forte dont chacun mesure qu’elle peut être à la hauteur de l’exaspération et du rejet du pouvoir actuel ».

Au départ plutôt marquée à l’extrême droite, avec des mots d’ordre contre le trop-plein d’impôts notamment, l’initiative citoyenne s’est peu à peu déportée sur la gauche, au gré de demandes de plus en plus fortes de justice fiscale et sociale. La suppression de deux jours fériés, le gel des prestations sociales et des pensions de retraite ou encore la baisse de 5 milliards d’euros du budget de la santé ont agi comme des catalyseurs auprès d’une partie des Français.

« Le 10 septembre et les jours suivants »

« Rien ne sera acceptable de ce projet de 44 milliards d’euros d’économies sur les malades, les chômeurs, les travailleurs, les retraités, sur toutes celles et ceux qui n’ont que nous pour les défendre », a martelé Olivier Faure, laissant entrevoir la possibilité de plus en plus forte d’une censure du gouvernement à la rentrée. Là où certains socialistes s’accrochent toujours à la présentation d’un « contre-budget », que le parti à la rose devrait présenter mi-septembre, et à de futures négociations avec François Bayrou et Éric Lombard, le ministre de l’Économie, Olivier Faure semble adopter une position plus frontale.

Redoutant toutefois le procès en récupération politique, le député de Seine-et-Marne a pris soin de préciser à la tribune des Verts que « la vocation » du Parti socialiste n’est pas non plus de « canaliser, dompter ou instrumentaliser » la mobilisation populaire. « Nous serons là le 10 septembre et les jours suivants pour dire que nous ne voulons pas que ce soit dans leurs poches que soient prises encore ces économies », a-t-il martelé.

L’ensemble des partis de gauche se sont donc alignés sur la position défendue, dès le 17 août, par La France insoumise. Dans un texte publié par La Tribune dimanche, plusieurs cadres du mouvement, dont Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard et Mathilde Panot, appelait leurs troupes à « soutenir l’initiative populaire du 10 septembre » et à « se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation ». Les Écologistes et le Parti communiste avaient suivi dans les heures suivantes tandis que le PS avait semblé hésiter.

Les syndicats prudents

La gauche dans son ensemble, du Parti socialiste au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot et de Philippe Poutou, se retrouve dans cette journée de mobilisation. Reste à en voir le déroulé et les modalités d’action.

Car pour l’heure, les syndicats restent en retrait de mobilisation. « On est très vigilant sur les tentatives de noyautage et d’instrumentalisation de l’extrême droite qui, à certains endroits, essaie de développer des discours anti-syndicaux et de réorienter la colère contre les immigrés et étrangers », a exprimé la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet ce 22 août sur France Inter. Son syndicat débattra « la semaine prochaine » de sa participation ou non à la journée du 10 septembre, puis se réunira en intersyndicale le 1er septembre. Sophie Binet reconnaît tout de même que « les revendications sociales » et « la dénonciation » du projet de budget du Premier ministre rejoignent « tout à fait » son analyse.

Plusieurs fédérations syndicales ont déjà appelé à « tout bloquer » le 10 septembre. Un message que les Français semblent entendre : 63 % des personnes interrogées dans un sondage Toluna – Harris Interactive pour RTL disent adhérer au mouvement.