Si de nombreuses compétitions se sont développées autour du golf urbain depuis son arrivée à Paris il y a 20 ans, « l’esprit créatif des débuts » reste le même : jouer partout dans la rue, en visant les poubelles et les fontaines. Le tout « sans aucun risque de blessure », rassurent les pratiquants.

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« Le mot d’ordre, c’est de rester détendu, à la cool. Il ne faut pas chercher à forcer », conseille Guillaume Diakhite, avant de frapper sa première balle sur les dalles de l’esplanade Nathalie Sarraute, dans le 18e arrondissement. Âgé de 39 ans, il a découvert le street golf il y a 15 ans. « C’est ludique, tout le monde peut essayer. Et pas besoin de porter un polo, tu peux être en short et en baskets », sourit le cofondateur de l’association Paris Street Golf, qui cherche à initier les curieux à la pratique.

Les balles, légères et semi-rigides, diffèrent du "golf lambda".

Les balles, légères et semi-rigides, diffèrent du « golf lambda ».

© Pierre de Baudouin

Dans la rue, au milieu d’un parc, sur les quais de Seine… « Tu joues où tu veux, quand tu veux, contrairement au golf lambda, où le parcours est cadré. Là, tu peux même jouer à la campagne ou sur une plage, pas uniquement en ville », résume Guillaume Diakhite. « Tu peux viser un arbre, une poubelle, une fontaine, une grille d’égout ou un pot de fleurs. On est vraiment libre. J’aime cette créativité », souligne-t-il.

"Tu peux viser un arbre, une poubelle, une fontaine, une grille d'égout ou un pot de fleur", explique Guillaume Diakhite.

« Tu peux viser un arbre, une poubelle, une fontaine, une grille d’égout ou un pot de fleur », explique Guillaume Diakhite.

© Pierre de Baudouin

Si le street golf se pratique avec des clubs classiques, les balles, légères et semi-rigides, diffèrent. « On fait attention aux passants, mais avec cette balle, il n’y a aucun risque de blessure ni de casse. C’est inoffensif. Aucun danger pour les fenêtres, sauf peut-être le simple vitrage », rassure le street golfeur.

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« Pas besoin de porter un polo » : comment le street golf fait son trou loin d’un sport « trop élitiste » ?

©Pierre de Baudouin

La pratique a commencé aux Pays-Bas puis en Allemagne dans les années 1990, avant d’arriver en France dans les années 2000, retrace Guillaume Diakhite. Philippe Missemer, fondateur de l’association Le Dix-Neuvième Trou, fait partie des pionniers. « Mon père et mon grand-père jouaient au golf, j’ai joué toutes les semaines jusqu’à mes 18 ans. En arrivant à Paris en 2011, j’ai eu envie de retaper la balle. Mais pour se rendre sur un parcours autour de la capitale, ça prend 2 heures, et je n’avais pas beaucoup de thunes en sortant d’études », raconte le street golfeur, aujourd’hui âgé de 43 ans.

Philippe Missemer, fondateur de l’association Le Dix-Neuvième Trou, fait partie des pionniers du street golf en France et à Paris.

Philippe Missemer, fondateur de l’association Le Dix-Neuvième Trou, fait partie des pionniers du street golf en France et à Paris.

© Sköyp©

Le street golfeur a commencé à jouer autour de la Seine, au bord de l’eau.

Le street golfeur a commencé à jouer autour de la Seine, au bord de l’eau.

© Antoine_Mone_©

Avec un groupe d’amis, il commence à jouer autour de la Seine, au bord de l’eau. « Puis on a tenté près de Stalingrad, et partout dans les rues. La Défense, c’est super, on a réussi à convertir plein de râleurs qui nous disaient que c’était dangereux. Le 13e arrondissement aussi, on peut être hyper créatif avec le mobilier urbain et les différents niveaux », poursuit-il. Alors que le golf est « souvent trop élitiste », Philippe Missemer tente depuis 20 ans de démocratiser la pratique.

Le street golf s'est développé en France à partir des années 2000.

Le street golf s’est développé en France à partir des années 2000.

© Antoine_Mone©

 

« L’idée est de se réapproprier l’espace urbain. On a organisé plein de sessions publiques et d’événements. En 2010, on a créé le premier championnat national de street golf, c’était un tour promotionnel pour réunir les assos. Et en 2012, on a été nommés ambassadeurs street golf à Saint Andrews, en Ecosse. C’est la capitale du golf. C’était un titre honorifique, mais c’était le graal pour nous », se rappelle-t-il. « Aujourd’hui, le street golf est plus concentré sur la compétition et s’est éloigné de l’esprit créatif des débuts. C’est plus corporate, je ne m’y retrouve plus. C’est devenu du vrai golf », confie-t-il toutefois.

Champion de France avec l’association Los Golfos en 2012, champion d’Europe en 2015 et 2016 avec l’équipe de France, champion du monde à Paris en 2018, qualifié pour la prochaine coupe d’Europe organisée en septembre à Strasbourg… À 61 ans, Eric Nguyen Khac, a lui participé à de nombreuses compétitions.

Eric Nguyen Khac propose aux municipalités d'installer des parcours fixes de street golf.

Eric Nguyen Khac propose aux municipalités d’installer des parcours fixes de street golf.

© Eric Nguyen Khac

Depuis trois ans, Eric Nguyen Khac propose aux municipalités d’installer des parcours fixes de street golf, avec sa structure « The Next Golf ». Plots, traces de peintures pour guider les pratiquants… Deux « golfs urbains » sont ainsi accessibles dans le Val-d’Oise, à Deuil-la-Barre et Saint-Gratien. « Au street golf, les parcours sont d’habitude éphémères. Pour ouvrir la pratique et éviter l’entre-soi entre initiés, les parcours fixes ont le mérite de rester visibles avec un maximum d’accessibilité. On prête les clubs, et on rappelle les consignes et les distances de sécurité à respecter », met-il en avant.

Deux "golfs urbains" sont accessibles dans le Val-d’Oise, à Deuil-la-Barre et Saint-Gratien.

Deux « golfs urbains » sont accessibles dans le Val-d’Oise, à Deuil-la-Barre et Saint-Gratien.

© Eric Nguyen Khac

« J’ai commencé le street golf il y a 20 ans, et c’est ce qui m’a amené vers le golf. Alors que j’avais des a priori en voyant ça comme un sport de millionnaire coincé et chiant, le street golf m’a donné envie », glisse-t-il. Pour apprendre à taper la balle, Paris Street Golf compte proposer de nouvelles sessions d’initiation dès septembre dans la capitale.