En deux ans, la Russie a considérablement intensifié ses opérations de sabotage et d’infiltration sur le Vieux Continent, selon un rapport publié ce mardi 19 août par l’Institut international d’études stratégiques (IISS), un think tank spécialisé dans les questions de défense installé à Londres.

“Le nombre d’attaques visant des infrastructures européennes critiques a presque quadruplé depuis 2023”, résume le service en langue bulgare de la Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE-RL), dans un article consacré à l’étude. Selon le média américain, ce constat intervient dans un contexte “marqué par la multiplication des accusations et des informations provenant des services de renseignements de nombreux pays, selon lesquels Moscou aurait fait des opérations secrètes de sabotage et de renseignement une priorité absolue afin de déstabiliser les gouvernements européens”.

Ces faits de sabotage et d’infiltration, souvent décrits comme des “actes de guerre hybride”, comprennent des incendies criminels, des câbles de communication sous-marins endommagés, des interruptions de signaux GPS pour la navigation par satellite et des actes de piratage informatique. Ces derniers ont augmenté de manière “considérable” ces deux dernières années, poursuit sur son site RFE-RL, et sont, dans leur grande majorité, “dirigés vers des cibles liées aux efforts européens visant à soutenir ou à fournir du matériel militaire et civil à l’Ukraine”.

Mercenaires recrutés en ligne

Le rapport de l’IISS se penche également sur le modus operandi de ces attaques, en relevant que, depuis la guerre en Ukraine, la plupart des pays européens et occidentaux ont expulsé massivement de leur territoire les agents des services spéciaux russes, dont beaucoup travaillaient sous couverture diplomatique. Cela a contraint les agences russes à se tourner vers des mercenaires et des agents spécialement mandatés pour mener ce type d’opérations de sabotage ou autres. “Depuis l’expulsion de centaines de ses agents secrets des capitales européennes, la Russie a été extrêmement efficace dans le recrutement en ligne de ressortissants de pays tiers afin de contourner les mesures de contre-espionnage”, indique le rapport.

En France, les services de sécurité hexagonaux ont ainsi arrêté des ressortissants moldaves, ukrainiens (mais issus des territoires contrôlés par la Russie) mais aussi bulgares à la suite de bon nombre d’actes ayant défrayé la chronique ces deux dernières années.

Enfin, RFE-RL indique que la Bulgarie elle-même a été ces dernières années la cible de telles attaques, en citant l’exemple de plusieurs incendies criminels survenus dans des dépôts d’armes et de munitions destinées à l’Ukraine. Dès juin 2022, Sofia avait pourtant expulsé quelque 70 diplomates et fonctionnaires de l’ambassade russe suspectés d’être des espions sous couverture – une mesure qualifiée de “sans précédent” dans le pays.