Pour les 50 ans du groupe de metal britannique légendaire, un arrêt à Paris pour deux dates exceptionnelles, toutes deux sold out, a offert une fête de haut vol aux fans locaux. Dans une marée de black t-shirts à l’effigie du groupe (car oui, Maiden semble être l’exception à la règle tacite de ne pas porter les logos du groupe de la soirée… ici 90 % des métalleux arborent les lettrages du plus grand groupe britannique du genre ou le sourire narquois d’Eddie sur leur torse), La Défense, écrin urbain, s’est transformée en méga rassemblement de musique extrême, sous un soleil radieux.
Les abords de Paris La Défense Arena grouillent de groupes d’amis, de fans de la première heure, de jeunes impatients, d’étrangers suivant la tournée de ville en ville et même de quelques tentes pour les irréductibles qui voulaient absolument leur place aux crash barrières. La salle s’emplit de tout ce joyeux public, fébrile, et les rangs dans la fosse sont déjà bien denses à l’ouverture de la soirée par les Suédois d’Avatar.
Texte et photos par Tetralens (tetralens.com)
Avatar
Avec une introduction toujours aussi scénarisée, et pourtant à chaque fois amusante, Johannes Eckerström en clown inquiétant (avec en fond la piste appropriée, The Damned Song – Beware of the Clown) et ses comparses apparaissent les uns après les autres : lui dans sa boîte cadeau depuis le dessous de la scène, puis John Alfredson à ses fûts, puis les autres musiciens, instruments à la main. Le décor est planté : Avatar va nous régaler de son metal mélo-death polymorphe ascendant Pinder, affreusement entraînant, avec un démarrage sur Dance Devil Dance.
Sur un set à la fois parfait pour découvrir ou se laisser porter par l’univers singulier du groupe, et en même temps trop court pour laisser le talent s’exprimer pleinement, les Suédois alternent passages drôles, mélodies entêtantes comme Let It Burn, breakdowns puissants, riffs acérés et headbangs collectifs, notamment sur Smells Like a Freakshow, où tu te demandes même s’ils ne vont pas se cogner aux amplis de façade. Dans cette succession de titres phares et de petits passages, le frontman Johannes use de son ton ironiquement inquiétant pour nous prévenir que, dorénavant, nous sommes contaminés par A-VA-TAR ! (rires déments à l’issue)
De nombreux fans sont déjà conquis, d’autres découvrent qu’au-delà de ce face paint à la Kiss, Avatar possède son propre univers et une signature musicale unique, mélange de moments festifs et de bande-son parfaite pour un apéro à base d’huile de moteur, le tout porté par des regards torves dignes d’Hannibal Lecter. On les attend de retour à Paris très bientôt (mars 2026 au Zénith de Paris) pour un nouveau freak show.
Les allers et venues se font sans bousculades. Le public circule entre les stands de merchandising au choix impressionnant (incluant un décapsuleur fort coûteux à mon goût…) et les bars répartis un peu partout, y compris pour récupérer les gobelets collectors de la tournée.
Setlist
- Beware of the Clown (The Damned song)
- Dance Devil Dance
- Let It Burn
- In the Airwaves
- Bloody Angel
- The Dirt I’m Buried In
- Captain Goat
- Smells Like a Freakshow
- Hail the Apocalypse
Iron Maiden
Dans une excitation générale, les lumières baissent et le show débute par une cinématographie projetée qui embarque la foule dans un voyage au cœur d’un décor de ruelles sombres anglaises, où pubs et réverbères laissent apparaître et disparaître la silhouette dégingandée d’Eddie. C’est lorsque le décor londonien laisse place à un graphisme de Paris sous l’orage que les musiciens apparaissent sur scène, générant une vague de rugissements dans la foule impatiente, avec le titre The Ides of March, délivré avec une énergie décoiffante.
Simon Dawson, qui porte la difficile tâche de réchauffer la place de Nicko McBrain à la batterie sur cette tournée, est entouré d’un halo de lumière et très bien mis en valeur, même en arrière, encadré par les pétillants Adrian Smith et Janick Gers à la guitare. Steve Harris et Dave Murray, un peu plus en avant, et Bruce Dickinson au centre – enfin, quand il tient en place plus que huit temps – sont dans une forme incroyable. Le frontman est bondissant, jouant avec son pied de micro, allant au plus près de la scène, exploitant tout l’espace, de la plateforme qui surplombe et encadre le groupe… aucun temps mort.
Après un démarrage pétillant, un Eddie géant apparaît depuis l’arrière-scène pendant Murders in the Rue Morgue et s’approche, menaçant, de chacun des musiciens, simulant des attaques à la hache. Dans une succession de tableaux parfaitement mis en scène, Iron Maiden replonge dans les différentes périodes de son règne musical, avec à chaque fois un univers différent. Comme pour The Trooper, où Bruce déambule sur l’estrade en brandissant le drapeau britannique, mais offre aussi un instant cocorico avec le drapeau tricolore.
En dehors des morceaux auxquels on pouvait s’attendre, comme Powerslave, The Number of the Beast ou Run to the Hills, je suis particulièrement marquée par la performance enivrante et immersive de The Clairvoyant.
Le concert est ponctué de nombreux passages démontrant toute l’aisance et la maîtrise de chacun des virtuoses : un joli solo de batterie de Simon Dawson, des duos de guitares enflammés, ou encore Mr Harris et sa basse envoûtant tout le monde. Pendant plus de deux heures, la “vierge de fer” régale avec une empreinte musicale devenue référence, ancrage identitaire pour beaucoup, qui a inspiré des générations de métalleux. Et le groupe affiche une énergie incroyable, prouvant que le chemin parcouru n’est pas encore à son terme. Cinquante ans et pas une ride !
Mon seul regret : l’absence du très mélodieux Children of the Damned, qui porte la même touche que l’album Accident of Birth de Bruce Dickinson en solo, mais c’est une autre histoire. Une telle discographie ne peut pas être compactée en deux heures. Leur capacité à livrer un show de haute qualité dans une arena bondée tout en créant une connivence avec le public reste incroyable. L’alliance unique d’un son âpre, fougueux, de rythmes endiablés et d’une sincérité rayonnante impose encore Iron Maiden comme catalyseur, donnant le sentiment que leur règne ne prendra jamais fin.
“Come on Irons !!! À bientôt.”
Et pour les t-shirts… Name 3 songs, Name 3 songs, Name 3 songs… !
Setlist
- Doctor Doctor (UFO song)
- The Ides of March
- Murders in the Rue Morgue
- Wrathchild
- Killers
- Phantom of the Opera
- The Number of the Beast
- The Clairvoyant
- Powerslave
- 2 Minutes to Midnight
- Rime of the Ancient Mariner
- Run to the Hills
- Seventh Son of a Seventh Son
- The Trooper
- Hallowed Be Thy Name
- Iron Maiden
Encore :
- Churchill’s Speech
- Aces High
- Fear of the Dark
- Wasted Years
- Always Look on the Bright Side of Life (Monty Python song)