Kilmar Abrego Garcia (chemise blanche au centre) après sa libération de la prison de Cookville (Tennessee), le 22 août 2025. Kilmar Abrego Garcia (chemise blanche au centre) après sa libération de la prison de Cookville (Tennessee), le 22 août 2025. SETH HERALD/REUTERS

Devenu, malgré lui, le symbole de la politique d’expulsions massives d’immigrés de Donald Trump, Kilmar Abrego Garcia a retrouvé la liberté. Cet immigré salvadorien marié à une Américaine, expulsé à tort puis ramené après des mois de bataille judiciaire aux Etats-Unis, où il est désormais accusé d’avoir transporté des migrants clandestins, a été libéré, vendredi 22 août, et a rejoint le Maryland où il réside habituellement.

« Aujourd’hui a été une journée très spéciale, car j’ai revu ma famille pour la première fois depuis plus de 160 jours (…) Nous avons fait un pas de plus vers la justice, mais celle-ci n’a pas encore été pleinement rendue », a témoigné Kilmar Abrego Garcia dans un communiqué de CASA, une association de défense des immigrés.

Kilmar Abrego Garcia avait été expulsé vers le Salvador en mars, sans autre forme de procès, avec plus de 250 hommes, la plupart pour appartenance présumée à un gang vénézuélien. L’administration Trump avait ensuite reconnu une « erreur administrative » le concernant, puisqu’un arrêté d’expulsion à son encontre vers le Salvador avait été définitivement annulé en 2019 bien qu’il ne possède pas de statut légal d’immigration sur le sol américain.

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M. Abrego Garcia avait finalement été ramené aux Etats-Unis en juin, mais l’administration avait aussitôt lancé des poursuites à son encontre dans le Tennessee pour aide au séjour illégal de migrants. Il avait été arrêté lors d’un contrôle routier en 2022 avec neuf passagers à bord de son véhicule, mais les agents l’avaient autorisé à poursuivre sa route, lui adressant seulement un avertissement.

Un juge de cet Etat du Sud avait conclu, le 23 juillet, qu’il devait être remis en liberté en attendant son procès dans cette affaire pour laquelle il plaide non coupable, et dont la date a été fixée au 27 janvier 2026.

« Loin d’être en sécurité »

« Aujourd’hui, Kilmar Abrego Garcia est libre (…) après avoir été arrêté et expulsé illégalement, puis emprisonné, tout cela à cause de l’attaque vindicative du gouvernement contre un homme qui a eu le courage de résister à l’assaut continu de l’administration contre l’Etat de droit », a déclaré l’un de ses avocats, Sean Hecker, dans un communiqué.

Bien qu’il ait été jugé éligible à une libération provisoire, M. Abrego Garcial était resté en prison à la demande de ses avocats, qui craignaient que l’administration Trump ne tente de l’expulser à nouveau, immédiatement après sa sortie. ​​Une juge du Maryland, saisie par sa famille, a interdit au gouvernement, y compris à la police de l’immigration (ICE), de le remettre en détention une fois sa libération intervenue. La décision fait également obligation au gouvernement, s’il décidait de l’expulser vers un pays tiers, d’en aviser Kilmar Abrego Garcia et ses avocats au moins 72 heures à l’avance.

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« Bien que sa libération apporte un certain soulagement, nous savons tous qu’il est loin d’être en sécurité. La détention par l’ICE [la police de l’immigration] ou l’expulsion vers un pays tiers inconnu menace toujours de déchirer sa famille », a averti Simon Sandoval-Moshenberg, un autre de ses avocats, dans un communiqué transmis par CASA.

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Selon des médias américains, le ministère de la sécurité intérieure a d’ailleurs informé les avocats de M. Abrego Garcia de son possible transfert en Ouganda, et qu’il devait se présenter lundi devant les services de l’immigration.

Les critiques de la secrétaire à la sécurité

L’ordonnance de libération du tribunal du Tennessee exigeait que M. Abrego Garcia se rende directement dans le Maryland, où il est assigné à résidence. Il doit se soumettre à une surveillance électronique et ne peut quitter son domicile que sous certaines conditions.

La secrétaire à la sécurité intérieure, Kristi Noem, a critiqué sa libération. « Nous ne cesserons pas de nous battre jusqu’à ce que cet homme salvadorien soit traduit en justice et hors de notre pays », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

L’exécutif américain accuse notamment M. Abrego Garcia d’être membre du gang salvadorien MS-13, classé « organisation terroriste » par l’administration Trump. Une juge du Tennessee avait toutefois souligné, en juin, qu’il « n’avait aucun antécédent judiciaire » et que « son appartenance présumée à un gang était contredite par les preuves mêmes présentées par le gouvernement ».

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Le Monde avec AP et AFP

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