L’été, le nombre de passages aux Urgences augmente mais les motifs de consultations ne sont pas cantonnés aux problèmes estivaux type piqûres ou insolations.

« Il y a davantage de victimes d’agressions lors de rixes, souvent dans un contexte alcoolisé, remarque Teddy Rouane. Lorsque quelqu’un a été victime de violences, il ne ressort pas sans avoir vu un psychiatre car la prise en charge est somatique et psychologique. Il repart avec les certificats nécessaires pour pouvoir déposer plainte ensuite. D’ailleurs, s’il ne les prend pas, tout est enregistré chez nous et nous pouvons lui redonner ultérieurement. »

« Trop de violence envers les soignants »


Le Pr Julie Contenti, cheffe du département de médecine d’urgence du CHU de Nice. Photo Sébastien Botella.

« Il y a beaucoup de violence, physique et verbale. La situation a empiré ces dix dernières années, déplore le Pr Julie Contenti. Nous essayons de prendre un maximum de précautions mais nous ne sommes jamais à l’abri. »

« Depuis quelques mois, nous disposons de boutons d’alerte sous les bureaux de l’accueil pour appeler un agent de sécurité discrètement », informe Teddy Rouane. Désormais, il y a en permanence un agent à l’entrée des Urgences et deux dans les locaux.

Des vitres ont été installées à l’accueil et au niveau des banques d’infirmières dans les zones de soin pour empêcher le contact physique. « Ces banques sont désormais ouvertes des deux côtés depuis qu’un homme a menacé une soignante qui s’était retrouvée bloquée. C’est incroyable tout ce qu’on doit faire pour assurer notre sécurité », regrette l’urgentiste. D’où vient cette violence? « Elle n’est pas qu’à l’hôpital, elle est partout dans la société, je pense. Les personnes qui viennent, patients ou accompagnants, sont tendues, certaines refusent d’attendre. Elles ne comprennent pas pourquoi d’autres passent avant eux… »


Ici la salle de déchocage, pour les patients arrivant dans un état grave.
Photo Sébastien Botella Photo Sébastien Botella.

Alors que nous étions en train de parler, une voix retentit: une soignante appelle un agent de sécurité. Elle lui demande de faire sortir un homme qui vient d’uriner contre un mur. « Ce manque de respect est intolérable », lui lance-t-elle.

« Dans les cas les plus graves, nous avons aussi un système nous permettant de faire venir la police très rapidement », ajoute Teddy Rouane. Et les soignants n’hésitent pas à déposer plainte en cas de violence, vol ou outrage. La loi Pradal (1) adoptée en juin dernier facilite les choses: l’hôpital peut faire cette démarche en leur nom évitant ainsi que leurs informations personnelles apparaissent sur le document.

1. Du nom de l’ancien député des Alpes-Maritimes Philippe Pradal.

Concentration maximum

L’ensemble des paramètres (la foule, les risques, la vigilance) ne semble pas entamer la concentration des équipes. C’est flagrant dès l’accueil: des infirmiers reçoivent des patients, d’autres passent des coups de fil, tandis que des médecins vont et viennent pour donner des informations.

Bref, ça s’agite dans tous les sens pourtant chacun accomplit sa tâche sans ciller. « Lorsqu’on travaille aux Urgences, on est capable de se concentrer malgré le bruit et l’agitation autour, souligne le Pr Contenti. C’est même indispensable. »

Cela se voit dans les différentes zones. Malgré les brancards, les va-et-vient, les soignants restent d’un calme olympien, ne parlent pas fort et restent courtois. V

ous vous souvenez la série Urgences où les personnages poussaient la voix et distribuaient leurs ordres sans forme de politesse? Oubliez. A Pasteur 2, pas de cris et des s’il te plaît à chaque demande.

La prochaine fois que l’on pestera contre le boucan dans l’open space, on se rappellera, qu’en plus, on n’a personne à soigner.