Le chef du renseignement militaire américain Jeffrey Kruse témoigne lors d’une commission spéciale du Sénat, à Washington, en mars 2024. SAUL LOEB/AFP
Jeffrey Kruse « n’assumera plus les fonctions de directeur de la DIA [Defense Intelligence Agency] », l’agence du renseignement militaire des Etats-Unis, a déclaré, vendredi 22 août, un haut responsable militaire, sous couvert d’anonymat. Il n’a pas avancé de raison mais ce renvoi survient peu de temps après la parution d’un rapport qui a fortement déplu à Donald Trump.
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Dans ce document, les services du lieutenant général Jeffrey Kruse, qui occupait son poste depuis le début de 2024, estimaient que les frappes menées en juin par les Etats-Unis en Iran avaient retardé de plusieurs années le programme nucléaire de Téhéran. Ce rapport, dont la presse s’est fait l’écho, diffère sensiblement des affirmations de Donald Trump, qui martèle que les attaques en question ont totalement détruit les sites visés.
Un autre responsable, qui a requis l’anonymat, a affirmé que deux autres hauts responsables, la vice-amirale d’escadre Nancy Lacore, cheffe de la réserve de la Marine, et le contre-amiral Milton Sands, quittaient également leurs fonctions.
Crainte d’une politisation de l’armée
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a présidé au renvoi de multiples hauts responsables du Pentagone, à commencer par le chef d’état-major des armées, Charles Brown, remercié en février sans explications. Le ministre de la défense, Pete Hegseth, un fidèle du président, défend le droit de ce dernier à choisir les chefs de l’armée comme il l’entend, mais des élus démocrates se sont inquiétés d’une possible politisation de cette dernière.
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Pete Hegseth avait mené la contre-attaque après que le rapport du renseignement militaire sur les frappes en Iran eut circulé dans la presse. Selon lui, le document « a fuité parce que quelqu’un veut essayer de (…) faire croire que ces frappes historiques n’ont pas été un succès ».
Donald Trump, que son ancien chef d’état-major, le général Mark Milley, avait qualifié d’« aspirant dictateur », a fait de la loyauté le principal critère de recrutement de son second mandat. Il applique également cette logique à l’armée, historiquement neutre, pour laquelle il a une fascination non dissimulée. Le président américain a par exemple organisé à Washington une rare parade militaire le 14 juin, date qui marquait 250 ans depuis la création de l’armée américaine, et qui se trouve aussi être celle de son anniversaire. Il a déployé la garde nationale, un corps de réserve, à Los Angeles puis à Washington.
Plusieurs hauts responsables civils ont aussi été limogés par le milliardaire de 79 ans. Donald Trump a par exemple récemment renvoyé la directrice de la principale agence de statistiques sur l’emploi après la publication de mauvais chiffres sur le marché du travail, et il a nommé à sa place E. J. Antoni, un économiste qui lui est fidèle.
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