Sélectionné pour le Prix littéraire Le Monde 2025
L’écrivaine Catherine Girard, à Paris, en avril 2025. JEAN-FRANCOIS PAGA/OPALE.PHOTO
Le livre de Catherine Girard laisse deviner l’intensité de l’autrice. La rencontre avec cette femme au regard aigu encadré de longs cheveux bouclés, dont la parole se déroule par flots bouillonnants, confirme le pressentiment. Ce que l’on n’avait pas imaginé, en revanche, à la lecture d’In violentia veritas (« dans la violence, la vérité » en latin), texte ardent et minutieux, d’un lyrisme sombre, est le contact chaleureux que l’écrivaine instaure d’emblée avec son interlocutrice. Elle précise : « Ce que les gens peuvent éventuellement trouver sympathique chez moi, ce sont des traits que j’ai pris à mon père. Il était extrêmement sympa. Et pourtant c’était un assassin. »
Ce géniteur à la fois homicide et charmant s’appelait Henri Girard (1917-1987). Il avait 24 ans quand, en 1941, il a été accusé d’un triple meurtre commis au château d’Escoire (Dordogne), où ont été tués à coups de serpe son père, Georges, sa tante Amélie et Louise Soudeix, la domestique de la famille. Henri Girard était la seule autre personne présente cette nuit-là. Aucune trace d’effraction n’avait été relevée, et il était l’unique héritier de l’importante fortune familiale. En 1943, le talent de son avocat, Maurice Garçon (1889-1967), lui a évité la guillotine. Malgré cet acquittement, le soupçon est resté attaché à son nom dans cette affaire qui n’a cessé de fasciner le grand public à travers les années. Après-guerre, Henri Girard a pris, pour ses activités de journaliste et d’écrivain, le pseudonyme de Georges Arnaud, sous lequel il a, entre autres ouvrages, publié Le Salaire de la peur (Julliard, 1950).
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