Posted On 23 août 2025
Un camp Verts/LFI sortants à couteaux tirés et des socio-démocrates atomisés qui se cherchent tandis que du côté de l’opposition, Alain Carignon fait la course en tête et prend le large avec une campagne active et un large rassemblement : alors que l’été touche à sa fin, la ligne de départ des élections municipales se précise.
LE BILAN PIOLLE : UNE GAUCHE ÉCLATÉE
« Les Verts n’ont pas encore désigné de tête de liste pour succéder au maire actuel, qui ne se représente pas. De nombreuses listes émergent à gauche » résume Florian Espalieu dans son article pour Les Échos (19/08/25). C’est le moins qu’on puisse dire : c’est la foire d’empoigne et chacun fait pour l’instant chapelle à part en faisant valoir des conditions différentes pour un rassemblement. Après 12 ans de mandat d’Eric Piolle, la fracture de la ville s’étend à la gauche désormais explosée.
L’EXTRÊME-GAUCHE AVANCE MASQUÉE
À l’extrême-gauche de l’échiquier, on retrouve Grenoble Alpes Collectif qui porte officiellement une liste « citoyenne et participative ». Dans les faits, on y retrouve en fait d’anciens militants proches de la liste « citoyenne » d’extrême-gauche menée par Bruno De Lescure en 2020 qui avait fait 3%… et en arrière-boutique, il y a surtout le micro-parti PEPS Isère, qui revendique être « écoféministe, décolonial, communaliste, animaliste ». Ils entendent déposer une liste dont la tête sera choisie en novembre.
PEPS Isère confirme que derrière le vernis « citoyen », c’est une mascarade d’extrême-gauche qui n’est là que pour s’opposer aux autres.
LFI MENACE DE FAIRE CAVALIER SEUL
Du côté de La France Insoumise, allié historique des Verts qui compte des élus dans la majorité, le ton monte sévèrement, le parti étant dopé par ses résultats aux européennes qui dépassent les Verts. Allan Brunon, désigné chef de file du parti aux côtés d’Elisa Martin, agite la menace d’une liste autonome et torpille sévèrement le bilan des sortants… dont LFI est pourtant coresponsable !
Sur Place Gre’Net, Allan Brunon (LFI) hausse le ton contre la majorité et ouvre la porte à une liste LFI contre les Verts !
Le n°2 de Mélenchon, Manuel Bompard, confirme dans le Dauphiné (20/08/25) à propos de LFI cavalier seul : « c’est une possibilité, oui. J’appuie évidemment et soutiens la démarche des chefs de file désignés par la France insoumise dans cette commune ».
Verts/PCF : PAS D’UNION DE LA GAUCHE À CE STADE, RUFFIN CONTESTÉE
De quoi donner des maux de tête aux Verts. Ceux-ci se sont groupés avec le PCF et ont désigné 4 chefs de file en attendant d’officialiser la tête de liste, Laurence Ruffin, et 3 élus sortants du noyau dur piolliste: Nicolas Béron-Perez, Margot Belair, Lucille Lheureux. Laurence Ruffin a été désignée par Piolle pour mener la liste… mais elle avait annoncé qu’elle ne serait candidate qu’en cas d’union large de la gauche. Avec LFI et le PS qui s’autonomisent, cette union est déjà compromise: va-t-elle renier sa 1ère promesse?
Après avoir laissé mourir la Bobine et La Fabrique Opéra sans lever le petit doigt, l’inénarrable Lucille Lheureux s’attaque à l’état et a le culot de parler de soutien à la culture
D’autant plus qu’elle est contestée… au sein-même des Verts. Certains élus Verts sortants vivent mal qu’on leur parachute une extérieure à la majorité. Lucille Lheureux notamment se démène et se verrait bien tête de liste à sa place. En témoigne son regain d’activité sur X (ex Twitter) où elle multiplie les sorties depuis cet été alors qu’elle était jusque-là inactive.
LE PS DÉJÀ DANS LA ROUE DES VERTS
Le Parti Socialiste a de son côté désigné Amandine Germain cheffe de file. Elle voudrait ménager la chèvre et le chou en faisant alliance avec les Verts… mais sans revenir sur leur bilan. Un peu facile. LFI et le PS semblent à ce stade irréconciliables, Brunon et Germain échangeant des noms d’oiseaux, et les Verts courent derrière LFI de crainte de perdre l’électorat d’extrême gauche. Les Verts courbent même l’échine face aux critiques acerbes de leur bilan municipal par un Allan Brunon qui canarde le lac de Villeneuve, la ZFE et le reste. Le PS de Germain, lui, court derrière les Verts qui ne peuvent pas s’allier avec elle, sous peine de confirmer être des sociaux-traitres et d’ouvrir un large champ à Brunon.
Le torchon brûle entre le PS et LFI à Grenoble (le DL, 18/08/25).
Amandine Germain s’est mise dans une impasse politique en n’assumant pas la rupture avec la gestion des sortants. Une humiliation et un déshonneur pour les élus Cécile Cénatiempo et Hassen Bouzeghoub qui la suivent. Alors qu’ils sont depuis 6 ans dans l’opposition au conseil municipal, ils courent derrière des élus qui ne veulent pas d’eux et n’accepteraient aucune modification de leur programme et de leurs méthodes !
PLACE PUBLIQUE ET GRENOBLE CAPITALE CITOYENNE DÉJÀ DIVISÉS
D’autant plus douloureux pour le PS que, pour achever le tableau à gauche, on retrouve Pascal Clouaire (élu exclu de la majorité Piolle), Romain Gentil (apparenté socialiste qui a rejoint Place Publique, le parti de Raphaël Gluscksmann) et Equinoxe (un micro-parti écologiste) rassemblés dans « Grenoble Capitale Citoyenne ». Ils entendent mener une liste dite de tendance gauche modérée, sociale-démocrate. Très critiques des Verts sortants, mais qui ne vont pas jusqu’à s’engager à ne pas les rejoindre ! Alors que s’allier avec le parti de Gluskcsmann serait pour les Verts comme s’allier avec la droite, le renoncement à la rupture avec le capitalisme….
Pascal Clouaire, Romain Gentil : deux irréconciliables au sein d’un groupe qui est déjà irréconciliable avec le reste de la gauche Verts/LFI ?..
Et surtout, alors qu’ils ne sont qu’une poignée, ils sont déjà divisés. Clouaire / Gentil s’affrontent pour être tête de liste. Un vote doit les départager fin août mais pas certain qu’il se conclue par une grande réconciliation ensuite… alors que leur espace électoral reste à conquérir. Ici aussi l’absence de prise en compte du fond des problématiques grenobloises pour choisir seulement d’occuper un créneau électoral est un handicap. Si ces hommes avaient seulement Grenoble en tête ils échangeraient en toute indépendance avec les collectifs qui travaillent avec Alain Carignon. Jusque là ils se limitent eux-mêmes à demeurer des candidats supplétifs de forces qui les méprisent. Toutes ces personnalités s’engagent dans des impasses.
« LE CENTRE » AU POINT MORT
Comme l’avocat Hervé Gerbi, se revendiquant du « centre », candidat depuis le mois d’avril, après l’avoir été aux législatives de 2020 et de 2007 comme suppléant. Sa campagne patine car il ne peut pas engranger des soutiens importants autour d’une démarche trop personnelle. Il évolue donc isolé. Il a été investi chef de file pour Horizons (le parti d’Edouard Philippe)… ce qui signifie qu’il est mandaté pour prendre contact avec les autres forces, aucunement pour être tête de liste. Eve Moulinier le rappelle justement dans le Dauphiné Libéré : « Horizons appelle, dans toute la France, à faire des alliances. Alors avec qui ? ». Hervé Gerbi ne pouvant pas créer de dynamique derrière lui devrait, lui aussi, faire preuve de responsabilité… Se maintenir reviendrait à diviser et faire le jeu des Verts/LFI. Quel intérêt que ces « tours de pistes » personnels ?
Emilie Chalas (à gauche) fera-t-elle cavalier seul, jettera-t-elle l’éponge ou rejoindra-t-elle un candidat en dynamique ?
Emilie Chalas, présidente de Renaissance en Isère, ex députée, élue d’opposition, lance, elle, des appels du pied à la gauche… qui n’en veut pas puisque elle est représentative du parti d’Emmanuel Macron. Elle ne parait pas motivée à faire cavalier seul, compte tenu de son score de 2020 (12%) alors qu’elle était Députée et aucune autre personnalité n’émerge pour porter une liste de ce courant de pensée. L’issue la plus utile à Grenoble serait de créer les conditions d’un vaste rassemblement avec Alain Carignon, comme le prônent déjà plusieurs personnalités centristes et ex colistiers de la candidate. Evidemment chacun est appelé à prendre ses responsabilités en toute indépendance. Emilie Chalas comme les autres et les collectifs autour d’Alain Carignon ont appelé au respect et à la liberté de chacun.
PAS CERTAIN QUE LE RN SOIT PRÉSENT
Le Rassemblement National a aussi désigné un chef de file à Grenoble : Valentin Gabriac, attaché parlementaire d’un député RN du Nord-Isère. Le RN est historiquement électoralement faible à Grenoble. Même en 1983, où le mouvement en faveur du changement ressemble à 2026, la liste Front National menée par un universitaire et talentueux avocat Grenoblois, Hugues Petit, n’avait pas empêché Alain Carignon d’être élu au premier tour. Pour élire un Maire ses électeurs choisissent majoritairement le candidat qui a des chances de battre la gauche.
ALAIN CARIGNON DÉJÀ À LA RENCONTRE DES GRENOBLOIS…
Et il y a bien sûr Alain Carignon, qui mène une campagne tambour battant depuis plusieurs mois. Le Dauphiné relève sa « série de rencontres dans toute la ville » avant l’été, le fait que « ses équipes ont été particulièrement offensives sur les réseaux sociaux » cet été et la future inauguration de « la factory du changement », son local, le 19 septembre. Une campagne déjà entièrement tourné vers les Grenoblois donc.
Alain Carignon en juin dernier à l’occasion d’un verre pour trinquer au changement avant l’été.
… A DÉJÀ UNE GROSSE LONGUEUR D’AVANCE
En réalité rien de très neuf puisque le leader de l’opposition a été au contact, sur le terrain, depuis le début du mandat. C’est ce travail qui l’a rendu incontournable et fait de lui le seul pivot en capacité d’impulser un changement à Grenoble en mars prochain. Et qui fait qu’aujourd’hui il est accompagné de l’équipe la plus large, plurielle, composée de personnalités de droite comme de gauche, en toute indépendance des appareils politiques pour se mettre au service des Grenoblois. Les Echos confirment en relevant d’ailleurs que l’opposition « semble plutôt groupée derrière Alain Carignon ».
« Cette majorité démontre toute seule aux habitants à quel point elle ne se soucie pas de Grenoble. Et c’est là qu’on intervient. Pour montrer que nous, on a un projet d’avenir pour notre ville » explique le candidat à Eve Moulinier dans le Dauphiné. Pendant que les autres sont engoncés dans les combines d’appareil, il trace sa route. Loin devant, avec les Grenoblois.