Puisqu’on n’attendait pas grand-chose de ce match de préparation, on n’a pas été déçu : la cérémonie au crépuscule, au pied d’une argenterie magnifique, a bien mieux rappelé la force du PSG que les 90 minutes qui avaient précédé. Cette nouvelle célébration des champions d’Europe a mis au jour quelque chose d’une élégance, peut-être forcée, et d’une reconnaissance, absolument spontanée, à travers les très beaux adieux de Gianluigi Donnarumma, joyeusement fêté par ses coéquipiers qui l’ont poussé vers le virage Auteuil pour l’hommage qu’il méritait, bruyamment célébré par le Parc, et qui n’emportera pas que des cicatrices avec lui. Ce geste était le signe, aussi, que les Parisiens n’avaient pas envie de cesser d’être une équipe, pas envie de laisser un héros derrière eux, sous prétexte d’une nouvelle saison qui ne les intéresse pas encore autant, d’ailleurs, que leur printemps inoubliable. Cela s’est vu, hier soir, en dépit de leurs louables efforts pour le cacher.

Toujours déshabillés de leur intensité par l’été, et donc de l’essentiel de leur armure, mais trouvant un peu plus de mouvement et de qualité technique en seconde période, les Parisiens auront battu Angers (1-0), pour l’inauguration de leur saison au Parc des Princes, en affichant à la fois les manques et les progrès attendus. Le PSG s’en est sorti parce qu’il est largement supérieur, même avec deux semaines d’entraînement, parce qu’il a retrouvé des réflexes dans le contre-pressing, à défaut de toute sa méchanceté, et parce qu’il était fatal, pour Angers, qu’un joueur de talent finisse par s’occuper de tout. Fabian Ruiz aura été celui-là, ce qui n’est pas la première fois, et ce qui était, aussi, la logique du rapport de force du soir, avec le 5-3-2 remarquablement bas et compact du SCO, face auquel il fallait que les projections des milieux viennent au soutien des attaquants parisiens embourbés dans la densité.

L’Espagnol a marqué du pied droit dans la surface (50e), et c’était le premier véritable tir cadré des Parisiens, si l’on veut bien mettre de côté le centre cadré de Vitinha (45e+ 4). C’était, aussi, une bonne manière d’oublier le penalty manqué par Ousmane Dembélé (27e) après une faute de Marius Courcoul sur Joao Neves, le buteur français n’attrapant pas le cadre pendant que le Parc chantait « Ousmane, Ballon d’Or ». Ce serait presque un détail si Luis Enrique n’avait pas décidé de changer de tireur après les deux échecs de Vitinha face à Arsenal (2-1), en mai, et dans la série de tirs au but devant Tottenham (2-2, 4-3 t.a.b.), en Supercoupe, il y a dix jours. « C’est moi le boss, je décide », a-t-il tranché, hier soir, sans dire, évidemment, qui tirerait le prochain, à ce rythme.

Sur une très mauvaise pelouse, qui n’est pas la signature du jardinier anglais du Parc, mais de la canicule, il fallait un penalty, ou alors Fabian Ruiz, donc, pour venir au secours d’une équipe parisienne sans idées, sans changements de rythme, et sans espace, tant Angers aura accepté l’idée d’une attaque-défense sur une moitié de terrain pendant une heure. Après le renoncement de Nantes, dimanche dernier, ce n’est pas ainsi que l’on imaginait les équipes de Ligue 1 appelées à affronter le PSG en pleine préparation, mais on peut difficilement écarter l’hypothèse, quand même, que les Angevins n’avaient pas les moyens de faire beaucoup mieux, occupés à vivre leur championnat à l’autre extrémité.

Chevalier pas inquiété

Mais par-delà le but de Ruiz et une énorme possession de balle (83,3 %), Paris n’a pas tout fait mal, ou au ralenti. D’une manière générale, au fil de son troisième match de la saison, officiellement intégré à sa préparation athlétique, il a récupéré le ballon plus vite et plus haut que lors des deux premiers et il a encore empêché Lucas Chevalier d’avoir du boulot. Il a eu plus d’occasions après le coaching, mais Angers aura laissé un peu plus d’espaces en se projetant mieux, comme sur un quatre contre trois achevé par une frappe de Belkhdim (68e). Gonçalo Ramos (75e), Ruiz, encore, frôlant le 2-0 (78e) avant de trouver le poteau (86e) et Nuno Mendes (80e) ont ressuscité des manières qui n’avaient pas apparu, encore, en ce mois d’août. Ainsi le PSG avance-t-il un petit pas après l’autre, et une victoire après l’autre. Il a remporté un trophée et deux matches de championnat avec une différence de buts de + 2, mais autant prévenir ses adversaires à venir : sa marge ne va pas diminuer.