Publié23. août 2025, 05:36

États-Unis: Un Salvadorien expulsé puis ramené a été libéré de prison

Un immigré salvadorien, Kilmar Abrego Garcia, a été libéré vendredi aux États-Unis après avoir été expulsé à tort du pays puis ramené.

Un podium avec des micros devant le tribunal de district des États-Unis à Greenbelt, dans le Maryland, avec une pancarte «Free Kilmar», le 10 juillet 2025.

Un podium avec des micros devant le tribunal de district des États-Unis à Greenbelt, dans le Maryland, avec une pancarte «Free Kilmar», le 10 juillet 2025.

Getty Images via AFP

Un immigré salvadorien, expulsé à tort puis ramené aux États-Unis après plusieurs mois de bataille judiciaire, a été libéré vendredi, marquant un nouveau rebondissement dans une affaire devenue emblématique de la politique d’expulsions massives d’immigrés menée par le gouvernement de Donald Trump.

«Aujourd’hui a été une journée très spéciale, car j’ai revu ma famille pour la première fois depuis plus de 160 jours […] Nous avons fait un pas de plus vers la justice, mais celle-ci n’a pas encore été pleinement rendue», a témoigné Kilmar Abrego Garcia dans un communiqué de CASA, une association de défense des immigrés.

Kilmar Abrego Garcia avait été expulsé vers le Salvador sans autre forme de procès en mars avec plus de 250 hommes, la plupart pour appartenance présumée à un gang vénézuélien.

Une «erreur administrative»

Le gouvernement Trump avait ensuite reconnu une «erreur administrative» concernant cet habitant du Maryland (est) marié à une Américaine.

Kilmar Abrego Garcia ne possède pas de statut légal d’immigration sur le sol américain, mais un arrêté d’expulsion à son encontre vers le Salvador avait été définitivement annulé en 2019.

Il avait finalement été ramené aux États-Unis en juin, mais l’administration Trump avait aussitôt lancé des poursuites à son encontre dans le Tennessee (sud) pour aide au séjour illégal de migrants.

Un juge de cet État avait conclu le 23 juillet qu’il devait être remis en liberté en attendant son procès dans cette affaire, dont la date a été fixée au 27 janvier 2026. Sa libération est intervenue vendredi.

Accusé d’être membre d’un gang salvadorien

Sur des photos communiquées par l’organisation, on le voit souriant et ému, son fils dans les bras, aux côtés de sa famille et de sa femme séchant ses larmes. Une porte-parole de la Maison-Blanche a estimé de son côté que sa libération était «une insulte à ses victimes».

L’exécutif américain accuse notamment Kilmar Abrego Garcia d’être membre du gang salvadorien MS-13, classé «organisation terroriste» par la nouvelle administration américaine.

Une juge du Tennessee avait toutefois souligné en juin qu’il «n’avait aucun antécédent judiciaire» et que «son appartenance présumée à un gang était contredite par les preuves mêmes présentées par le gouvernement».

«Nous savons tous qu’il est loin d’être en sécurité»

Selon des médias américains, le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) a informé les avocats de Kilmar Abrego Garcia de son possible transfert en Ouganda, et qu’il devait se présenter lundi devant les services de l’immigration.

«Bien que sa libération apporte un certain soulagement, nous savons tous qu’il est loin d’être en sécurité. La détention par l’ICE (police de l’immigration, ndlr) ou l’expulsion vers un pays tiers inconnu menace toujours de déchirer sa famille», a averti Simon Sandoval-Moshenberg, l’un de ses avocats, dans un communiqué transmis par CASA. Le DHS n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

Abigail Jackson, la porte-parole adjointe de la Maison-Blanche, a insisté sur X sur le fait qu’il devrait «répondre de ses crimes» et a affirmé qu’il devrait porter un bracelet électronique «afin de garantir la sécurité du public américain jusqu’à ce que d’autres mesures puissent être prises».

La lutte contre l’immigration clandestine érigée en priorité absolue

Une juge du Maryland, saisie par la famille de Kilmar Abrego Garcia depuis son expulsion en mars, a interdit en juillet au gouvernement, y compris à la police de l’immigration (ICE), de le remettre en détention une fois sa libération intervenue.

Sa décision fait également obligation au gouvernement, s’il décidait de l’expulser vers un pays tiers, d’en aviser Kilmar Abrego Garcia et ses avocats au moins 72 heures à l’avance.

Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une «invasion» des États-Unis par des «criminels venus de l’étranger» et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés.

Mais son programme d’expulsions massives a été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, notamment au motif que les personnes visées devaient pouvoir faire valoir leurs droits.

(afp)