« Je n’utilisais plus ma voiture depuis plusieurs années. Elle restait dehors, démarrait une fois sur deux… Alors je me suis demandé ce que je pouvais en faire, et je l’ai donnée à Solidarauto Rouen (Seine-Maritime). Si ça peut aider quelqu’un, c’est pas plus mal ! » rembobine Catherine Dubois, 68 ans. Pour se débarrasser de leur véhicule inutilisé et dysfonctionnel, les automobilistes font souvent appellent aux casses, mais peuvent aussi faire comme cette médecin retraitée : la céder à un garage solidaire.

Lire aussi : Dire « au revoir » à son véhicule hors d’usage

Depuis une dizaine d’années, ces associations se multiplient un peu partout en France, avec trois principaux réseaux : Mob’In, Solidarauto ou encore Agil’Ess. « On récupère des voitures d’occasion souvent de Crit’Air [certificat qualité de l’air] deux, trois et quatre, explique Laurent-Stéphane Tardy, président du garage Solidarauto Rouen, situé à Sotteville-lès-Rouen, et trésorier adjoint de la fédération de ces garages solidaires. On les répare et on les revend à petits prix à des publics modestes qui n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture. On propose aussi des services de location à tarif social. » Et de préciser : « Notre clientèle est orientée par des travailleurs sociaux mais tous les publics peuvent bénéficier des prestations de réparation à des tarifs solidaires ou normaux. »

Lutter contre la « précarité mobilité »

Une démarche à vocation sociale, dans un contexte où un Français sur cinq à déjà dû refuser une offre d’emploi faute de moyen de transport (Adie, 2025) et où quinze millions d’entre eux sont « en situation de précarité mobilité » (Wimoov, 2024). En évitant les destructions prématurées, ce geste encourage également l’économie circulaire.

« On est à contre-courant d’un certain modèle de consommation. Notre démarche ressemble aux garages du village à l’ancienne : l’idée, c’est vraiment de pouvoir réparer et entretenir une voiture jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus du tout rouler », commente Laurent-Stéphane Tardy. Moyenne d’âge des véhicules récupérés ? « Chez nous, 20 ans, mais on reçoit aussi des véhicules plus récents », précise-t-il.

Lire aussi : TÉMOIGNAGES. Sans voiture, ils racontent leurs difficultés à trouver un emploi

Et pour donner son véhicule à ce type de structure, la démarche est assez simple : après les avoir contacté, si la voiture ne peut être amenée sur place, les équipes de certains garages se déplacent directement pour l’examiner et la récupérer. « Grâce à leur don, les propriétaires peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt », ajoute Laurent-Stéphane Tardy. Une fois révisées, les voitures sont vendues avec certaines garanties.

En 2023, une étude d’impact du réseau Agil’Ess montrait une « amélioration globale des situations professionnelles des bénéficiaires grâce aux prestations des garages et loueurs solidaires », avec une hausse de 110 % des contrats à durée indéterminée.