Faire sa dialyse à domicile et de façon autonome, c’est désormais possible. Cette étape importante pour les patients a été obtenue grâce à des avancées technologiques. Dans le cadre d’un projet pilote, le CHUV a formé un premier patient pour lui permettre de filtrer son sang chez lui.
En Suisse, comme dans d’autres pays, l’hémodialyse à domicile est disponible depuis plusieurs années. Mais dans les faits, cette technique était jusqu’à présent très peu pratiquée, car très contraignante, nécessitant beaucoup de place pour stocker le matériel de dialyse et la mise en place d’un traitement des eaux.
Plusieurs avancées technologiques ont néanmoins rendu l’hémodialyse à domicile plus accessible et plus compacte. Désormais, un nouvel appareil de la taille d’un petit frigo suffit. Pour être éligible, un patient doit avoir une maladie stable, être capable d’effectuer les gestes techniques et faire preuve de motivation. Au total, 4500 personnes en Suisse sont dialysées en 2025.
Une première
Roberto, 34 ans, souffre d’insuffisance rénale. Cette maladie chronique lui a été diagnostiquée il y a 20 ans. Aujourd’hui, grâce à cette machine high-tech, il va pouvoir effectuer seul sa dialyse… sans se rendre à l’hôpital.
Le trentenaire est le premier patient à avoir été formé par l’équipe du CHUV. « Il y a beaucoup de choses à apprendre, beaucoup de tuyaux à mettre, il faut faire les connexions », détaille-t-il dans le 19h30.
J’économise du temps et des trajets
Roberto
Si Roberto effectuait ce traitement au Centre de dialyse du CHUV à coup de trois demi-journées par semaine, l’hémodialyse à domicile lui permet à présent de faire des séances plus courtes, d’environ deux heures, mais plus fréquentes.
« Le fait de faire à la maison, pour moi, ça signifie que j’économise du temps, des trajets. C’est aussi pratique pour les horaires de travail », explique-t-il encore à la RTS.
Une formation de six semaines
Durant six semaines, une équipe infirmière du CHUV est chargée d’accompagner les patients et leur transmettre les bons gestes. Cette démarche est exigeante et demande un grand investissement.
« Ce n’est pas donné à tout le monde de ramener la maladie à la maison. Certains préfèrent venir en centre. Pour d’autres, au contraire, ça va être un gage de liberté, car il y a moins de contraintes au niveau des horaires, notamment pour les séances de dialyse », indique Stéphanie Rodriguez Nergoux, infirmière en hémodialyse au CHUV.
« En comprenant son traitement, en maîtrisant le moniteur de dialyse et les gestes techniques comme le branchement et le débranchement du cathéter, le patient devient expert de sa prise en charge. Il surveille ses séances, gère les alarmes en toute sécurité et sait qu’il peut contacter notre équipe à tout moment », explique encore l’infirmière.
Les patients tolèrent mieux le traitement et sont moins fatigués
Pr Menno Pruijm, responsable de la dialyse au Service de néphrologie et d’hypertension du CHUV
Avec la progression des maladies chroniques, comme l’hypertension ou le diabète, principales causes d’insuffisance rénale, les besoins en dialyse augmentent. L’hémodialyse à domicile a donc ses avantages.
« Si on fait des dialyses presque quotidiennement, on sait que les patients tolèrent beaucoup mieux le traitement, ils sont aussi moins fatigués et ont besoin de prendre moins de médicaments à côté, grâce à cette technique miniaturisée », relève le professeur Menno Pruijm, responsable de la dialyse au Service de néphrologie et d’hypertension du CHUV.
Geneviève Dentan/jfe