Doug Ford a vertement critiqué le président américain Donald Trump et qualifié Vladimir Poutine de « tyran », samedi, lors de la 34e fête de l’indépendance de l’Ukraine à Toronto.
Je suis déçu du président Trump. Il devrait tenir une ligne ferme pour que Poutine n’obtienne pas un pouce de territoire. Pas un pouce, a déclaré le premier ministre ontarien lors de l’événement qui s’est déroulé au parc Centennial d’Etobicoke.
M. Ford faisait référence aux révélations de l’agence Reuters selon lesquelles Vladimir Poutine exige de l’Ukraine qu’elle abandonne l’ensemble de la région du Donbass, renonce à ses ambitions d’adhérer à l’OTAN et que les troupes des armées occidentales quittent le pays. Ces demandes ont été formulées lors de la rencontre entre MM. Poutine et Trump en Alaska le 15 août, selon trois sources proches du Kremlin citées par Reuters.
Poutine est absolument un tyran. Tu donnes un pouce à ce gars-là, il prendra ton pays. C’est ce qu’il veut et il n’arrêtera pas, a ajouté M. Ford aux membres des médias.
Selon Reuters, le président russe a accepté un compromis sur ses exigences territoriales précédentes en acceptant de maintenir les lignes de front actuelles dans les régions de Zaporijia et de Kherson. En échange, Moscou exige toujours que l’Ukraine se retire complètement du Donbass. La Russie contrôle environ 88 % du Donbass et 73 % des régions de Zaporijia et de Kherson, selon les estimations américaines.
De plus, les négociations semblent s’enliser. Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a déclaré vendredi qu’il n’y a pas de rencontre prévue entre Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Poutine est prêt à rencontrer Zelensky lorsque l’ordre du jour de ce sommet sera prêt. Et cet ordre du jour n’est absolument pas prêt, a-t-il expliqué lors d’une entrevue à la chaîne NBC.
Un soutien indéfectible à l’Ukraine
Doug Ford a réaffirmé l’engagement de l’Ontario envers la communauté ukrainienne lors de l’événement de samedi.
Nous serons toujours là pour vous soutenir, nous serons toujours là pour vous appuyer de toutes les façons possibles. Ne reculez jamais. Tenez bon, a-t-il lancé. La communauté ukrainienne – pas seulement ici à Etobicoke ou à Mississauga, mais partout au pays – elle a été là, elle a bâti cette province, bâti ce pays, que ce soit sur le plan scolaire, des affaires, de la culture, de l’alimentation.
Petro Schturyn, président du Congrès ukrainien canadien de Toronto, a souligné l’importance de ces manifestations de soutien. C’est très important qu’on se montre comme une communauté, qu’on soutienne la culture ukrainienne. En même temps, on soutient l’Ukraine dans sa bataille pour l’indépendance, parce que c’est ça que la Russie veut prendre des Ukrainiens encore une autre fois, a-t-il expliqué lors d’une entrevue samedi.
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Petro Schturyn est le président du Congrès ukrainien canadien de Toronto.
Photo : Radio-Canada
Le dirigeant communautaire a décrit la réalité quotidienne des familles ukrainiennes au Canada. C’est très fertile en émotions parce que tous les Ukrainiens se lèvent le matin et il y a 6 heures de différence entre l’Ukraine et le Canada. Puis on regarde nos textos, nos messages pour savoir si nos parents et nos amis en Ukraine sont toujours là. Les bombes tombent tous les jours.
Des familles séparées par la guerre
L’événement a rassemblé des centaines de membres de la communauté ukraino-canadienne, dont plusieurs familles directement touchées par le conflit. Olana Tobilavych, arrivée au Canada il y a deux ans avec son fils, a raconté son expérience personnelle lors de la célébration.
Toute ma famille est en Ukraine, donc j’ai mes parents là-bas, et mon frère qui a malheureusement dû aller à la guerre. Il a été [au front] pendant plus d’un an avant d’être blessé, a-t-elle confié. Heureusement, encore une fois, nous avons été très chanceux et il va bien. Il s’en est sorti avec des blessures mineures. Il n’a perdu aucune partie de son corps, mais c’est notre réalité. Nous vivons avec ça, nous l’acceptons, nous nous battons encore.
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Olana Tobilavych est au Canada depuis deux ans. Sa famille est toujours en Ukraine.
Photo : Radio-Canada
Mme Tobilavych a expliqué l’importance de transmettre l’héritage ukrainien à son fils. Je pense que c’est très important pour mon fils de découvrir la culture ukrainienne. […] J’essaie de l’intégrer dans la communauté ukrainienne.
Pessimisme face aux négociations
Malgré les efforts diplomatiques du président américain Donald Trump, qui avait annoncé lundi qu’une rencontre entre les dirigeants russe et ukrainien serait organisée, cette possibilité semble s’éloigner.
M. Schturyn s’est montré sceptique quant aux intentions de Moscou. M. Zelensky d’Ukraine est toujours prêt à offrir une entente, mais pas à tout prix, pas à dire que 20 % du territoire, c’est fini, c’est parti. Ce sont toujours des demandes de la Russie, a-t-il souligné.
Le dirigeant communautaire a exprimé ses inquiétudes concernant la position américaine. Malheureusement, le président des États-Unis continue d’être plus dans le camp de la Russie. Mais M. Zelensky et son équipe sont très clairs : « On est prêt pour une résolution, mais il faut qu’on ait des garanties ».
De son côté, Mme Tobilavych a fait part de sa déception face aux récentes interactions diplomatiques. Je sens qu’il y a de la pression et je pense que le temps est un jeu dangereux parce que les gens se fatiguent, nous manquons de ressources, nous nous épuisons. Je ne pense pas que les Ukrainiens soient prêts à abandonner parce que nous avons déjà perdu tant de choses, a-t-elle confié.
Les efforts de médiation du président Trump sont en perte de vitesse. Le président américain avait rencontré M. Poutine en Alaska vendredi dernier, puis M. Zelensky et ses alliés européens à Washington lundi. Malgré cela, les positions des deux camps demeurent irréconciliables.
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Le président russe Vladimir Poutine, le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (Photo d’archives)
Photo : Reuters
M. Trump a admis vendredi que la tâche était plus difficile qu’il ne s’y attendait. Nous allons voir si Poutine et Zelensky vont travailler ensemble. Vous savez, c’est un peu comme l’huile et le vinaigre. Ils ne s’entendent pas très bien, pour des raisons évidentes, a-t-il déclaré à des journalistes à Washington.
Pendant ce temps, le premier ministre canadien Mark Carney poursuit sa tournée européenne. Il visitera la Pologne, l’Allemagne et la Lettonie pour discuter de commerce, de défense et de la guerre en Ukraine.
Avec des informations de Mirna Djukic, de Reuters et d’Associated Press