La municipalité écologiste s’est félicitée lundi 18 août des premiers résultats de son « plan climat ». Mais nombre d’actions sont cofinancées par l’Etat et pourraient subir des réductions de budget.

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Pierre France

Publié le 19 août 2025  ·  

Imprimé le 24 août 2025 à 06h46  ·  

3 minutes

C’est une litanie de chiffres comme la municipalité les apprécie : la part des Strasbourgeois surexposés au dioxyde d’azote est passée de 59% en 2019 à 1% en 2025, -38% d’émissions territoriales de gaz à effets de serre, un tiers de consommation d’énergie en moins par les services municipaux, plus de cinq milliers d’arbres plantés… Lundi 18 août, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Ecologistes) a présenté les « premiers résultats du plan climat » devant la presse, dans l’écrin du parc Schulmeister à la Meinau.

« Ce plan d’actions a été lancé dès le début de notre mandat, lorsque nous avons déclaré “l’état d’urgence climatique” », a rappelé Jeanne Barseghian, élue en juin 2020 et candidate à sa réélection en mars 2026. « Nous en voyons les premiers résultats mais d’autres sont à venir pour les années 2030 à 2050 », a-t-elle précisé.

Le plan climat de la municipalité se décline en 130 actions réparties sur trois axes, « ville engagée et solidaire », « ville résiliente au changement climatique » et « ville exemplaire ». « 92% de ces actions sont mises en œuvre en 2025 », assure Jeanne Barseghian qui rappelle qu’une bonne partie des actions font également partie du plan climat pour 2030 de l’Eurométropole, l’agglomération des 33 communes strasbourgeoises. Parmi ces actions, il y a par exemple l’installation de réseaux de chaleur urbaine ; la végétalisation des cours d’école et la renaturation de 132 000 mètres carrés, dont les 8 km de la route de la forêt du Neuhof ; des critères environnementaux pour les appels d’offres ; la collecte des biodéchets ; la création de réserves pour la biodiversité… La municipalité est restée évasive sur les 8% d’actions qui n’ont pas pu être lancées depuis 2020 mais elle a cité la baignade dans les eaux naturelles.

Révolution administrative

Plus de 157 millions d’euros ont été dépensés durant le mandat pour financer directement ces actions, ce qui porte la part du budget « favorable à l’environnement » de la Ville de Strasbourg à 27%, le double par rapport à 2021. D’une manière générale, la municipalité s’est attachée à embarquer toutes les directions des services administratifs dans la transition écologique, ce qui a nécessité la création d’une nouvelle direction dédiée. « Nous n’avions pas les moyens de mesurer nos consommations ni nos progrès », précise Marc Hoffsess, adjoint à la maire, en charge du pilotage du plan climat qui rappelle que les énergies fossiles fournissent 85% de la consommation municipale.

Ces orientations ont provoqué une nette augmentation de la masse salariale des services administratifs, vivement critiquée par l’opposition tout au long du mandat. « Je rappelle à ceux qui nous accusent de trop dépenser que si nous n’investissons pas maintenant, nous laisserons une dette écologique et sociale à nos enfants », a répété comme à chaque conseil municipal Syamak Agha-Babaei, premier adjoint à la maire, en charge des finances.

Une vue du parc Schulmeister. La municipalité revendique la création de trois nouveaux parcs urbains.

Des actions menacées

La municipalité s’enorgueillit d’avoir atteint en 2024 le niveau « 5 étoiles » de la certification des collectivités engagées pour la transition écologique de l’Ademe. Strasbourg n’avait que « 4 étoiles » en 2021 parce qu’il fallait notamment un… plan climat pour progresser. Mais Jeanne Barseghian rappelle que ce partenariat avec l’Etat est fragile :

« Les végétalisations des cours d’école étaient en partie financées par l’Agence de l’eau Rhin-Meuse et elle nous a avertis que les crédits ne seraient plus disponibles pour les écoles qui restent à transformer. Les rénovations thermiques des logements dépendent du dispositif de l’Etat Ma Prime Rénov et bien que l’Agence du climat ait enregistré quatre fois plus de demandes, les financements sont remis en cause… Nous sommes inquiets : alors que nous sommes en retard sur les investissements nécessaires, il est question de ralentir… »

Reste que ces efforts sont encore bien timides, surtout si l’objectif est de garder Strasbourg vivable en 2050, avec un scénario de réchauffement global de +4°C. La municipalité ne l’a pas évoqué lundi, mais l’annulation de la requalification de tout un pan de Strasbourg et de Schiltigheim à l’occasion de l’extension du tramway pèsera lourd sur les objectifs de réduction des émissions de gaz carbonique.

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