Par

Marie Lamarque

Publié le

24 août 2025 à 10h10

« Excusez-moi. Elle se visite cette église ? » En arrivant au bout de la rue des Fleurs, un couple de touristes s’interroge. Engoncée dans le tissu urbain du très célèbre quartier des Carmes à Toulouse, il faut dire qu’on la remarquerait à peine. Mais l’église du Gesù parvient tout de même à attirer l’œil des passants, curieux de franchir ses portes. « Cela sera possible très bientôt », répond avec le sourire Marie Delanoë, responsable des monuments. Désacralisée, cette église accueille notamment le public à l’occasion de concerts ou de festivals. Mais elle fera bientôt l’objet de visites guidées. En avant-première, Actu Toulouse vous partage certains de ses secrets.

Rendez-vous les 3e vendredis du mois

Ce nouveau rendez-vous avec l’Histoire à Toulouse se fera en premier lors des Journées européennes du patrimoine, qui auront lieu le samedi 20 et dimanche 21 septembre 2025. Comme les années passées, l’église du Gesù pourra se visiter gratuitement.

Passé cet évènement, les curieux devront rester à l’affût. Car le site ouvrira ses portes tous les 3e vendredis du mois, à 14h. La première aura lieu le 17 octobre. Les réservations se feront en ligne via le site du pôle Monuments de Toulouse. Tout comme pour une visite guidée à la Chapelle de la Grave ou encore au Castelet, le billet sera à 3€. Et simplement pour admirer l’intérieur, « son accès sera gratuit », souligne Marie Delanoë.

Les 7 Monuments de Toulouse

L’église du Gesù est propriété de la Ville de Toulouse depuis 2000. Tout récemment, le site a été intégré au pôle des Monuments de Toulouse, aux côtés de six autres lieux incontournables de la Ville rose :
– le Couvent des Jacobins ;
– la Chapelle de La Grave ;
– la Chapelle des Carmélites ;
– le Castelet ;
– le Monument à la gloire de la résistance ;
– la basilique Saint-Sernin.

Au temps des Jésuites

« On espère que ça va attirer les Toulousains », poursuit la responsable qui retrace en quelques mots, l’histoire du lieu.

D’ailleurs, pourquoi ce nom : Gesù ? « Parce qu’elle a été édifiée par les Jésuites. Mais elle s’est aussi appelée ‘église du Jésus’. La congrégation revient à Toulouse en 1830, achète du foncier ici en 1852. Elle fait détruire un hôtel particulier et construit cette église dans le style néogothique. La première pierre est posée en 1853. »

Enfermée parmi les bâtiments existants, dont l’ancienne prison des Hauts-Murats, il faut lever le nez pour admirer ses particularités. « Si vous n’avez pas peur d’avoir un torticolis, vous remarquerez les deux flèches qui la coiffent. En raison des contraintes imposées par son emplacement, l’église n’est pas tournée vers l’est, autrement dit vers Jérusalem ».

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Il faut lever le nez pour admirer l'église du Gesù.
Il faut lever le nez pour admirer l’église du Gesù. (©Marie Lamarque / Actu Toulouse)« Le produit du fantasme médiéval »

À l’entrée, côté rue des Fleurs, une Vierge à l’enfant très bien conservée accueille les visiteurs. Après quelques pas dans la nef, l’église de Gesù dévoile ses trésors. « On peut vite s’en apercevoir, elle est très sombre. Il y avait cette volonté de jouer avec la pénombre pour faire ressortir certains éléments, à commencer par les vitraux. La force de ce moment, c’est aussi sa polychromie« , note Marie Delanoë.

La pénombre permet la mise en valeur de certains éléments, notamment les vitraux.
La pénombre permet la mise en valeur de certains éléments, notamment les vitraux. (©Rémi Bénali – Monuments de Toulouse)

La décoration de l’église du Gesù est « le produit du fantasme médiéval du XIXe siècle. On joue sur des couleurs or, rouge, vert, en utilisant la technique très ancienne de la peinture à la cire. On mélangeait le pigment avec de la cire d’abeille chaude. On a ici une œuvre de 40 ans réalisée par une seule main, celle d’Auguste Bach qui était le frère de l’architecte de l’église, Henry Bach« , complète Juliette Raoul, médiatrice culturelle.

Une église qui se remarque.
Une église qui se remarque par sa polychromie. (©Rémi Bénali – Monuments de Toulouse)Une réplique de la grotte de Lourdes

Les visiteurs ne manqueront pas d’admirer les différentes chapelles. Chacune à la gloire d’un Saint. « Il faut s’attarder sur celle de Saint-Ignace, le fondateur de la Compagnie de Jésus, dont l’autel extrêmement détaillé rappelle les missions des Jésuites. »

Autre élément à ne pas manquer : une remarquable reconstitution de la grotte de Lourdes. Mais la réplique, selon Juliette Raoul, ne posséderait pas de vraie pierre de la grotte de Massabielle. « J’ai cherché, je n’en ai pas trouvé pour le moment », souligne-t-elle.

L'église abrite une reconstitution de la grotte de Lourdes.
L’église abrite une reconstitution de la grotte de Lourdes. (©Marie Lamarque / Actu Toulouse)

Elle vaut néanmoins le coup d’œil, tout comme l’autel qui prend la forme d’une chapelle richement décorée : « une belle mise en abyme ».

L'autel en forme de chapelle.
L’autel en forme de chapelle. (©Rémi Bénali – Monuments de Toulouse)Un orgue classé Monument Historique

Les échos d’un chant lyrique viennent rompre un silence de cathédrale. « C’est l’association Toulouse Les Orgues, dont les bureaux sont ici, qui répète », explique Marie Delanoë. L’occasion de lever la tête vers le majestueux instrument, classé Monument Historique, et son précieux buffet néogothique.

L'orgue, ventre précieux de l'église de Gesù.
L’orgue, ventre précieux de l’église de Gesù. (©Marie Lamarque / Actu Toulouse)

Et en se tournant à nouveau vers le chœur, on peut aussi admirer les profondes tribunes qui « accueillaient les nombreux frères. Ils étaient plus de 40 à l’époque ».

Concerts, théâtre : les candidatures ouvertes

Riche de ses trésors, l’église du Gesù aspire à devenir un grand site touristique, mais pas que. « Elle rentrera dans la saison musicale des Monuments de la Ville. Les candidatures seront ouvertes afin d’y organiser des concerts, des pièces de théâtre… Les propositions seront étudiées en commission », ajoute Marie Delanoë.

De quoi faire le parallèle avec la Chapelle des Carmélites, autre lieu de culte aujourd’hui désacralisé à Toulouse. « Elle devient de plus en plus connue dans la Ville rose », souligne la responsable, qui souhaite la même chose pour l’église du Gesù.

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