Posted On 24 août 2025

 « Make Grenoble great again ! » a lancé le talentueux Raphaël Quenard dans le DL résumant l’attente des grenoblois qui dépasse évidemment les seuls milieux culturels. Mais son cri du coeur, son slogan de campagne, raisonne particulièrement chez les opérateurs de la culture, même s’ils réagissent très mollement – par solidarité politique – à la véritable saignée dont ils sont victimes. 

La dernière est la danse. L’association “Le Marche pied” qui porte la compagnie Malka voit la participation de 300 danseurs isèrois à la biennale de la danse de Lyon sérieusement menacée. Le chorégraphe grenoblois Bouba Landrille Tchouda et la présidente Florence Bellagambi sont sous pression avant l’événement qui doit se dérouler le 7 septembre raconte le DL (23/8/25). 


Le « Dauphiné » (23/8/25) décrit la dernière victime culturelle des élus locaux …

LE RISQUE FATAL POUR MARCHE PIED….

En résumé il manque 20 000 € qui étaient promis, l’Etat suivant la Métropole, cette dernière s’effaçant l’Etat ne peut plus suivre. Pour Benoît Thiebergien, le président du Marche Pied, « rendre la chose publique, ce n’est pas régler des comptes mais dire que ce déficit prévisionnel de 20 000 € ne met pas qu’en péril le bon déroulement du défilé, il risque d’être fatal au Marche pied ».

… LE CENTRE DÉDIÉ AUX DANSES HIP HOP MORT-NÉ

L’association se trouverait, de facto, en cessation de paiements dès son premier exercice budgétaire. Et si “Le Marche pied” trébuche, c’est le projet de création du centre dédié aux danses hip-hop et aux cultures urbaines à Saint-Martin-d’Hères, qu’il porte dans le quartier prioritaire de Renaudie, qui s’effondre explique clairement Emmanuelle Dufféal (DL du 23/8/25). 

DES OPÉRATEURS CULTURELS MODÉRÉS FACE AU MÉPRIS

Quand on se souvient de l’effervescence culturelle des années 80 avec la municipalité Carignon, on est estomaqué par cet amateurisme, cette pusillanimité , ce manque d’attention et d’ouverture de la part des tenants de « l’arc humaniste ». Etonnés aussi par la modération des opérateurs culturels face à tant de mépris. 

LA MAJORITÉ VERTS+LFI DE GRENOBLE A EMPÊCHÉ LA COMPÉTENCE CULTURE !

Car les responsables sont connus : la majorité Verts/LFI de la ville de Grenoble a exercé son droit de véto contre l’élargissement des statuts de la Métropole à la vocation culturelle, mettant en danger de légalité cette dernière pour pouvoir subventionner ce secteur. Pourquoi Lucille Lheureux (Verts/LFI) a-t-elle porté cette position si opposée aux intérêts de la ville et de ses acteurs ? Les voies du sectarisme politique sont impénétrables. En tout cas, si tout se déroule bien comme prévu, c’est tout un secteur et un projet pour la danse, le centre dédié au hip-hop qui meurt avant d’être né. 


La Bobine, boulevard Clémenceau, est morte sans tambour ni trompettes…

LE CIMETIÈRE CULTUREL MUNICIPAL EST SURCHARGÉ

Au cimetière culturel municipal il rejoint « La Bobine » qui vient de déposer le bilan. « C’est un des lieux emblématiques de la culture à Grenoble. Depuis 27 ans, La Bobine proposait des concerts, des ateliers, un service de restauration et un bar. Dans le très beau cadre du parc Paul-Mistral » rappelait Clément Berthet dans le DL (8/6/25). À côté, « l’école du vélo », 100 inscrits la première année bénéficiait de … 1,2 millions d’euros de budget sous les applaudissements des mêmes. 

Du côté de la Fabrique Opéra, Patrick Souillot, l’emblématique chef d’orchestre est confiant. Certes il a demandé de placer la structure en redressement judiciaire, mais il veut s’en sortir.

FABRIQUE OPÉRA : 4000 € DE LA VILLE SUR… 600 000 € DE BUDGET

Son succès est formidable, appuyé sur une centaine de bénévoles, un budget alimenté à 67 % par la billetterie, des sponsors, des mécènes, 47 établissements scolaires touchés… Avec ces 600 000 € de budget elle perçoit une subvention de… 4000 € de la ville et celle de la Métropole n’est plus versée du fait du conflit politique ville/Métropole ! Pour comparer, des toilettes sèches installées au jardin de ville, fermées, car elles ne fonctionnent pas, coutent 55 000 €. Les toilettes à éoliennes installées parc paul Mistral et enlevées… 110 000 €.


Le « Printemps du livre » est supprimé en 2026

LE PRINTEMPS DU LIVRE DISPARAIT APRÈS DEUX BIBLIOTHÈQUES

La suppression du « Printemps du livre » est aussi passée comme une lettre à la poste. Annoncé en « Biennale » cela permet à la majorité municipale de faire croire qu’on le reverra en … 2027. Les 330 000 € de son coût seront-ils disponibles à cette date dans une ville exsangue financièrement ?

Une municipalité qui a eu l’audace de fermer deux bibliothèques dans des quartiers populaires – Hauquelin et Prémol – et prévoit d’en fermer deux autres, celles du centre ville et du jardin de ville.

MUSICIENS DU LOUVRE, CNAC, THÉÂTRES…

N’avait elle pas commencé son mandat en s’attaquant aux « Musiciens du Louvre », faisant croire à tous les autres qu’elle sabrait « les riches » alors qu’il s’agissait du début de l’hécatombe bien décrite par Frédéric Martel (France Culture).

Grenoble a vécu l’asservissement du CNAC et du Théâtre Municipal à l’idéologie municipale au détriment des spectateurs, la prise en mains de la programmation de tous les théâtres créés par la municipalité Carignon en éjectant le collectif le Tricycle qui en était chargé.

Les deux adjointes successives, Corinne Bernard, jetée par la majorité municipale après le premier mandat et Lucille Lheureux ont appliqué avec un zèle de novices les coupes sombres et les diktats politiques de la majorité. Une folle régression pour la culture grenobloise.

Source SaccageGrenoble.
Corinne Bernard avec Eric Piolle, Lucille Lheureux et, demain (?) Laurence Ruffin : une folle régression pour la culture Grenobloise

LES INTERVENANTS CULTURELS VONT-ILS EN TIRER LES CONSÉQUENCES ?

Lucille Lheureux aura pourtant tout essayé, toutes les fakes possibles pour défendre l’indéfendable. On n’a pas compris que tant de discipline de parti ne soit pas récompensé et que Piolle l’ait évincée au profit de Laurence Ruffin. 

Ce bilan calamiteux est désormais établi. La question est de savoir si les intervenants de ce secteur vont agir comme aux élections de  2020 et faire semblant ou fermer les yeux par militantisme politique ? 

HOLOCÈNE : « JUSQU’A L’ARRIVÉE D’UNE NOUVELLE ÉQUIPE MUNICIPALE… »

De son côté l’équipe du Périscope, organisatrice du Festival Holocène qui a réuni plus de 100 000 spectateurs en six éditions a clairement mis en cause « le manque de soutien de la Ville » en suspendant le festival à partir de 2025 (DL du 20/2/25) : « Nous ne comprenons pas ce manque de reconnaissance et d’ouverture, et préférons nous mettre en pause jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale » avait elle expliqué à Clement Berthet (DL). Pour eux tout pourrait s’ouvrir à nouveau «après les élections de 2026 peut-être ? » ?

« MAKE GRENOBLE GREAT AGAIN »

Seule cette prise de conscience et cette prise de position permettront de modifier la donne l’année prochaine et  permettre à Grenoble de renouer avec la diversité et l’effervescence culturelle qu’elle a connu. « Make Grenoble great again ! » dirait Raphaël Quenard.