Depuis juillet 2025, un appel à « tout bloquer » le 10 septembre circule sur les réseaux sociaux, porté par des collectifs anonymes et amplifié par des syndicats et des partis politiques. Cette mobilisation, née en réaction aux annonces d’austérité de François Bayrou – suppression de deux jours fériés, coupes de 44 milliards d’euros dans le budget 2026 – évoque les prémices des Gilets jaunes en 2018. Mais à quoi ressemblera cette journée ?

L’appel au « grand blocage » a d’abord émergé sur Telegram, TikTok et X. Depuis le mouvement s’est amplifié. Les revendications, bien que diffuses, incluent le référendum d’initiative citoyenne (RIC), la revalorisation des salaires et la défense des services publics. Les actions envisagées sont variées : grève générale, blocages de routes, boycotts des grandes surfaces, retraits massifs d’argent des banques, voire un « confinement volontaire ». Cette diversité rappelle l’élan des Gilets jaunes, mais l’absence de leaders identifiables et le choix d’un mercredi, jour ouvrable, pourraient freiner la mobilisation.

Quelle position des politiques et syndicats ?

La France insoumise (LFI) a tout de même pris position. « Nous soutenons le mouvement. On sera parmi les manifestations pour écouter les revendications », déclare le député LFI Hadrien Clouet. Jean-Luc Mélenchon appelle à une « offensive déterminée » contre le gouvernement Bayrou, tout en insistant sur l’indépendance du mouvement. Les écologistes, comme Clémentine Autain, soutiennent également l’initiative, voyant dans le 10 septembre « le début d’une lutte pour une vie digne ». Le soutien de LFI suscite des débats. Certains, comme@CerveauxNon sur X, craignent que l’implication des partis divise un mouvement initialement apolitique.

« On n’appelle pas à prendre le contrôle du mouvement, à en avoir la direction ou je ne sais quoi, mais à ce que nos militants s’investissent dans cette mobilisation, à donner le coup de main car on a l’habitude de ce type de manifestation, notre expérience peut être utile », assure Antoine Léaument, député LFI de l’Essonne à 20 Minutes.

À l’extrême droite, le Rassemblement national reste en retrait, Edwige Diaz, députée RN de la Gironde, déclarant « comprendre la détresse » sans s’impliquer. Des comptes d’extrême droite tentent néanmoins de récupérer l’appel en y greffant des revendications anti-immigration.

Les syndicats, eux, adoptent une posture prudente mais engagée. Christophe Delecourt, secrétaire général de l’UFSE-CGT, explique : « Suite aux annonces de François Bayrou, l’urgence est à la construction d’une mobilisation inscrite dans la durée. » Il ajoute : « Pour l’instant, le mouvement du 10 septembre est assez nébuleux. On ne sait pas vraiment qui en est à l’initiative. Qui appelle ? Sur quelle base ? Il n’y a pas de rejet de principe, mais nous devons nous organiser. »

De son côté la CGT Mines-Énergies appelle à la grève dès le 2 septembre, et Sud-Rail mobilisera à la SNCF le 10. Des préavis sont également déposés dans les hôpitaux parisiens. Delecourt insiste : « Il faudra envisager des aspects de reconduction du mouvement au vu de l’attaque sur le monde du travail. »

Quels scénarios pour le Jour-J ?

Plusieurs scénarios se dessinent pour ce fameux mercredi. D’abord, des blocages ciblés sont probables. « Bloquons tout, ça veut dire des manifestations, des blocages de supermarchés ou de stations-service », expliquent plusieurs internautes sur X. Des actions symboliques, comme le boycott des paiements par carte ou le refus de consommer, sont aussi évoquées, mais leur impact reste incertain. Certains parlent même « d’un confinement volontaire ». Une carte des rassemblements circule également, avec des manifestations prévues à Paris, Brest ou Strasbourg.

Ensuite, des grèves sectorielles pourraient perturber les transports et les services publics. Sud-Rail prévoit une mobilisation à la SNCF, et la CGT appelle à des actions dans l’énergie et la fonction publique. Cependant, les services de renseignement, cités par France Info, relativisent : « L’été n’est pas propice à la mobilisation, et l’organisation reste floue. » Le gouvernement, selon une source de l’AFP, se veut rassurant : « Je n’ai pas l’impression que ça marche très fort », tout en ajoutant : « On peut se tromper, comme avec les Gilets jaunes. » Enfin, la question de la reconduction est cruciale. Christophe Delecourt l’affirme : « Le 10 ne sera qu’un point d’étape. »

« Il faut arrêter la Macronie »

Un prélude à une rentrée sociale agitée ? « Il faut arrêter la Macronie », martèle Christophe Delecourt, reflétant une colère partagée. Avec des milliers de tweets quotidiens selon Visibrain, le mouvement gagne en visibilité. Mais le mouvement reste disparate autant dans les modalités que dans les idées. La réussite dépendra de la convergence entre citoyens, syndicats et partis, et de la capacité à mobiliser dans la rue.

Le 10 septembre pourrait ainsi marquer le début d’une contestation plus large, avec des perturbations dans les transports, des manifestations et des blocages localisés. La colère face aux politiques d’austérité est palpable, et ce mercredi pourrait être le point de départ d’une mobilisation durable.