En 2025, aucun film de super-héros, chez Marvel (Captain America 4, Thunderbolts*, Les 4 Fantastiques) ou DC (Superman), n’a réussi à dépasser un certain palier au box-office. Et ça inquiète Hollywood.

C’est presque devenu un cliché que de comparer la chute inévitable du genre super-héroïque à celle que le western a connue progressivement durant la seconde moitié du XXe siècle. Ce qui était l’un des genres dominants du cinéma occidental s’est peu à peu éteint, faute de renouvellement et par lassitude logique d’un public toujours en quête de nouveauté.

Pourtant, depuis plus de 20 ans maintenant, le cinéma de super-héros a pris le pouvoir au box-office, bien qu’on pourrait arguer que ces adaptations de comics se reposent sur plusieurs genres en soi (film d’aventure, science-fiction, thriller…). Mais depuis le Covid, et surtout depuis la fin de la Phase 3 du Marvel Cinematic Universe et la mort du DCEU, on voit bien que les gros univers étendus peinent à retrouver les chiffres qu’ils faisaient avant. Et si 2025 confirmait cette fameuse « fatigue super-héroïque » ?

Choqué et DCU ?

Malgré des qualités parfois discutables, il était récurrent de voir les blockbusters super-héroïques s’approcher, voire aisément dépasser la barre du milliard de dollars au box-office. De Aquaman à Captain Marvel jusqu’à Deadpool & Wolverine, le palier symbolique est un marqueur et un objectif clair pour les studios, qu’ils n’ont même pas prétendu atteindre en 2025.

Pour beaucoup de ces films, dont les budgets avoisinent les 200 millions de dollars (sans compter le marketing), 700 millions de dollars récoltés dans le monde représentent déjà une certaine victoire. Problème : aucun film de super-héros n’est parvenu à ce score cette année.

Pourtant, en 2024, l’année s’était montrée plutôt faible en super-héros. DC était en pleine restructuration, et le Sonyverse livrait son dernier râle d’agonie avec Madame Web, Venom 3 et Kraven. De son côté, Marvel Studios reculait pour mieux sauter, mais Deadpool & Wolverine et son potentiel nostalgique (sans parler de son marketing agressif) l’ont fait dépassé les 1,3 milliard de dollars.

Thunderbolts*

Dommage, c’était pas mal

En 2025, on parle tout de même de trois films Marvel importants pour l’avenir de l’univers avant Avengers : Doomsday et Secret Wars, et d’un nouveau Superman pour lancer le DCU de James Gunn. Si l’été de blockbusters n’est pas totalement terminé, on peut déjà faire les comptes. Superman, déjà disponible en VOD aux États-Unis, vient de signer la fin de sa carrière au cinéma, où il vient tout juste de dépasser les 600 millions de dollars dans le monde. Les 4 Fantastiques, sorti deux semaines après lui, en est pour l’instant à 490 millions, et pourrait bien finir sous la barre des 600 millions, puisqu’il a été à la traîne par rapport à Superman dès son deuxième week-end d’exploitation.

Enfin, plus tôt dans l’année, Captain America : Brave New World (415 millions) et Thunderbolts* (382 millions) ont été perçus comme des échecs par Marvel. Dès lors, comme le rapporte World of Reel, c’est la première année depuis 2011 où aucun film de super-héros ne dépasse les 700 millions de dollars de recettes mondiales (si l’on ne compte pas 2020, puisque la majorité des salles étaient fermées). Même après la crise sanitaire et les premiers signes d’affaiblissement du genre, 2021 a pu compter sur Spider-Man : No Way Home (1,9 milliard), 2022 sur Thor 4 (76 millions), The Batman (772 millions), Black Panther 2 (859 millions) et Doctor Strange 2 (955 millions), et 2023 sur Les Gardiens de la galaxie 3 (845 millions).

On voit bien que ces chiffres dépendent globalement d’icônes déjà très installées dans leur univers respectif, et on ne doute pas que dans le domaine, Spider-Man : Brand New Day saura rassurer comme Deadpool 3 en 2024. Mais ces sursauts ne sont-ils pas qu’un maigre sursis, prouvant au passage que de nouvelles réécritures de personnages connus et l’arrivée de petits nouveaux ont moins d’attrait que par le passé ?

On est les premiers à reprocher à l’industrie de se reposer sur les mêmes formules jusqu’à les avoir vidées de toute substance. Avengers 5 et 6 sauront peut-être relancer la machine avant un reboot de Marvel, mais peut-être est-il temps pour le cinéma de super-héros d’avoir quelques beaux succès plus ponctuels, plutôt qu’une chaîne de déceptions qui continue de suralimenter le marché.