Cet adolescent avait été recruté par un membre autoproclamé de la DZ Mafia afin d’abattre un rival contre la somme de 50.000 euros. Le «contrat» s’était finalement soldé par le meurtre d’un chauffeur Bolt qui refusait de lui obéir.

L’affaire avait profondément choqué l’opinion publique, repoussant un peu plus les limites de l’horreur liée au narcobanditisme marseillais. L’un des protagonistes, un tueur à gages à peine âgé de 14 ans au moment des faits, pourrait être prochainement renvoyé devant un tribunal criminel pour enfants (TPE) à l’occasion d’une audience à huis clos.

Comme indiqué au Figaro du parquet de Paris, qui confirme une information de France Inter, cet adolescent suspecté du meurtre d’un chauffeur VTC devrait comparaître devant cette juridiction compétente pour juger des crimes commis par les mineurs de moins de 16 ans. Le parquet de la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) a requis son renvoi devant le TPE pour «meurtre en bande organisée» et «association de malfaiteurs».


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Des chefs d’accusation normalement accolés au profil d’individus majeurs, sont ici attribués à adolescent en âge de passer le brevet des collèges, suspecté d’avoir été missionné par un détenu au profil inquiétant pour le compte de la DZ Mafia. Début octobre 2024, ce dernier avait «enrôlé» le jeune garçon au nom de l’organisation criminelle pour assassiner un membre du clan dit des «Blacks», sur fond de guerre pour le contrôle d’un point de deal de la cité Félix-Pyat.

Démenti de la DZ Mafia

Le commanditaire, qui œuvrait depuis sa propre cellule via un téléphone portable, avait missionné quelques jours auparavant un premier adolescent de 15 ans pour brûler la porte d’appartement d’un membre du clan adverse. La «mission» avait basculé dans l’horreur, le jeune homme ayant été repéré puis tué au terme d’une «scène de sauvagerie inédite»  impliquant une cinquantaine de coups de couteau et une immolation, selon le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone.

Lancé dans une entreprise meurtrière effrénée, le commanditaire avait ensuite acquis les «services» du mineur de 14 ans originaire du Vaucluse pour «venger» son premier homme de main, lui promettant 50.000 euros s’il atteignait sa cible. Un revolver 357 Magnum avait été ensuite confié au garçon, à qui on a demandé de se rendre à Félix-Pyat au moyen d’un VTC dans la nuit du 3 au 4 octobre. Le jeune tueur à gages aurait intimé l’ordre au chauffeur, un père de famille sans histoire et adulé par ses pairs, de s’arrêter pour poursuivre sa cible à pieds. Refusant de le faire descendre, l’homme de 37 ans a reçu une balle dans la tête et son véhicule avait terminé sa course dans le mur d’une école du 3e arrondissement.

Comme s’il venait de réaliser la portée de ses actes, l’adolescent s’est extrait de la voiture avant de se réfugier entre deux poubelles, suppliant son commanditaire de le sauver. Ce dernier s’est contenté d’appeler la police en se revendiquant, là encore, de la DZ Mafia, expliquant aux forces de l’ordre avoir commandité ce meurtre pour répondre à la «guerre avec les Noirs» de Félix-Pyat, «quitte à tuer un innocent». Dépassée par l’ampleur de l’affaire, la «DZ» avait même été contrainte de démentir toute implication au cours d’une vidéo sidérante rappelant les codes du banditisme corse.

«Ultrarajeunissement»

Le jeune tueur à gages et son commanditaire ont finalement été interpellés puis mis en examen notamment pour «assassinat en bande organisée» et «participation à une association de malfaiteurs criminelle» avant d’être placés en détention provisoire dans le cadre d’une information judiciaire confiée à la Junalco en février dernier, après dessaisissement des juges d’instruction marseillais.


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Le mineur, dont les parents étaient incarcérés à l’époque des faits, était déjà défavorablement connu des services de police et mis en examen dans une autre affaire pour violences, menaces et dégradations. Un profil qui avait même inquiété les autorités judiciaires, presque dépassées comme de nombreux observateurs du crime organisé par les tenants et les aboutissants de cette affaire exceptionnelle. «Des jeunes garçons vont répondre à des annonces pour aller ôter la vie d’autrui sans aucun remords ni aucune réflexion », avait commenté Nicolas Bessone au cours d’une conférence de presse, soulignant alors un «ultrarajeunissement» des auteurs de règlement de comptes sur fond de narcobanditisme.