(Varsovie, Pologne) Le ministère de la Défense s’active à préparer divers scénarios militaires pour un éventuel déploiement de troupes canadiennes sur le territoire ukrainien advenant que l’Ukraine et la Russie parviennent à s’entendre sur un cessez-le-feu ou un accord de paix, a confirmé lundi le ministre de la Défense, David McGuinty.
Publié à 7 h 01
Mis à jour à 7 h 38
Effectuant une visite surprise de quelques heures à Kyiv dimanche, le premier ministre Mark Carney a affirmé qu’il n’exclut pas le déploiement de soldats canadiens en Ukraine afin d’offrir des garanties de sécurité contre la Russie, comme le réclame le président Volodymyr Zelensky.
Le ministre McGuinty faisait partie de la délégation canadienne restreinte qui s’est rendue dans la capitale ukrainienne alors que l’on marquait le Jour de l’indépendance de l’Ukraine sur la place Sophia.
« On travaille toujours sur les scénarios éventuels en Ukraine. On veut vraiment voir du progrès. […] Le premier ministre Carney a été très clair là-dessus. C’est une question de voir comment les choses vont évoluer. L’Ukraine continue de se défendre. Ils ont perdu beaucoup de monde. Les Russes continuent de faire la guerre. Eux aussi ont perdu beaucoup de monde. Les Forces armées canadiennes suivent de très près ce qui se passe sur le terrain », a déclaré le ministre de la Défense durant une courte mêlée de presse à Varsovie.
PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE
Le ministre canadien de la Défense, David McGuinty
M. McGuinty a avancé que le Canada pourrait jouer un rôle qui pourrait prendre différentes formes.
Il y a plusieurs façons de contribuer. Il y a la question des équipements militaires. Il y a la question des ressources, du financement. Il y a toujours la question de renseignements. Il y a aussi le personnel médical. Tout cela reste à voir.
le ministre de la Défense, David McGuinty
À Kyiv, le premier ministre a soutenu que l’armée ukrainienne aura besoin d’aide supplémentaire de la part des pays membres de la Coalition des volontaires dont fait partie le Canada, la majorité des pays européens, le Japon et l’Australie. « Il y a la possibilité, et je n’exclus rien, des forces de certains membres, y compris le Canada, de la Coalition des volontaires ici en Ukraine », a-t-il indiqué dimanche.
Pour l’heure, la possibilité d’un accord de paix ou d’un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie semble peu probable, les troupes russes ayant même intensifié leurs attaques au cours des derniers jours.
M. Carney a profité de sa visite à Kyiv pour annoncer les détails du plan d’aide de deux milliards de dollars promis au président Volodymyr Zelensky lors du Sommet du G7 à Kananaskis, en Alberta. Plus de 1 milliard sera consacré à la fourniture de drones, de munitions et de véhicules blindés. Une somme supplémentaire de 680 millions financera des équipements militaires prioritaires déterminés par l’OTAN, attendus dès le mois prochain.
Le Canada compte également financer la fabrication conjointe de drones militaires en utilisant les installations d’une compagnie canadienne en Ukraine. Le nom de cette entreprise canadienne n’a pas été dévoilé pour des raisons de sécurité.
M. Carney est rentré à Varsovie lundi matin après un second voyage de nuit en train sécurisé entre Kyiv et la Pologne. En matinée, le premier ministre a rencontré son homologue polonais Donald Tusk au Palais présidentiel. Les deux leaders ont annoncé que le Canada et la Pologne comptent renforcer leur partenariat en matière de défense, de commerce et d’énergie.
Au terme de cette rencontre, M. Tusk a indiqué, dans une déclaration aux médias, que la Pologne ne déploiera pas de troupes en Ukraine, préférant mettre à la disposition des pays de la Coalition qui le souhaitent les appuis logistiques à un éventuel déploiement de leurs troupes et jugeant aussi opportun de renforcer sa présence militaire à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.
Signe indéniable de l’accent militaire de cette tournée européenne de Mark Carney et du ministre de la Défense, le Canada va présider en 2026 l’Exposition internationale de l’industrie de la défense à Kielce, en Pologne. Cette exposition – la troisième en importance à l’échelle mondiale après celle de Paris et de Londres – permettra de promouvoir « l’innovation canadienne dans les technologies de la défense et de la sécurité auprès de partenaires internationaux », selon le bureau du premier ministre.
Le premier ministre a par la suite rencontré des gens d’affaires de la Pologne durant une table ronde en compagnie du ministre McGuinty. En matinée, il a rencontré des membres des Forces armées canadiennes qui se trouvent en Pologne et qui participent à l’opération UNIFIER visant à former les soldats ukrainiens. Depuis 2015, les soldats canadiens ont formé 45 000 soldats ukrainiens.
Après l’Ukraine et la Pologne, le premier ministre mettra le cap sur l’Allemagne et la Lettonie. À Berlin, mardi, M. Carney aura un entretien avec le chancelier allemand Friedrich Merz. À Riga, mercredi, il ira à la rencontre des soldats canadiens déployés en Lettonie dans le cadre de la mission de l’OTAN REASSURANCE.