Tout a commencé dans le Trièves dans la montée du Pas du Serpaton à
deux pas de la station de ski de Gresse-en-Vercors. Il s’agit de la
journée d’entraînement, afin que tout le monde puisse s’apprivoiser
(nous compris) en douceur avant d’être plongés au plus près des
glaciers. Certains se connaissent déjà pour s’être cotoyés lors des
différentes sessions de Tribus du Futur.
D’autres se découvrent, entre timidité et curiosité. Cette première
journée est l’occasion de toucher du doigt les problématiques de
transition en montagne, notamment par rapport à celles de la station de ski de Gresse-en-Vercors.
Ce premier test physique sera en fait l’étape avec quasiment le plus de
dénivelé par rapport aux trois autres jours au sein du massif des
Ecrins.
Le massif des Ecrins est un paradis pour ceux et celles qui aiment la
montagne. Il s’agit d’un Parc National qui bénéficie d’un statut
important de protection environnementale. Le massif abrite encore une
surface d’environ 70 km2 de glaciers.
Un paysage marqué par les anciens glaciers
Revenons à nos jeunes du Trièves. En fin de matinée nous sommes prêts
à démarrer sacs sur le dos. La montée est d’emblée plutôt raide. Il
nous faut passer le pas d’Anna Falque, un verrou glaciaire qu’il faut
franchir pour pouvoir arriver sur le bel alpage situé tout autour du
refuge de l’Alpe de Villar d’Arêne. Dans la montée, les corps
s’accoutument au poids des sacs et tout le monde passe a peu près sans
encombre.
Une fois sur l’alpage, il nous faut traverser au milieu des habitants
permanents estivaux de l’alpage, à savoir les troupeaux de vaches. Tout
se passe sans encombre, même si ces animaux de plus de 500 kilos sont
très impressionnants. Dans notre direction de progression, vers le sud,
nous apercevons la montagne des Agneaux, sommet emblématique des Ecrins.
Sur la droite, c’est le groupe de la Grande Ruine, qui culmine à 3765 m
d’altitude. Toute la vallée en contrebas ressemble à une auge,
indication qu’elle a été creusée par un glacier qui était présent il y a
plus de 20 000 ans lors de la dernière période glaciaire.
Contournement délicat mais serein.
Le refuge se rapprochant, le groupe
prend de la cohésion au fil des échanges et de l’effort commun. Les
paysages sont à couper le souffle, la diminution de l’oxygène par
rapport au Trièves également, même si l’altitude est modeste par rapport
aux jours prochains. Le refuge de l’Alpe de Villard d’Arêne est en vue,
niché à un peu plus de 2000 m d’altitude. Il s’agit d’un grand refuge
pouvant accueillir presque une centaine de personnes. La plupart des
gens sont des randonneurs ici.
Le groupe au complet.
L’effort est là, mais la cohésion de groupe aussi
Mais l’heure n’est pas encore à la rêverie au refuge. C’est dur de
les remotiver mais il existe une zone intéressante qui donne des
informations sur le recul glaciaire dû au changement climatique. Tout le
monde allège son sac et se remet en route vers le col d’Arsine plus au
sud. La difficulté à se remettre en route cède rapidement la place à une
impression de liberté au milieu de ces montagnes. L’objectif est
d’atteindre un point suffisamment proche de la moraine du glacier
d’Arsine. Une moraine est un tas de cailloux instable qui est laissé par
un glacier lorsque le front de celui-ci recule, c’est-à-dire qu’il
remonte en altitude. Cette moraine fait plusieurs dizaines de mètres de
hauteur et permet de se rendre compte de la taille du glacier il y a
environ une centaine d’années. Mais en regardant dans la direction
opposée, c’est à dire vers le nord, il est également possible de
s’imaginer les glaciers de la dernière période glaciaire, ceux-là même
qui naissaient dans les Ecrins et qui contribuaient à une épaisseur de
glace de plus de 1 km coulant au-dessus de l’actuel emplacement de la
ville de Grenoble. C’est difficile à imaginer même si ces anciens géants
ont pu laisser des traces de leur passage : moraines, rochers
erratiques, stries glaciaires, trimlines, …
La cohésion du groupe n’a pas mis longtemps à se mettre en place, ici un Loup Garou qui démarre.
Une très belle première journée
passée ensemble et déjà énormément de découvertes pour ces jeunes.
Notamment cette première nuit et ce premier repas en refuge pour la
plupart.