La Russie reconnaît ce 25 août l’ampleur d’une pénurie de carburant qui affecte ses régions de l’Oural à l’Extrême-Orient. Cette crise résulte directement des frappes ukrainiennes sur ses infrastructures pétrolières, qui ont mis à l’arrêt plusieurs raffineries majeures et contraint Moscou à suspendre ses exportations de carburant. Dans un contexte économique déjà fragile, l’impact sur les consommateurs russes se révèle brutal.
Les frappes ukrainiennes paralysent le raffinage en Russie
Depuis le début du mois d’août, l’Ukraine a intensifié ses attaques de drones contre les raffineries et terminaux énergétiques de Russie. Reuters a évalué que 17 % de la capacité nationale de raffinage, soit 1,1 million de barils par jour, est désormais indisponible après plusieurs frappes ciblées. Le Financial Times confirme qu’au moins 10 % des installations sont hors service à la suite de ces attaques coordonnées.
Le Moscow Times précise que sept raffineries ont été touchées, dont celles de Novokuibyshevsk, Syzran et Volgograd, et que 13 % de la capacité de raffinage a été perdue en trois semaines seulement. Cette vulnérabilité structurelle illustre la dépendance de la Russie à un nombre limité de complexes industriels concentrés dans le sud et la Volga. Par conséquent, chaque frappe ukrainienne entraîne des effets en cascade sur l’approvisionnement national en carburant.
Une flambée historique des prix du carburant en Russie
La perturbation du raffinage s’est immédiatement répercutée sur le marché intérieur. Selon le Financial Times, le prix de gros de l’Euro 95 a bondi de 55 % depuis janvier, atteignant 82 300 roubles par tonne, tandis que les prix de détail progressaient de 9 % sur un an. Intellinews rapporte que, sur le marché de Saint-Pétersbourg, le carburant AI-92 a grimpé à 71 516 roubles la tonne (+1,33 %), et l’AI-95 à 80 430 roubles (+2,19 %), des niveaux records.
La crise du carburant frappe particulièrement les zones reculées, où les stations n’ont plus de stocks. En Crimée, en Transbaïkalie et dans l’Extrême-Orient russe, l’essence A-95 est quasiment introuvable, avec des files d’attente pouvant dépasser deux heures. Dans certaines villes, les autorités locales ont instauré des cartes de rationnement et réservé le carburant aux services d’urgence.
Des répercussions économiques et géopolitiques majeures
Face à cette crise du carburant, le gouvernement russe a annoncé l’interdiction temporaire des exportations pour les mois d’août et septembre, une mesure confirmée par les données compilées sur l’industrie pétrolière. Pourtant, cette décision n’a pas suffi à stabiliser le marché intérieur, ni à endiguer la hausse des prix. Les incendies déclenchés à la raffinerie de Novoshakhtinsk, d’une capacité de 100 000 barils par jour, et au terminal stratégique d’Ust-Luga ont amplifié la pression sur les infrastructures énergétiques.
Au niveau international, ces frappes ukrainiennes ont également contribué à la hausse du pétrole brut. Le baril de Brent a atteint 67,76 dollars, tandis que le WTI est monté à 63,73 dollars, signe que le marché mondial du carburant intègre désormais le risque lié à la vulnérabilité énergétique de la Russie. Cette situation souligne la capacité de l’Ukraine à fragiliser directement l’économie de guerre russe, en exploitant la dépendance du pays à ses infrastructures de raffinage.