Où est Clara? Qui a payé le trajet garde de Lyon à Paris/ Toulon le samedi 9 août dernier? Qui l’a prise en charge depuis qu’elle a disparu du foyer de son père, mais aussi du foyer de protection de l’Enfance où elle a été placée après son arrivée dans le Var? Des adultes profitent-t-il de la faiblesse et du jeune âge de l’adolescente depuis près de seize jours?

« Nous sommes en état de sidération depuis des jours. En tant que bénévoles de l’Association de recherches des personnes disparus (ARPD), nous avons été saisis pour aider la famille à retrouver Clara. Nous allons de rebondissements en incompréhensions », déplore Karine Ragot, la vice-présidente régionale de l’ARPD. 

« A 15 ans, on ne prend pas le train seule pour aller s’amuser dans le sud! »

« Clara est mineure! Elle a 15 ans depuis le mois d’avril. On ne peut pas nous répondre qu’elle a pris le train pour aller s’amuser dans le sud, qu’elle profite de la plage! Il ne faut pas prendre cette disparition à la légère. Elle est une cible facile, naïve. Qui lui a fait miroiter qu’elle pourrait gagner de l’argent facilement à Toulon? Qui l’héberge? », se demandent ses proches. 

Contactée dans la Val-de-Marne où elle attend la moindre nouvelle, sa maman est désemparée. Elle a réussi à garder des contacts très épisodiques jusqu’à la semaine dernière. Depuis, plus rien. « C’est infernal. Il y a les cours qui vont reprendre et je ne sais pas où elle est et ce qu’elle fait. Je n’ose même plus appeler la police à Toulon, j’ai l’impression de déranger ». 

Contacté ce lundi 25 août, Samuel Finieltz, le procureur de Toulon indique que « Clara n’a pas disparu à Toulon mais à son domicile en région parisienne. C’est le parquet de son domicile qui a été saisi ». Selon le commissariat du Val-de-Marne qui a réceptionné la plainte de la maman, le parquet de Créteil serait en charge du dossier. 

Elle part du Val-de-Marne et elle est interpellée à Toulon

Tout a commencé le 9 août 2025. Ses parents étant séparés, la jeune fille frêle qui fait bien moins que 15 ans, se trouve alors chez son père en région parisienne. Elle lui dit vouloir se rendre au cinéma avec une amie. Son père lui donne 20 euros pour sa sortie. 

Mais Clara va prendre la direction de Paris et de la gare de Lyon où elle embarque dans un train à destination de Toulon. C’est au moment où le train a quitté la Capitale que sa mère apprend son projet de voyage dans le sud. « Une région qu’elle ne connaît absolument pas ». 

Le commissariat de sa commune d’origine est informé du départ sans autorisation de l’adolescente. La mère et la grand-mère s’activent alors pour prévenir le commissariat de Toulon de la situation. De numéros en numéros, elles expliquent la départ de la mineure à destination de la ville-préfecture. 

La fugueuse est finalement appréhendée ce samedi 9 août, après 23h30, à la gare et conduite, selon ses proches, au commissariat central pour être auditionnée. En panique, sa mère organise son déplacement dans le Var pour rejoindre sa fille dès le lundi. Dans l’attente, l’ado est dirigée vers un établissement d’accueil réservé aux mineurs à L Valette. 


L’ARPD a lancé, à la demande des parents, un appel à témoins pour retrouver Clara, 15 ans, qui a rejoint Toulon le 9 août 2025 depuis la région parisienne Photo ARPD.

Placée sous la responsabilité de l’aide sociale à l’Enfance, elle fugue

Le dimanche 10 août, un éducateur entre en contacte avec la famille. Ce même jour, vers 12h30, Clara commence à tourner en rond, semble contacter quelqu’un par téléphone et annonce aller à la plage. En quelques minutes, elle quitte le foyer de protection de l’Enfance pour disparaître, une nouvelle fois, dans la nature, sans laisser d’affaires sur place. 

Nouveau coup dur pour la famille. « En apprenant son départ du foyer, j’ai contacté tous les commissariats de la région toulonnaise et celui de notre commune. Sans être écoutée », relève sa mère. « Une mineure de 15 ans, placée en foyer, le fuit et cela paraît anodin. Je suis consternée », relève Mme Ragot de l’ARPD Paca. 

En ce jour dominical, un message électronique aurait été envoyé, selon la maman, au commissariat de Toulon pour expliquer la situation par un responsable du foyer géré par le conseil départemental du Var qui, ce lundi 25 août, n’a pas répondu à notre sollicitation. 

« Il n’y a aucune mesure de coercition dans les foyers de l’ASE, pas de couvre-feu, pas d’interdiction de sortie. Les mineurs vont et viennent », constate Claude Ardid, ex-reporter à Var-matin, auteur de « La Fabrique du malheur » (L’Observatoire) sur les carences de l’aide sociale à l’Enfance en France.

La difficulté d’avoir des nouvelles

« Ce qu’il se passe est dramatique. C’est une porte ouverte au pire (consommation de stups, prostitution enfantine, trafics en tout genre…). Il est temps de réagir pour sauver cette jeunesse en danger », martèle-t-il d’interviews en plateaux TV. 

Depuis, son mère, sa grand-mère et son père attendent d’avoir des informations. « C’est très difficile. On nous passe de service en service. A chaque fois, il faut répéter notre histoire. Nous ne savons rien. Nous ne savons pas où elle peut être et avec qui. Nus ne savons pas qui dirige les recherches si elles ont lieu. Aidez-nous à retrouver Clara! ». 

Pour Roger, enquêteur bénévole à l’ARPD, ex-gendarme à la retraite, il y a pourtant des pistes à suivre, des personnes à alerter. Selon lui, des investigations auraient pu être menées pour identifier les connaissances varoises de l’adolescente très branchées réseaux sociaux. Un travail de fourmi que les bénévoles sont prêts à mener pour savoir une enfant en sécurité.