Où trouver un kimono, des geta (ces espèces de tongs en bois) ou encore des porte-baguettes japonais, le tout de seconde main à Strasbourg ? On a la réponse, et c’est dans la brocante « Tanpopo » tenue par Hannah Lafargue, dont le verbe est aussi coloré que sa boutique. Rencontre. 

Dans sa toute petite boutique de 9 m2, Hannah Lafargue nous reçoit en kimono. Un kimono noir et blanc dont l’imprimé fleuri ne doit rien au hasard : « Ce sont des pissenlits », indique-t-elle, ou « Tanpopo » en japonais, comme le nom de sa boutique.

Si elle a choisi ce nom, c’est parce que le pissenlit « c’est une fleur peu raffinée, résiliente. Même si c’est bétonné de partout, le pissenlit s’en fout, il va sortir ». Et ce qu’elle veut, Hannah, c’est vendre des objets communs, du quotidien, qu’on peut trouver partout, comme les pissenlits en somme.

Brocante Japonaise Tanpopo © Jeanne-Esther Eichenlaub / Pokaa

Dans sa brocante, installée au 11 rue Sainte-Madeleine, tous les articles sont 100% made in Pays du Soleil Levant. Elle vend des objets qui datent des années 20 à nos jours.

En vitrine et sur les étagères, il y a des petites poupées décoratives, les « kokeshi », des cure-oreilles appelés « Mimikaki » mais aussi des pics à cheveux, de la vaisselle, des « hanko », ces tampons-signatures ou encore des « geta », ces drôles de tongs en bois.

Mimikaki et pics à cheveux brocante japon tanpopo

Un mimikaki. Brocante Japon Tanpopo

Mimikaki et pics à cheveux. © Jeanne-Esther Eichenlaub / Pokaa

« Je passe mes matinées sur Mercari, la version japonaise du Leboncoin », raconte Hannah. La boutique est ouverte les après-midis du mardi au samedi de 14h à 19h. « Chiner de vieux objets japonais et porter des kimonos, c’est ma passion depuis 17 ans, confie-t-elle. Au départ, c’était pour mon plaisir personnel et puis… » Et puis, la passion s’est muée en métier.

« Kiki la petite sorcière » : le déclencheur d’une passion

Originaire de banlieue parisienne, Hannah se prend d’affection pour le japonais très jeune. Petite, elle passe son temps devant la cassette de Kiki la petite sorcière de Hayao Miyazaki, qu’elle regarde en VO. Au collège, elle prend des cours de japonais et au bac, elle présente l’option japonais, en candidate libre. 

En 2009, elle est reçue aux Arts Décoratifs de Strasbourg, raison de son arrivée dans la capitale alsacienne.

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Les sceaux japonais, les « hanko » et des « jikatabi ». © Jeanne-Esther Eichenlaub / Pokaa

À sa sortie d’école, elle devient illustratrice freelance et exerce de 2014 à 2022, mais ça ne lui plaît pas tant que ça… Un jour, alors que son compagnon change de voie : « Je me suis dit que moi aussi j’avais le droit d’avoir un métier qui me plaisait », et là voilà qui lance en 2022 sa boutique en ligne « Tanpopo ».

Deux ans plus tard, en avril 2024, elle ouvre sa boutique, rue Sainte-Madeleine : « Même dans mes rêves les plus fous, je ne pensais pas que je pourrais avoir une boutique physique », confie-t-elle. Et aujourd’hui, elle parle avec aisance et comprend le japonais puisqu’elle fait tous ses achats en japonais !

tanpopo

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© Page Instagram de Tanpopo / Captures d’écran

Désacraliser le kimono

Ce qui prend le plus de place dans sa brocante, ce sont les kimonos. Au cœur de la pièce, une estrade et sur les étagères : plus de 200 kimonos, de toutes les couleurs, dans tous les tissus et de toutes les tailles.

Pour essayer des kimonos, il faut monter sur l’estrade et avant, « il faut enlever ses pompes », résume Hannah avec son franc-parler décomplexé. « J’adore les faire essayer », explique-t-elle, en caressant un kimono sur l’étagère. « C’est joli comme ça, plié, mais c’est encore plus joli porté. »

kimono japon tatami © Jeanne-Esther Eichenlaub / Pokaa

Hannah réfute l’idée du kimono comme un vêtement raffiné : « Le kimono, c’est fait pour être porté, c’est pas un truc prout-prout. C’est un vêtement, une fringue, il y en a pour toutes les occasions de la vie. Là, je porte un kimono d’été. »

Elle fait le parallèle entre ce vêtement traditionnel japonais aux manches amples et à la forme longue et large et les chapeaux en Europe. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, tout le monde en portait et puis c’est passé de mode.

Brocante japonaise Tanpopo vitrine © Jeanne-Esther Eichenlaub / Pokaa

Vous saurez tout sur le kimono

« Je pourrais en parler des heures, des années, des siècles », s’extasie-t-elle. Il existe trois types de kimonos : ceux du quotidien, les semi-formels et les formels, explique Hannah.

Sur les kimonos du quotidien, tout le tissu a des imprimés, souvent assez colorés. Les semi-formels n’ont des imprimés que sur les manches, éventuellement le dos, et le bas du kimono.  Les kimonos formels sont souvent d’une seule couleur et les imprimés ne se trouvent que sur le bas du kimono.

kimono japon brocante tanpopo © Jeanne-Esther Eichenlaub / Pokaa

Généralement, sur ces derniers, les dessins sont brodés, dorés et symboliques. Par exemple, la grue y est souvent représentée car cet oiseau est un symbole de longévité. « Les kimonos formels, c’est typiquement le noir », dit-elle en indiquant un kimono noir satiné sur le bas duquel on distingue des grues brodées. C’est le genre de kimono que porterait selon elle une « daronne à un mariage ».

Seconde main et nouvelle adresse

Le prix maximum pour un kimono est de 150€. Pour en fixer le prix, elle retient trois critères : premièrement l’état, ensuite la qualité du tissu, la rareté de la couleur et de l’imprimé et enfin le « statut » du kimono.

Quant à savoir quelle taille a le kimono, il faut mesurer avec un mètre le bas du kimono et un des pans de devant et ça donne normalement le tour de taille de la personne. C’est tout un art et elle est intarissable sur le sujet.

Elle vend également des « tanmono » : c’est-à-dire des rouleaux de tissus ayant exactement les bonnes mesures pour « ceux qui bricolent et qui cousent ». Les prix des autres articles que l’on trouve dans sa boutique varient entre 15€ et 60€, parfois plus, parfois moins. Les porte-baguettes ou les « hanko » sont à petits prix : entre 3 et 4€.

Hannah Tanpopo_ tanmono Japon kimono

Tanmomo Japon Tanpopo kimono rue Ste Madeline boutique brocante

© Jeanne-Esther Eichenlaub / Pokaa

Si Hannah se plaît dans sa minuscule boutique dans laquelle on ne se sent bizarrement pas à l’étroit, elle songe à en changer et à aller un peu plus loin, dans la même rue, dans un local « deux fois plus grand ».

Ce changement potentiel n’adviendra pas avant la mi-janvier et « je lancerai un crowdfunding », glisse-t-elle. En tous les cas, elle ne se voit pas quitter la rue, ni même Strasbourg dont elle aime « l’absence de voitures et le côté frontalier, je ne me vois pas vivre ailleurs », conclut-elle.

Tanpopo

Quoi ?
Magasin d’articles japonais d’occasion

où ?
11 rue Sainte-Madeleine, à Strasbourg

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