En France, 40 % des hypertendus ne prennent pas leur traitement correctement selon la Haute Autorité de Santé. © Freepik
L’hypertension artérielle n’est pas seulement le “tueur silencieux” du cœur, elle est aussi une des principales menaces pour notre santé cérébrale. Une bonne tension, bien maîtrisée, permet non seulement d’éviter les AVC et infarctus, mais aussi de préserver notre mémoire, notre concentration, notre autonomie sur le long terme.
En août 2025, l’American Heart Association (AHA) et l’American College of Cardiology (ACC), en partenariat avec onze autres sociétés médicales, ont mis à jour leurs recommandations 2017. Publiées dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC), ces lignes directrices tirent parti des données les plus récentes pour affiner la prévention et la prise en charge de l’HTA.
Elles portent une attention nouvelle à l’impact de l’HTA sur les fonctions cognitives et la démence, renforcent les stratégies de dépistage, recommandent l’automesure à domicile… et plaident pour une approche pluridisciplinaire et personnalisée. Regard complet, sous un jour humain.
L’HTA : une menace cérébrale insidieuse
Ces nouvelles recommandations insistent sur le rôle capital de la pression artérielle comme facteur modifiable majeur, capable de déclencher maladies cardiovasculaires et troubles neurologiques :
Et quelle que soit la source, les chiffres sont sans équivoque : contrôler sa tension peut réduire de 40 % le risque d’AVC, de 25 % celui d’infarctus du myocarde, de 60 % les risques d’insuffisance cardiaque… et contribuer à prévenir la dégénérescence cognitive.
Objectif tension :
Les nouvelles directives ciblent désormais une tension artérielle inférieure à 130/80 mm Hg pour tous les adultes, sauf en cas de fragilité particulière ou d’espérance de vie limitée.
Pour les personnes présentant une pré-hypertension (130–139/80–89 mm Hg) et à faible risque cardiovasculaire, on privilégie 3 à 6 mois de modifications du mode de vie avant d’envisager un traitement médicamenteux. À l’inverse, en cas d’hypertension de stade 2 (≥ 140/90 mm Hg), le recours à une combinaison médicamenteuse dès le départ est encouragé.
hypertension artérielle : prévenir, dépister, surveiller ! Automesure à domicile et précautions
L’un des apports frappants des recommandations 2025 : la mesure de la tension doit se faire dans un environnement calme. On bannit toute distraction (smartphones, télévisions) pendant l’automesure. Ce détail, anodin en apparence, reflète l’importance accordée à la rigueur du diagnostic.
Dépistage élargi et évaluation complète
Ces recommandations font la place à une évaluation systématique, incluant le dosage du rapport albumine/créatinine (pour la santé rénale) et du ratio aldostérone/rénine (pour détecter l’aldostéronisme primaire), désormais recommandé chez de nombreux hypertendus, y compris ceux souffrant d’apnée du sommeil.
Une prise en charge globale, adaptée et multidisciplinaire
Impossible de gérer l’HTA dans son coin. Les directives mettent en avant le travail en équipe (médecins, infirmiers, pharmaciens, diététiciens, assistants de santé communautaire) pour lever les freins à la prise en charge, améliorer l’observance, proposer une intervention coordonnée.
La calculatrice PREVENT™, intégrée aux nouvelles recommandations, permet d’évaluer avec précision le risque cardiovasculaire à 10 ou 30 ans, en combinant données cardiovasculaires, rénales et métaboliques. Elle permet alors d’orienter les décisions thérapeutiques dès la prévention ou lorsqu’un traitement devient nécessaire.
Spécificités cliniques : grossesse, fragilité, comorbidités
Grossesse : l’HTA gestationnelle a des conséquences durables. Les directives préconisent l’initiation d’un traitement dès 140/90 mm Hg, et une surveillance post-partum attentive, ainsi qu’un usage raisonné de l’aspirine basse dose pour certaines patientes.
Adultes à risque (diabète, obésité, maladie rénale…) : une approche plus agressive est justifiée, souvent avec une double thérapie médicamenteuse (comprimé combiné), voire des GLP‑1 chez les hypertendus surpoids/obèses.
Seniors fragiles : les recommandations proposent une adaptation personnalisée pour éviter les effets indésirables d’une tension trop basse comme les chutes, l’insuffisance rénale, etc.
Et en France, on fait quoi ?
Ces recommandations, efficaces, précises et centrées sur la prévention à long terme, font écho à celles de la Société Européenne de Cardiologie mais apportent un focus inédit sur la protection du cerveau.
Pour la France, le défi est double : faire connaître ces objectifs optimisés (
À SAVOIR
Le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), riche en fruits, légumes, produits laitiers pauvres en graisses et pauvre en sodium, a prouvé son efficacité : il peut faire baisser la tension artérielle de 8 à 14 mmHg (NHLBI, États-Unis).
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