(Washington) Le vice-président américain J.D. Vance a affirmé que Moscou avait fait d’« importantes concessions » sur l’Ukraine auprès de Donald Trump, depuis son sommet le 15 août en Alaska avec Vladimir Poutine.
Mis à jour hier à 11 h 48
Mais l’opposition démocrate a jugé au contraire que le président russe « baladait » son homologue américain et représentait le principal « obstacle » à un éventuel accord de paix pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Selon M. Vance, qui s’exprimait dans une interview diffusée dimanche par la chaîne NBC, « les Russes ont fait des concessions importantes au président Trump, pour la première fois en trois ans et demi de conflit. Ils veulent en fait être flexibles sur certaines de leurs exigences fondamentales ».
L’émissaire américain pour l’Ukraine, Keith Kellogg, est à Kyiv, ainsi que le premier ministre canadien Mark Carney, tous deux aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky, à l’occasion du 34e anniversaire de l’indépendance de son pays, au moment où les efforts diplomatiques pour sortir du conflit semblent s’enliser.
PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE
Le premier ministre canadien Mark Carney et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Kyiv dimanche.
Au contraire, d’après le vice-président Vance, la Russie « discute de ce qu’il serait nécessaire de faire pour mettre fin à la guerre ».
« Bien sûr, ils n’y sont pas encore complètement parvenus et la guerre n’est pas terminée, mais nous sommes impliqués dans un processus diplomatique de bonne foi », a assuré le vice-président des États-Unis.
Rapprochement Trump-Poutine
Le dirigeant conservateur a même affirmé que la première puissance mondiale, dont le président Trump s’est spectaculairement rapproché de Vladimir Poutine, « tentait de négocier autant qu’[elle] le [peut] avec les Russes et les Ukrainiens pour trouver un terrain d’entente et arrêter la tuerie ».
M. Vance a encore défendu M. Trump qui « essaie de s’engager dans une diplomatie très agressive, très énergique ».
PHOTO KEVIN LAMARQUE, ARCHIVES REUTERS
Le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue américain, Donald Trump, lors du sommet d’Anchorage en Alaska le 15 août.
« La guerre n’est dans l’intérêt de personne. Ni dans l’intérêt de l’Europe, ni des États-Unis et nous ne pensons pas que la Russie ou l’Ukraine ont intérêt à continuer » à se battre, a-t-il conclu.
Malgré les efforts de médiation lancés par M. Trump — lors du sommet d’Anchorage avec M. Poutine et l’accueil le 18 août à la Maison-Blanche de M. Zelensky et ses alliés européens, les positions de Moscou et Kyiv semblent irréconciliables.
Les deux pays en guerre s’accusent de bloquer l’organisation d’une éventuelle rencontre entre leurs présidents.
Ainsi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a accusé dimanche sur la télévision publique russe Rossia les pays occidentaux de chercher à « empêcher » des pourparlers pour mettre fin au conflit.
PHOTO ALEXANDER ZEMLIANICHENKO, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Les pays occidentaux « ne font que chercher un prétexte pour empêcher les négociations », a affirmé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une entrevue à la chaîne de télévision publique Rossia diffusée sur Telegram.
Il a réaffirmé aussi sur NBC que le président Poutine « voul[ait] la paix » et « respect[ait] le président Trump, car il défend les intérêts nationaux américains ».
Mais pour l’un des opposants au républicain Donald Trump, le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff, M. Lavrov est un « menteur chevronné » et les Russes « baladent le président » des États-Unis.
Interrogé, également par NBC, sur le processus de paix en Ukraine, M. Schiff a déploré qu’il soit « bloqué ».
L’ancien directeur de la CIA, le général à la retraite David Petraeus, qui a servi sous le premier mandat de Barack Obama, est du même avis : « L’obstacle à la paix en ce moment est le président Poutine », a-t-il affirmé sur la télévision ABC.
Échange de prisonniers
La Russie et l’Ukraine ont échangé dimanche 146 prisonniers de guerre de chaque camp, a annoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué, au moment où les efforts diplomatiques visant à régler le conflit semblent s’enliser.
« Le 24 août, 146 militaires russes sont revenus du territoire contrôlé par le régime de Kyiv », a indiqué le ministère sur Telegram, en précisant que « 146 prisonniers de guerre ukrainiens ont été remis en échange », grâce à des efforts de médiation des Émirats arabes unis.
Huit habitants de la région frontalière russe de Koursk, « illégalement retenus » par l’Ukraine, ont également été remis à la Russie, selon la même source.
Les forces ukrainiennes ont pénétré dans la région de Koursk en août 2024, en occupant une partie pendant plusieurs mois, avant d’être repoussées par les forces russes au printemps, à l’aide de combattants nord-coréens.
Les échanges de prisonniers et de corps de soldats tués sont l’un des derniers domaines où Moscou et Kyiv continuent de coopérer, plus de trois ans et demi après le début de l’assaut russe contre l’Ukraine.
La Russie accuse l’Ukraine d’avoir frappé une centrale nucléaire
La Russie a accusé dimanche l’Ukraine d’avoir lancé une attaque de drones contre une usine nucléaire dans la région de Koursk. Selon les autorités russes, l’attaque a déclenché un incendie qui a été rapidement maîtrisé. On n’a rapporté aucun blessé, a indiqué le service de presse de la centrale sur Telegram. Même si un transformateur a été endommagé, les niveaux de radiation sont demeurés dans les limites normales. L’Agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU dit être au courant qu’un transformateur d’une centrale nucléaire a pris feu « à la suite d’une opération militaire », mais elle attend toujours d’obtenir une confirmation. Le directeur général de l’organisation, Rafael Mariano Grossi, a rappelé que « toutes les centrales nucléaires devaient toujours être protégées ». L’Ukraine n’a pas commenté. Plusieurs autres attaques ont visé d’autres installations énergétiques, comme un terminal pétrolier dans le port d’Oust-Louga, près de Saint-Pétersbourg. Le gouverneur de la région a dit qu’une dizaine de drones avaient été abattus. Ce sont ces débris qui auraient déclenché un incendie dans le terminal.
Associated Press