Par

Ovale Masqué

Publié le

25 août 2025 à 17h56

C’est vendredi dernier que débutait l’événement rugby de l’été. Non je ne parle pas l’In Extenso Supersevens, mais bien de la Coupe du monde de rugby 2025 ! Celle jouée par les femmes. Pour ceux qui ne sont pas encore familiers avec cette compétition, rassurez-vous, c’est le même principe que pour les hommes : ça dure très longtemps et il y a environ 3 matchs intéressants à regarder sur l’ensemble de la phase de poules.

Mais non en vrai la Coupe du monde de rugby des meufs c'est super. Tendez votre oreille et écoutez-moi jusqu'au bout !
Mais non en vrai la Coupe du monde de rugby des meufs c’est super. Tendez votre oreille et écoutez-moi jusqu’au bout ! (©TF1)La Coupe du monde de rugby féminin, le rendez-vous des vrais puristes

Bien sûr, ça c’est le point de vue qui sera partagé par le grand public. Pour les déviants comme moi (et peut-être comme vous aussi ?), il y a toujours du plaisir à retirer d’un bon choc entre le Brésil et l’Afrique du Sud. Ces matchs champêtres qui nous rappellent quel charme peut avoir le rugby amateur, et qui nous permettent de sortir des phrases comme « j’ai repéré une super talonneuse brésilienne, très mobile et avec des bonnes mains, elle aurait sa place en Elite 1 » ou encore « les Samoanes, on sent qu’il ne leur manque qu’une structure professionnelle pour rivaliser avec les meilleures » (elles viennent de perdre 170-0). Bien sûr, vous ne croyez qu’à moitié à ce que vous dites, mais c’est comme quand on déguste du vin et qu’on sort des termes du genre « astringent », il faut se faire kiffer un peu.

La Coupe du monde de rugby féminin c'est aussi la redécouverte de styles capillaires qu'on croyait disparus, comme la frange frisée.
La Coupe du monde de rugby féminin c’est aussi la redécouverte de styles capillaires qu’on croyait disparus, comme la frange frisée. (©TF1)

Pour le commun des mortels, cette compétition sera surtout l’occasion de suivre le parcours du XV de France. Un XV de France qui jouira d’une exposition inédite, avec des matchs diffusés en prime time sur TF1 ! Que de chemin parcouru depuis le temps où l’on regardait Christelle le Duff, Lise Arricastre ou encore Sandrine Agricole sur France 4 avec le même frisson que lorsqu’on rentrait dans le rayon films hong-kongais d’un vidéo club.

L’occasion de faire un clin d’œil au GOAT Jean Abeilhou, partenaire des Bleues depuis tant d’années et qui bénéficie désormais d’un truc que notre génération ne connaitra jamais : la retraite. On souhaite bon courage à son successeur qui n’a plus qu’une semaine pour réviser tout l’Equipe et le Midol et sortir des anecdotes comme « vous saviez que Manon Bigot, elle était pompier ? » 

Mais aussi pizzaïolo amateur sur son temps libre.
Mais aussi pizzaïolo amateur sur son temps libre. (©TF1)

Et pour leur grande première à 21h sur la chaîne de Jean-Pierre Pernaut, de Bill du Bigdil et désormais d’Isabelle Ithurburu (là encore, que de chemin parcouru), les Bleues rentraient dans le vif du sujet avec un match contre l’Italie, annoncée comme l’adversaire le plus sérieux de la phase de poule. Un rendez-vous qui a été suivi par 3,2 millions de téléspectateurs. Soit presque autant que le nombre d’en-avant pendant la rencontre !

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Moi, j'aime bien quand la première action du match ne ment pas et annonce ce qui va se passer pendant 80 minutes.
Moi, j’aime bien quand la première action du match ne ment pas et annonce ce qui va se passer pendant 80 minutes. (©TF1)
Les Française championnes du monde : pourquoi il faut y croire

Encore une fois, faisons un peu de pédagogie pour les nouveaux venus. Le XV de France peut-il viser la victoire finale dans ce Mondial ? 

La réponse, c’est que viser pour faire une bonne passe serait déjà une première étape. Depuis l’arrivée du duo Ortiz-Mignot, cette équipe a pris des airs de XV de France de Marc Lièvremont du début des années 2010. On sent que le groupe est talentueux, on sent qu’il y a du potentiel, et on est persuadé que les entraîneurs sont des gens plein de bonnes intentions. Pourtant, quand on voit les matchs, on ne comprend pas le projet. Sauf si le projet, c’est de jeter le ballon au sol ou dans la tête de l’arbitre après deux temps de jeu. Dans ce cas-là, c’est très réussi, bravo.

Après tout le monde peut faire des erreurs, c'est pas un robot, Ménager...
Après tout le monde peut faire des erreurs, c’est pas un robot, Ménager… (©TF1)

Depuis le Grand Chelem 2018, le palmarès des Françaises est aussi vierge que la section « diplômes » de Pierre Bourgarit sur Wikipedia. Si on met de côté une victoire de prestige en Nouvelle-Zélande en 2023 (résultat immédiatement suivi de deux défaites contre l’Australie et le Canada…), les Bleues n’ont pas de victoire référence depuis un bail et, surtout, elles semblent régresser sur le plan du jeu.

Rare image de Gaby Vernier se faisant Gabyvernier.
Rare image de Gaby Vernier se faisant Gabyvernier. (©TF1)

Alors me direz-vous, pourquoi diable devons-nous suivre leur parcours ? Déjà parce que vous n’avez probablement rien de mieux à faire : les matchs sont diffusés à des horaires décents sur des chaînes accessibles à tous sans avoir à payer. Profitez-en, ça peut vite changer : World Rugby crée trois nouvelles compétitions par an et c’est pas exclu qu’un jour, un France – Afrique du Sud à Dubaï se retrouve diffusé sur en exclusivité sur Equidia.

Ensuite, parce que les Bleues, c’est les émotions. Là où le XV de France de Fabien Galthié est devenu une froide machine à gagner, où l’on nous parle constamment de data ou d’expected points, où le sort des rencontres semble être entre les mains d’une sorte de demi-Dieu gersois, les Françaises, elles, sont terriblement humaines. Le XV de France féminin, c’est la vie, tout simplement. Et qu’est-ce que c’est la vie, si ce n’est quelque chose nous déçoit 90 % du temps ? Mais parfois, il arrive de petits miracles, des instants de beauté inattendus qui ravivent la flamme et qui nous font dire « putain quand même, c’est pas mal d’être là » !

Quoi de plus beau que voir gambader Kelly Arbey, refusant de faire des passes et préférant enchaîner les raffuts par simple amour de la violence ?
Quoi de plus beau que voir gambader Kelly Arbey, refusant de faire des passes et préférant enchaîner les raffuts par simple amour de la violence ? (©TF1)

Et bien les Bleues, c’est ça. Elles ne savent pas enchaîner trois passes, elles sont incapables d’arrêter un ballon porté anglais, mais tous les 6 mois, elles peuvent nous sortir une performance venue d’ailleurs. Et là, l’espoir renait. Comme lors de leurs deux dernières défaites héroïques à Twickenham contre les Anglaises, ou lors de la légendaire demi-finale de Coupe du monde 2022 contre la Nouvelle-Zélande (Caroline Drouin, sache d’ailleurs que moi je ne t’oublie pas, mes DM sont ouverts). Alors certes, à chaque fois ça finit mal. Pour l’instant. Car qui sait, un jour, peut-être que la pièce va tomber du bon côté. Et pourquoi pas cette année, d’ailleurs ? Quoi de mieux qu’enfin réussir à battre les Anglaises chez elles, pour bien leur niquer leur Coupe du monde ? Certes, la probabilité que ça arrive est à peu près égale à celle de voir Montauban se maintenir en Top 14 cette année. Mais moi j’ai envie d’y croire. Un peu.

Avant de rêver à une potentielle demi-finale, commençons par le début, et ce fameux match piège contre l’Italie. Oui, vous avez compris : j’ai fait une intro de 16 pages parce que je n’ai presque rien à dire sur la rencontre.

Le film du match

A la FFR, on a régulièrement des idées de génie, et celle d’organiser un seul et unique match de préparation contre l’Angleterre était probablement une des plus belles de l’année. Un match où l’on a tenu le ballon approximativement 2 minutes sur 80, idéal pour répéter ses gammes offensives. Puis, se prendre 40 points dans la gueule, ça doit aider pour la confiance.

C’est donc logiquement des Bleues un peu tendues et en manque d’automatismes qui ont attaqué cette rencontre face à l’Italie. Mais l’important était sans doute de se rassurer sur les bases, à savoir la mêlée et la défense. Et là-dessus, je crois qu’on peut dire que c’était pas trop mal.

La mêlée italienne en perdition comme un radeau au large de Lampedusa.
La mêlée italienne en perdition comme un radeau au large de Lampedusa. (©TF1)

Les Françaises dominent donc assez largement ce début de match et plantent leur Quechua dans les 22 mètres italiens. Dominer, c’est bien. Marquer, c’est mieux. Hélas, les coéquipières de Manae Feleu ont bien du mal à trouver la faille. Il faut dire que la défense italienne est agressive et valeureuse ©. Mais l’attaque française n’est pas très dégourdie non plus. Les sorties de balles sont lentes, les passes approximatives.

Par contre quand faut découper, ça découpe bien.
Par contre quand faut découper, ça découpe bien. (©TF1)

A force de squatter, les Bleues finissent tout de même par trouver une faille. Comme souvent, c’est Gabrielle Vernier qui fait la différence avec une belle feinte de passe, une prise d’intervalle et un aufelode pour Marine Ménager (au moins cette année il y en a qu’une, on peut plus confondre). Hélas, la co-capitaine des Bleues se fait retourner dans l’en-but.

Les Italiens toujours motivés quand il s'agit d'empêcher des gens de rentrer chez eux...
Les Italiens toujours motivés quand il s’agit d’empêcher des gens de rentrer chez eux… (©TF1)

Il va falloir attendre la demi-heure de jeu pour que la situation se débloque enfin, lorsque les Françaises ont une idée brillante : donner la balle à leurs ailières venues du rugby à 7 qui courent très vite. Fallait y penser ! Bien servie par Arbez, Joanna Grisez prend l’intervalle et dépose toute la défense italienne.

Au moins dans cette équipe de France là on a toujours Grizou.
Au moins dans cette équipe de France là on a toujours Grizou. (©TF1)

7-0 pour la France après la transfo. On croit même faire le break peu avant la pause, après une passe au pied d’Arbez pour Arbey (Marc Lièvremont en sueur devant sa télé). La Toulousaine ne parvient pas à s’emparer du ballon, mais après un cafouillage, Bourgeois et D’Incà aplatissent le ballon quasiment en même temps dans l’en-but. Après un examen à la vidéo d’environ un quart d’heure, l’arbitre décide finalement de ne pas accorder d’essai. Puisqu’on vous dit que c’est pareil que chez les hommes !

Si vous voulez mon avis, quand un essai est aussi moche il ne devrait jamais être accordé.
Si vous voulez mon avis, quand un essai est aussi moche il ne devrait jamais être accordé. (©TF1)

Finalement, on décide d’être pragmatiques et Morgane Bourgeois tente et passe une pénalité pour permettre à son équipe de mener 10-0 à la pause. On peut pas dire que ce soit un grand match, l’occasion de faire la promotion du rugby féminin était belle mais il faut être lucides, on a probablement perdus à tout jamais des gens qui ont zappé sur Fort Boyard ou Meurtres à Pont-Aven.

Pourtant Kelly Arbey a tout donné pour nous divertir en essayant de raffuter l'intégralité de l'équipe italienne.
Pourtant Kelly Arbey a tout donné pour nous divertir en essayant de raffûter l’intégralité de l’équipe italienne. (©TF1)

La seconde période débute sur les mêmes bases côté français. On domine, et on prend les points. Sauf que cette fois, Bourgeois loupe la cible. Pas très grave : le deuxième essai bleu ne va pas tarder. Après plusieurs temps de jeu près de la ligne, Assia Khalfaoui se propose avec une bonne course rentrante et la joueuse de l’ASM Romagnat va marquer en force. 17-0.

Romagnat oulalah, comme disait Lady Gaga.
Romagnat oulalah, comme disait Lady Gaga. (©TF1)

Le score est désormais fait. Finalement, le piège italien était digne des pièges de Bip Bip pour Coyote : y’a de l’idée, mais au final, c’est quand même un peu de la merde. Toujours aussi dominatrices, les Bleus s’offrent (enfin) une séquence à plus de 15 temps de jeu et pilonnent la ligne italienne. Escudero va conclure le travail et s’offre une belle récompense après un match où elle aura réalisé environ 15 plaquages et gratté 12 ballons, 24-0.

La Kwagga Smith française. En plus belle quand même.
La Kwagga Smith française. En plus belle. (©TF1)

Le score est fait, il reste 20 minutes à jouer et on se dit que les Françaises vont pouvoir lâcher les chevaux, se faire plaisir et nous faire plaisir. Bon, désolé, ça n’arrivera pas. La faute à de nouvelles maladresses, à des Italiennes qui ne lâchent rien et qui par moment offrent aussi quelques séquences intéressantes.

De notre côté, on est meilleures au volley qu'au rugby.
De notre côté, on est meilleures au volley qu’au rugby. (©TF1)

Mais la défense française est impeccable : sans doute la grande satisfaction de la soirée. Quasiment toutes les avants finissent avec plus de 10 plaquages, ce qui fera plaisir aux fans de statistiques. Malgré les changements, la mêlée bleue est toujours aussi destructrice, ce qui nous permet de vivre de beaux moments, comme quand Rose Bernadou célèbre une pénalité comme si elle venait de gagner la Coupe du monde.

Même quand on joue mal, on peut toujours compter sur Rose pour le divertissement.
Même quand on joue mal, on peut toujours compter sur Rose pour le divertissement. (©TF1)

Il n’y aura plus de point marqué. Score final pour les Bleues : 24-0. Bien sûr, on peut rester sur notre faim devant une performance qui parait peu aboutie sur le plan offensif. Mais il ne faut pas oublier que cette équipe d’Italie nous casse régulièrement les bonbons dans le Tournoi des 6 Nations, et que d’habitude, on galère beaucoup plus à s’en débarrasser. Saluons donc le match sérieux des Françaises, qui loupent certes le bonus offensif (qui ne servira de toute façon à rien) mais qui se rassurent après un match de prépa contre l’Angleterre catastrophique en tout point.

Maintenant, il reste deux matchs « faciles » (attention, on sait ce que veut dire un match facile dans le rugby français, les Tonga 2011 sont jamais loin) contre le Brésil et l’Afrique du Sud pour permettre aux Bleues de développer un brin leur jeu offensif. Bon, ça fait 3 ans qu’on attend des progrès dans ce domaine là, mais qui sait, peut-être que ça va se régler en 3 semaines. Encore une fois, ça coûte rien d’espérer.

Moi, je vous donne rendez-vous pour le 1/4 de finale des Bleues (très probablement contre l’Irlande). En attendant, je vous conseille de regarder un maximum de matchs de cette compétition, je vous jure même devant un Nouvelle-Zélande – Espagne, on rigole bien !

Oui, moi aussi il m'en faut peu pour m'amuser.
Oui, moi aussi il m’en faut peu pour m’amuser. (©TF1)

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