La relation franco-allemande à « l’heure d’une relance très significative « . C’est le message de l’Élysée, à quelques jours du 25e conseil des ministres franco-allemand (CMFA), le premier depuis l’investiture de Friedrich Merz par le Bundestag. Celui-ci doit se tenir ce vendredi 29 août à la préfecture maritime de la Méditerranée.
À Toulon donc. Parce que le président de la République souhaitait, la veille, pouvoir faire l’honneur au chancelier allemand de le recevoir au fort de Brégançon (lire par ailleurs). C’est dire si « l’intimité franco-allemande est un fait majeur de notre politique étrangère et un pilier de notre stratégie à la fois européenne et internationale ». Dixit l’Élysée.
Efficacité et compétitivité
Objectif: une Europe plus efficace et en compétition avec l’international. En tout cas pour le premier volet du CMFA, qui se tiendra en matinée en présence de dix ministres de chaque pays. Il sera notamment question de synchronisation des mesures et des points sur lesquels « nous avons à agir ensemble pour que, à Bruxelles, nous disposions de tous les outils, notamment budgétaires, permettant d’assurer la souveraineté de l’Europe et lui donner la puissance ».
Simplification économique et de la législation, commerce, stratégie industrielle et d’énergie… Et puis bien sûr le numérique et l’intelligence artificielle ou encore l’espace, comme autant de sujets sur lesquels le couple franco-allemand veut disposer d’un agenda de compétitivité.
Copieux déjeuner
Le maître-mot de la rencontre devrait ainsi être « convergence ». En effet, le programme de travail visera à « faire converger nos approches ». Dans ce but, une deuxième partie de la rencontre, sans doute à l’heure du déjeuner, abordera des sujets de productivité, de marché du travail, d’emploi des jeunes et des seniors. « On essaye de se coordonner sur les réformes respectives qu’on mène dans les champs économiques et sociaux », explique l’Élysée.
Une coopération bilatérale à articuler aussi autour des enjeux migratoires, frontaliers et de protection civile, ou encore en matière de culture. Copieux menu au repas de midi!
Les questions de défense et de sécurité seront, elles, abordées dans l’après-midi au cours d’un troisième volet sous forme d’un conseil dédié. En présence des ministres des Armées (Sébastien Lecornu et Boris Pistorius) et des ministres des Affaires étrangères (Jean-Noël Barrot et Johann Wadephul), Emmanuel Macron et Friedrich Merz devraient s’entretenir de leur « vision partagée de ce qui est nécessaire pour l’Europe ».
Se préparer aux confrontations de demain
Ils parleront à la fois de projets industriels – l’avion de combat ou le char du futur – et de stratégie, afin que « les Européens soient prêts aux confrontations de demain ».
Les échanges devraient ainsi être soutenus sur les grands dossiers du moment, l’Ukraine en tête, le Moyen-Orient et la crise nucléaire iranienne juste derrière.
L’Élysée insiste: « Il ne s’agit pas d’une grand-messe, mais bien d’un moment d’action. » La journée ne devrait ainsi pas se conclure par une déclaration formelle. Plutôt par une série de feuilles de route et de projets concrets, secteur par secteur. C’est de cette manière, les deux pays en sont convaincus, que le réflexe franco-allemand sera remis au goût du jour.
Des chanceliers à Brégançon
La tradition est à l’alternance lorsqu’il s’agit du conseil des ministres franco-allemand. Et puisque le précédent, en mai 2024, s’était tenu au château de Meseberg, non loin de Berlin, c’est au tour de la France d’accueillir la rencontre bilatérale, qui se tient une fois par an, parfois deux, depuis 2003. Elle le fait généralement en dehors de la capitale.
Si c’est Toulon qui a été choisie, c’est en raison de sa proximité avec le fort de Brégançon. Emmanuel Macron souhaitait faire l’honneur à Friedrich Merz d’ »une marque d’attention particulière » en le recevant dans la résidence d’été des présidents de la République. Le chancelier allemand dînera donc avec le chef de l’État français ce jeudi 28 août.
Déjà il y a tout juste cinq ans, le 20 août 2020, le Président français recevait la chancelière allemande Angela Merkel à Brégançon. Trente-cinq ans plus tôt, c’est François Mitterrand qui, le 24 août 1985, conviait Helmut Kohl.