« J’ai voulu lui faire peur. Je ne savais pas que l’arme était chargée », prétend avec vigueur Karim Khedhri, depuis le box des détenus du tribunal correctionnel de Nice, ce lundi. Le mercredi 19 août, armé d’un revolver, il avait tiré et blessé à la cuisse un commerçant niçois.

Ce soir-là, il est 23 heures lorsqu’il se présente au Mini Market de la rue François-Guisol et demande à Hosem, le gérant, de bien vouloir charger son téléphone portable. Le commerçant accepte, mais quand il se retourne pour brancher l’appareil, il aperçoit l’individu dérober une bouteille de whisky. Il intervient, l’insulte et le pousse hors de son magasin. Mais l’homme revient quelques minutes plus tard, armé d’un revolver et tire en direction de Hosem. Une scène surréaliste à laquelle assistent les clients de la supérette. Le projectile traverse la cuisse sans occasionner d’atteinte vasculaire ou nerveuse. Un miracle.

Karim Khedhri est interpellé le 21 août rue de Belgique. Dans l’appartement qu’il loue au port de Nice, la police découvre l’arme de poing dans son étui marron décrit par la victime. Un revolver à barillets six coups avec cinq cartouches en amorce.

« Je venais de trouver l’arme dans la rue »

« Vous auriez pu le tuer. Vous en avez conscience? », l’interroge la présidente Marion Menot.

« Il m’a cassé les dents, j’ai pété les plombs, se justifie dans le box, le petit homme à la frêle silhouette, avant de préciser: En me secouant, mon dentier est tombé et s’est cassé. J’avais l’arme sur mois. Je venais de la trouver dans la rue vingt minutes plus tôt. Enfin, c’est une femme du quartier qui fait les poubelles qui l’a trouvée mais elle n’a pas voulu la prendre. J’ai pensé que c’était une arme de collection. Je l’ai récupérée parce que je voulais la revendre. Je ne savais pas qu’elle était chargée. Je voulais seulement faire peur au gérant mais le coup est parti ».

« On n’en saura pas plus sur la provenance de l’arme. Qu’il l’ait eue depuis vingt minutes ou plusieurs jours ne change rien à la donne », tranche la procureure Julie André, qui demande au tribunal de le condamner à 4 ans de prison, dont un avec sursis probatoire.

L’homme, père de deux enfants de 13 et 14 ans et d’un troisième à naître, n’est pas inconnu de la justice. Loin de là. Il a été condamné à 22 reprises pour des violences, des vols, des délits routiers et un homicide involontaire. Le 22 août, il était convoqué pour répondre de violences sur sa compagne enceinte de 6 mois. Consommateur d’alcool et de stupéfiants, suivi pour des troubles psychiques, son profil inquiète particulièrement la justice. L’expert qui l’a examiné exclut cependant toute dangerosité psychiatrique et ne conclut pas à une abolition ni une altération du discernement.

« Il n’y a pas eu d’intention homicide de sa part. Son parcours judiciaire chaotique résulte d’un échec dont il est responsable, mais peut-être que la réponse pénale n’a pas été adaptée jusqu’à présent, et qu’il n’a pas reçu les soins adaptés pour sortir de cette situation de perdition », plaide en défense Me Maxime Gratepanche, qui invite le tribunal à ramener la peine suggérée par le parquet « à de plus justes proportions ».

Le tireur du Mini Market est finalement sanctionné de 4 ans de prison, dont 18 mois avec un sursis probatoire de 2 ans, avec interdiction de porter une arme pendant 10 ans.