Une trentaine d’auteurs – pas seulement de la région d’Ottawa-Gatineau, mais des plumes provenant de l’ensemble du Québec – convergeront au Centre de conférences du Pontiac, le samedi 6 septembre.

L’événement, entièrement gratuit, entend mettre la langue française ainsi que les enjeux concernant son rayonnement au cœur du Pontiac.

De 10 h à 16 h, on pourra y croiser notamment Katia Canciani, Julie Huard, Martine Labonté-Chartrand (qui viendra signer son 38e roman) ou encore la cinéaste Annie Coutu, ainsi que plusieurs Franco-Ontariens, dont Bytchello Previl, Michèle Vinet et la poétesse Nicole V. Champeau.

Des séances de dédicaces, des animations familiales, une conférence – animée par Marc La Ferrière, auteur de D’ici à là: la vie et le parcours d’un agent des services secrets canadiens – et une table ronde réunissant six personnalités désireuses de partager leurs points de vue sur «la protection et la diffusion du français», sont au menu de cette journée.

L’instigatrice de ce salon francophone est l’écrivaine Sandra Lemire Wolf, auteure de cinq romans, dont deux publiés sous le nom de Salem Wolf.

Après avoir bourlingué aux quatre coins de la planète, cette ex-journaliste d’origine montréalaise a élu domicile dans le Pontiac en 2019, quand elle a déposé ses bagages à Sand Bay, en bordure de Shawville.

Derrière ce geste avant tout culturel, il faut aussi voir un geste «un peu» politique, qui cherche à «faire un pied de nez aux Anglais», reconnait Sandra Lemire Wolf, qui a elle-même illustré l’affiche du salon coulongien… sur laquelle se dresse un fortin érigé à partir de livres. «L’affiche est unilingue», fait-elle fièrement valoir. «Après tout, le bilinguisme [au Québec], c’est le français d’abord!»

L'affiche de la première édition du Salon du livre de Fort-Coulonge, bastion francophone du Pontiac, a été conçue par Sandra Lemire Wolf.

Durant la plus récente édition du Salon du livre de l’Outaouais, l’auteure a approché des responsables de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais, qu’elle a fini par convaincre de chapeauter un petit salon littéraire dans la MRC du Pontiac. De tels petits salons ont fleuri en Outaouais dans les trois dernières années; on pense au Festival du livre des indépendants (dont la prochaine édition se tiendra à Buckingham le 18 octobre) ainsi qu’au Salon du livre de Maniwaki (qui, après avoir sauté l’année 2024, tiendra une deuxième édition le 20 septembre).

Entre-temps, le c.a. de l’Association a été renouvelé et le dossier Coulongien a pris la poussière, ce qui a incité Mme Lemire Wolf à prendre le taureau par les cornes et à organiser elle-même l’événement.

Il n’y a aucun salon du livre dans le Pontiac… et pas même le moindre book fair du côté anglophone, mentionne-t-elle au passage.

Sentiment anti-franco

Au fil de sa carrière, elle a pas mal voyagé et, grâce à son conjoint membre des Forces armées canadiennes, elle a vécu «un peu partout».

«En arrivant dans le Pontiac, j’ai vraiment eu sentiment de frapper un mur, en découvrant [ce qui à mes yeux relève d’une forme] d’antipathie envers la langue française», partage-t-elle au téléphone.

Lorsqu’elle a posé ses valises dans cette MRC très fortement anglophone, «au début, les gens venaient me demander: ‘Vous êtes qui? Vous êtes parents avec qui?’» Il lui est arrivé de se faire dire: ‘Vous n’avez rien à faire ici!’.

«C’était limite agressif, parfois…», résume-t-elle

Invité du Salon du livre de Fort-Coulonge, l'auteur Marc La Ferrière viendra présenter son livre <em>D'ici à là</em>, sous-titré <em>La vie et le parcours d'un agent des services secrets canadiens</em>.

Sandra Lemire Wolf a donc décidé de profiter du «phare» francophone qu’est Fort Coulonge – municipalité d’à peine 1500 âmes, mais dont la «population est à 81 % francophone, contrairement au reste du Pontiac où l’anglais prévaut», estime-t-elle – pour y implanter ce salon littéraire.

Des livres à gagner

«À Fort-Coulonge, il n’y a pas de librairie», note-t-elle à regret, «juste une toute petite bibliothèque».

«C’est de plus en plus difficile d’intéresser les gens au livre. Pourtant, on n’est jamais seul, avec un livre. Et c’est pour ça qu’on va faire gagner des lots de livres.»

L’entrée est gratuite, mais moyennant 5 $, les visiteurs pourront courir la chance de remporter un lot de livres comportant un exemplaire de chacun des invités. La station de radio locale CHIP FM, partenaire de l’événement, a commencé à offrir des billets en vue du tirage.

«On a vraiment une belle brochette d’auteurs», dit-elle en survolant sa liste d’invités où figurent aussi l’auteure jeunesse Claire Huneault (la série jeunesse «Thé, élixir et linaigrette»), Sébastien Beaudoin, Marie-Thérèse Béland, Gaetan Bergeron, Ginette Bertrand, Yves Breton, Serge Cham, Christiane Dongmo Schunmeler, Gervais Deschênes, Ghislain Larocque, Lise Larose, France Légaré, Normand Nadon, Benoit Paré, Ginou Pierre Taverne, Carlo Veilleux, Ghislaine Vermette, Henriette Mvondo.

«Pour tous les goûts»

«Il y en a pour tous les goûts: du documentaire autant que du roman jeunesse, du roman léger [ou plus copieux], et même du roman historique», avec Les oiseaux bleus de Yanick Baudequin, dont le titre renvoie aux infirmières canadiennes à l’époque de la Première Guerre mondiale.

Sandra Lemire Wolf, alias Salem Wolf.

«On aura aussi des choses très d’actualité», indique-t-elle en évoquant cette fois la journaliste du Ottawa Citizen Brigitte Pellerin (le livre Über), qui a récemment publié La bataille pour le siège de Pierre Poilievre, ou encore l’ex-pompier Normand Nadon, auteur de L’incontournable vérité sur l’alcool, paru le mois dernier, qui raconte son très autobiographique combat contre l’dépendance.

«Plusieurs de ces auteurs ont publié des livres dans les deux langues; il n’y a pas de problèmes, ils [les titres anglophones] sont les bienvenus», lance Lemire Wolf, tout sourire.

Le rayonnement de la culture

D’autres invités sont, comme elle, résidents du Pontiac. C’est le cas de Benoit Paré qui, rappelle-t-elle, «a signé un volumineux ouvrage sur le patrimoine de Fort-Coulonge». Retraité de l’enseignement, M. Paré est aussi un des piliers de l’association Phare Ouest, qui organise des activités culturelles (cinéma, poésie, etc.) dans les municipalités de Fort-Coulonge et Mansfield.

C’est la raison pour laquelle il a été invité à participer à la table ronde portant sur les enjeux liés au rayonnement de la culture francophone et aux difficultés de «continuer à parler français» dans le Pontiac.

L'auteure Julie Huard, à droite, en compagnie de la directrice du Festival des écrivain.e.s de Wakefield, Hélène Giroux.

Autour de cette table, on retrouvera aussi l’auteure Julie Huard, collaboratrice à l’animation du Festival (bilingue) des écrivains de Wakefield; une enseignante de français de l’école secondaire Sieur-de-Coulonge, Isabelle Nadeau; l’ancienne présidente de l’AAAO, Marie-Thérèse Béland; et sans doute un représentant du réseau des bibliothèques du Pontiac, avance l’organisatrice.

Leurs échanges seront animés par Sandra Lemire Wolf qui, avant de se consacrer à l’écriture, a eu une longue carrière de journaliste, sous le nom de Salem Wolf. Elle a d’abord été journaliste sportive, spécialisée en Formule 1, puis a collaboré au Grand Journal, à l’antenne de TQS et, à la radio, à La jungle de Gilles Parent, à Québec.

«Après, ce n’est pas seulement pour le plaisir de faire un pied de nez aux Anglais que je fais ça; le but, c’est quand même d’avoir un bel événement, autant pour les auteurs que pour les gens de la région», tempère Mme Lemire Wolf. Elle espère bien réussir à remplir le Centre de conférences du Pontiac, dont la capacité d’accueil est de 400 personnes.

«C’est un bâtiment d’époque avec une grande salle de bal et un très beau cachet», souligne-t-elle, sans s’empêcher de rêver au jour où elle pourra «déborder» du lieu et tenir certaines activités du salon dans la nature.

Renseignements : Salon du livre de Fort-Coulonge