Publié le 26 août 2025 à 11h58

Erin est né au large de l’Afrique, s’est développé à un rythme fulgurant, a inondé les côtes états-uniennes sans même les toucher, puis se prépare à sévir jusque dans les Alpes après un périple de plus de 13 000 km. Itinéraire d’une tempête hors-norme.

Très long périple

L’été 2025 aura vu s’élancer Erin, un ouragan exceptionnel par sa taille et sa rapidité de renforcement, depuis les eaux tropicales jusqu’à l’Atlantique nord. Après avoir esquivé la côte est des États-Unis, mais non sans causer de sérieux problèmes, Erin se mue désormais en une puissante zone de basse pression post-tropicale, dont les effets sont attendus sur le Royaume-Uni, l’Espagne, la France, la Belgique, et même l’Italie, l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche.

ERIN1Des vagues géantes

Les restes d’Erin devraient passer à l’ouest de l’Irlande dès lundi, générant une semaine de temps frais, humide et instable sur l’Europe occidentale. Des bandes pluvieuses accompagnées de vents soutenus sont prévues. Les côtes d’Irlande, de France, d’Espagne et du Portugal pourraient voir l’arrivée de houles très imposantes, dignes des vagues hivernales, défiant les normes estivales. Des endroits comme Nazaré au Portugal, reconnu pour ses gigantesques vagues très prisées par les experts de surf, pourraient connaître un véritable déchaînement de vagues géantes allant jusqu’à 5 mètres.

ERIN2Jusqu’aux Alpes

Même si Erin est désormais un système en pleine déperdition tropicale, son influence ne s’arrête pas aux plaines. En interagissant avec le courant-jet et les hautes chaînes, ses restes pourraient provoquer une hausse notable des précipitations en altitude, avec des averses orographiques sur les Alpes. Il y a également un risque localisé de crues éclairs sur les versants exposés, notamment au sud et à l’ouest des Alpes, où les pluies pourraient s’intensifier. De forts vents sont également attendus dans plusieurs secteurs. Dans toute la France, les rafales pourraient atteindre 80 km/h vendredi après-midi.

ERIN3Bon à savoir :

Les averses orographiques surviennent lorsqu’une masse d’air humide est forcée de s’élever en rencontrant un relief, comme une chaîne de montagnes. En montant, l’air se refroidit, ce qui condense la vapeur d’eau et déclenche la formation de nuages et de précipitations sur le versant exposé au vent. Plus l’air est chargé d’humidité et plus le relief est abrupt, plus les pluies peuvent être intenses. De l’autre côté de la montagne, sur le versant « sous le vent », l’air redescend, se réchauffe et s’assèche, créant souvent une zone beaucoup plus sèche, connue sous le nom d’ombre pluviométrique.

ERIN4Un rappel

Cette situation rappelle que même un ouragan désamorcé peut provoquer des réactions climatiques en altitude, notamment en accentuant le contraste entre l’air doux des basses couches et les masses froides qui remontent depuis la Méditerranée. Depuis sa naissance dans les tropiques jusqu’à sa finale en dépression post-tropicale, Erin nous rappelle la puissance et la mobilité des phénomènes météo extrêmes.

Avec la collaboration de Nicolas Lessard, météorologue.

IMAGES SAISISSANTES : un orage se déchaîne au Saguenay