C’est un épisode auquel François Bayrou n’a cessé de penser depuis son arrivée à Matignon, en décembre dernier… Il ne s’agit pas de la fameuse crise suédoise des années 1990, ou de la tempête qui a failli emporter nos voisins du sud de l’Europe il y a une dizaine d’années. Mais c’est de l’autre côté de la Manche que se trouve pour le locataire de Matignon notre reflet le plus ressemblant…
Cet épisode, le Premier ministre n’a pas manqué de le rappeler lors de sa conférence de presse de rentrée ce lundi 25 août, peu avant l’annonce de l’engagement de la responsabilité du gouvernement le 8 septembre prochain : c’est la crise budgétaire qui a secoué le Royaume-Uni à l’automne 2022.
« La Grande-Bretagne, un des plus influents des grands pays du monde […], la place forte des banques, des financiers et des boursiers, renversée en six semaines. La France ne peut pas ignorer ce danger. Elle ne peut pas ne rien faire. Elle court à l’accident si elle ne prend pas des décisions courageuses », a averti François Bayrou.
Alertant sur une France « au bord du surendettement » avec sa dette publique frôlant les 114 % du produit intérieur brut (PIB) et sa charge de la dette qui est déjà le premier poste de dépenses de la nation (66 milliards d’euros), le Premier ministre a décidé de mettre la représentation nationale face à ses responsabilités et d’engager son gouvernement pour que les Français prennent conscience de l’urgence de la situation.
Panique sur les marchés
Mais quel est donc ce danger dont parle François Bayrou ? Petit retour en arrière. Il y a presque trois ans pile, le 5 septembre 2022, la conservatrice Liz Truss, ancienne cheffe de la diplomatie britannique, prenait les rênes du gouvernement britannique, succédant au tonitruant Boris Johnson, le père du Brexit, au 10 Downing Street.
Souvent comparée à Margaret Thatcher, la « Dame de Fer », elle va pourtant précipiter en quelques semaines son pays dans le chaos, à cause d’un « mini-budget » censé redresser la croissance et freiner une inflation à deux chiffres. Paquet énergétique pour limiter la hausse des prix de l’énergie, baisses massives d’impôts de 45 milliards de livres (du jamais-vu depuis 1972)… Mais ce plan de plusieurs centaines de milliards de livres n’est absolument pas financé.
À LIRE AUSSI Abolition des privilèges : le pétard mouillé de François BayrouL’effet est dévastateur : la panique sur les marchés financiers se répand comme une traînée de poudre. Les investisseurs fuient, la livre sterling dégringole et les taux d’intérêt des obligations flambent. Même le FMI intervient et préconise au gouvernement de faire marche arrière. Les fonds de pension britanniques sont au bord de la faillite, et c’est la Banque d’Angleterre qui est obligée d’intervenir pour calmer les marchés financiers. Heureusement pour nos voisins, le pire est évité : Liz Truss démissionne au bout de 44 jours et le Royaume-Uni évite une grave crise des finances publiques.
À Découvrir
Le Kangourou du jour
Répondre
Pourquoi alors rappeler cet épisode s’il se termine bien ? La crise britannique nous livre une leçon importante. Même un pays puissant peut se retrouver pris dans une telle tourmente. À cette époque, la dette britannique ne dépassait même pas les 100 % du produit intérieur brut. Personne n’imaginait à l’été 2022 que le Royaume-Uni aurait pu se retrouver quelques semaines plus tard au bord du gouffre.
Plus que les chiffres et les calculs compliqués des économistes, c’est avant tout la foi dans la politique menée et la capacité à tenir ses engagements qui déterminent la confiance que nous accordent des emprunteurs, qui peuvent du jour au lendemain décider de nous la retirer, sans coup de semonce. Mais elle est aussi synonyme d’espoir. Il est toujours possible de redresser la barre, même en pleine tempête.
Toute l’actualité à 1€ le premier mois
ou