De notre envoyé spécial à l’Adidas Arena,
Les énormes vagues de chaleur qui ont touché la France ces dernières semaines ont été remplacées par des températures, certes élevées, mais encore très supportables. Plus besoin de passer sa journée dans le congélateur ou dans les grottes du Périgord pour avoir un air frais. L’Adidas Arena, où se disputent actuellement les championnats du monde de badminton aurait aussi pu être une bonne alternative pour les corps suants accablés par la chaleur.
Avec 21°C à l’ouverture de la compétition, lundi, la salle parisienne était un doux abri pour les spectateurs, qui ont quand même fait augmenter la température de 3,2°C ce mardi matin. « Il fait peut-être un peu plus chaud que d’habitude, nous a expliqué l’Indonésien Jonatan Christie, après sa victoire au premier tour. Mais comme j’étais déjà là aux JO l’année dernière, j’avais déjà un peu l’habitude de ces conditions, ça me convient. »
C’était moins le cas de l’Ukrainienne Polina Burhova : « C’était vraiment dur pour moi, je n’arrivais pas à trouver les angles, il y avait beaucoup de vent. » Non pas que l’Adidas Arena soit ouverte aux courants d’air, mais la climatisation réserve quelques surprises aux joueurs et joueuses. Mais l’antre habituel du Paris Basket est loin d’être la seule, et surtout le pire, sur le circuit.
Singapour, la salle la plus venteuse
Dans le top 3 des salles où la clim rend les joueurs fous, la Thaïlande, la Malaisie et Singapour reviennent immédiatement dans les bouches de tous les badistes et staff interrogés, avec la palme d’or pour le tournoi disputé dans la cité-Etat. Dans ces salles asiatiques, l’air conditionné n’est pas forcément intégré à la structure et ce sont souvent des climatisations portatives qui sont installées au bord des terrains. Bienvenue en enfer, comme l’indique Christo Popov, 10e joueur mondial :
« « Ça va envoyer des jets d’air, contrôler le volant est parfois très difficile. Tous les joueurs, même les tops mondiaux le disent, il y a un côté qui est plus facile, un côté où c’est un cauchemar. Il y a beaucoup de tournois en Asie où les premiers tours, même si le n°1 joue le 40e mondial, il y a trois sets parce que du côté catastrophique, tu ne peux rien faire. » »
Si les conditions peuvent changer d’un côté du terrain à l’autre, elles peuvent aussi évoluer en fonction des terrains. Un sacré casse-tête qui peut engendrer son lot de colère. « A Singapour, nous avons perdu parce qu’on ne pouvait pas bien s’adapter aux conditions, se rappelle Kestutis Navickas, entraîneur d’Alex Lanier. C’est un peu frustrant pour les joueurs de ne pas jouer un bon badminton à cause de la climatisation. »
« Ce n’est plus le même sport »
« C’est plutôt atroce, ça change tout ton jeu, explique justement Alex Lanier. Il y a des salles où c’est très venteux, donc tu ne peux pas jouer grand terrain, où on fait les quatre coins, on peut faire des lobs c’est très facile. Il y a des micro-contraintes tout le temps. Là où on va avoir des matchs qui vont durer trois sets, une heure, une heure et demie dans des salles avec des conditions normales, dans des salles venteuses ça va être moins de temps, parce qu’il va y avoir beaucoup plus de fautes. »
L’échauffement avant les matchs n’est souvent pas assez suffisant pour s’adapter à ces particularités. Le premier tour non plus. « Tu commences à t’habituer au vent, aux conditions qui sont très extrêmes, quand t’arrives au troisième tour, en quart de finale, reprend Alex Lanier (n°7 mondial). Là, les matchs commencent à être un peu plus intéressants, ce n’est plus le même sport. » Encore jeune (20 ans), le Normand va finir par s’habituer au circuit et retrouver ces salles venteuses plus régulièrement, où les Asiatiques ont leurs marques.
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Et il a également mis en place un travail avec son entraîneur pour tenter de répondre au mieux aux exigences des arènes asiatiques. « Il ne s’agit pas seulement de créer les conditions, le vent ou autre chose, mais plutôt de créer les exercices selon les conditions, explique Kestutis Navickas. Nous devons développer les compétences techniques et tactiques en France pour pouvoir jouer dans certaines conditions. Nous essayons aussi d’aller dans différents centres d’entraînement, qui ont différentes conditions, et nous essayons de nous adapter. Plus on s’adapte, plus nous créons une sorte d’habitude ou d’instinct. »
Delrue et Gicquel, les spécialistes du vent
L’habitude et l’instinct avec le vent, Thom Gicquel et Delphine Delrue l’ont. Selon leur entraîneur, Jeppe Ludvigsen, qui a été coach aussi au Danemark et en Allemagne, la paire de double mixte est l’une des meilleures à s’adapter aux différentes climatisations, comme ils l’ont récemment prouvé en remportant l’Open d’Indonésie en juin (l’équivalent d’un tournoi du Grand Chelem en tennis).
« Plus il y a de vent, plus le jeu se resserre et plus c’est difficile tactiquement, et ça, on aime bien, en sourit le jeune homme. Ce n’est pas vraiment une spécialité, c’est juste comment t’arrives à t’en servir pour performer. Il y a des côtés plus rapides, d’autres plus lents. Si t’es du côté qui va plus vite, tu vas par exemple t’avancer parce que les mecs vont lober et faire plus de fautes. »
Les descendants d’Eole auront l’occasion de montrer leur incroyable talent dès mercredi, pour leur entrée en lice dans le tableau du double mixte, où ils sont tête de série. Avec l’espoir de ramener la première médaille mondiale de l’histoire de la discipline. Attention quand même au coup de clim.