THOMAS SAMSON / AFP
Le Premier ministre français François Bayrou regarde son téléphone lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 30 avril 2025.
POLITIQUE – Le ton grave, François Bayrou a repris certaines de ses comparaisons favorites, ce lundi 25 août en conférence de presse, afin d’alerter les Français sur la charge de la dette publique. De cette allocution, qui avait suscité bien des spéculations, la classe politique a essentiellement retenu le coup de poker du Béarnais : un vote de confiance le 8 septembre, annoncé d’ores et déjà comme funeste pour l’exécutif.
Dans le long menu des menaces pesant sur la santé économique française, certains arguments ont néanmoins fait tiquer à gauche comme à l’extrême droite. Après avoir évoqué un peu grossièrement l’exemple de l’éphémère gouvernement de Liz Truss au Royaume-Uni, François Bayrou a tiré le constat que « la dette, c’est chacun d’entre nous », en affirmant que « ce ne sont pas les gouvernements qui la consomment ». Le Premier ministre cite ainsi les « dépenses courantes » et la « protection » qui pèsent sur les caisses de l’État. « Je pense au Covid, aux retraités pour quelques 600 milliards, aux consommateurs en TVA réduites, aux fonctionnaires en salaires, aux assurés sociaux massivement, aux entreprises en baisses de charges », a-t-il détaillé.
Pour illustrer son propos, le locataire de Matignon a de nouveau utilisé une formule qu’il avait déjà fait sienne en avril : « c’est comme si chaque Français devait 50 000 euros à sa banque ». Une comparaison déjà jugée hasardeuse dans les colonnes du Monde, par Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques : « La dette publique est mutualisée. Et le ménage doit rembourser sa dette avant sa mort, alors que l’Etat peut transférer la sienne aux générations suivantes ».
« Une fake news abominable »
L’exposé économique du Premier ministre a quoi qu’il en soit fait bondir les adversaires du macronisme. Eric Ciotti, l’alliée de Marine Le Pen, a ainsi fustigé « une fake news abominable » , jugeant les Français « victimes », mais « pas coupables, de l’inconséquence et de l’incompétence gouvernementale ! ». Le député RN Jérôme Buisson a lui aussi renvoyé la « dette » à ceux « qui la construisent année après année de la gauche à la droite ».
Un « constat » également jugé « culpabilisant » et « méprisant » à gauche, où l’on pointe du doigt les « cadeaux » aux entreprises. « Il y a 650 000 pauvres en plus cette année, du fait des mêmes politiques qui sont appliquées depuis huit ans », a tonné sur BFMTV, la députée insoumise Aurélie Trouvé. « C’est la politique de l’offre, ses baisses d’impôts sur le capital et les grandes fortunes, qui a fait plonger les recettes ! », insiste encore le député de gauche Emmanuel Maurel. Dans les rangs de l’opposition, on prend un malin plaisir à rappeler que la dette a augmenté de plus de 1000 milliards en huit ans.
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Dans le sillage du gouvernement, ses alliées brandissent eux la carte de la « responsabilité » face à « l’urgence » décrite par le Premer ministre. « Le 8 septembre (…) on verra qui s’intéresse réellement à l’avenir du pays et au redressement de nos comptes et qui fait de la politique politicienne sur le dos des Français », met ainsi en garde le député EPR, Matthieu Lefèvre, contre ceux qui veulent « le chaos ».