Par

Fabien Binacchi

Publié le

26 août 2025 à 17h03

Ils avaient repris cette institution du Vieux-Nice il y a six ans. Mais aujourd’hui, ils disent « stop ». Angélique et William Villain rendent leur tablier. Les gérants du Romarin « ont vendu ». L’établissement installé à deux pas de la place Rossetti servira ses derniers clients ce jeudi 28 août 2025. Le couple « n’en pouvait plus », confie-t-il à actu Nice. « La restauration est un secteur qui devient vraiment compliqué », souffle le chef. Ils racontent.

Le Covid, puis des clients en moins

Le Romarin, 2 place de la Halle aux herbes, vit au rythme des spécialités locales depuis 1860, une année pleine de symboles pour le comté de Nice : celle de son rattachement à la France. En débarquant de leur Normandie, Angélique et William Villain, 46 et 57 ans, étaient plein d’espoir et de bonne volonté pour faire perdurer la très longue tradition de l’établissement. Le couple n’aura pas été épargné.

« On a acheté en octobre 2019. Et le Covid nous est directement tombé dessus. Ça a été le premier coup dur. Puis, les tour-opérateurs américains avec qui on travaillait et qui nous envoyait beaucoup de groupes ont fini par faire faillite. C’est une belle partie de notre chiffre. »

William Villain

Le restaurant, ouvert huit mois sur douze dans ce secteur ultra-touristique de la cinquième ville de France, souffre. Et c’était sans compter la crise que traverse actuellement la restauration. Les chiffres, dans toute la France, sont en berne.

« Ce n’était déjà pas beau l’année dernière, mais là, c’est le pompon ! », confirme Angélique Villain. La patronne a fait ses comptes. Elle explique que la fréquentation de son établissement est en baisse de 24% par rapport à l’été 2024, qui n’était déjà pas… folichon.

Des plats partagés pour faire baisser la note

Et il faut ajouter à cela le ticket moyen qui a eu tendance à fondre, en général, cette année : jusqu’à 30% moins cher que l’an dernier, selon des données nationales de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Au Romarin, où les Villain se désolent de voir certaines tables partager les plats ou ne prendre que des entrées, il est à 22 euros : « Effrayant ». Et surtout pas suffisant pour faire des fortunes. Loin de là.

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« Financièrement, ça va encore parce qu’on ne dépense pas à outrance. Mais on fait attention parce que ce dernier été a été vraiment compliqué. »

Angélique Villain

Les habitudes de consommation qui « ont peut-être changé » et surtout « la baisse du pouvoir d’achat » qui est passée par là : « On comprend la situation, c’est dur pour tout le monde », tranche le mari. « Les gens réfléchissent à deux fois avant d’aller au restaurant. Au lieu de faire deux sorties, ils n’en font qu’une, avance-t-il. Il faut aussi pouvoir faire plaisir aux enfants. Ils vont un petit plus dans les snacks où ça coûte moins cher. »

La question des prix

Les tarifs pratiqués sont effectivement montrés du doigt. Notre article paru ce lundi 25 août et relatant les difficultés des restaurateurs du Vieux-Nice, a beaucoup fait réagir à ce sujet. « À trop tirer sur la corde, les restaurateurs finissent par le payer », appuie un internaute. « Ils n’ont qu’à arrêter de mettre des prix de malade », s’emporte un autre.

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S’il peut y avoir des « abus » comme le soulignent plusieurs commentaires, la plupart des restaurateurs jurent qu’ils essaient de composer au mieux. À 19,20 euros l’assiette de poulpe grillé, servie avec riz et ratatouille ce lundi 25 août, le Romarin montre l’exemple.

Et ce, malgré « le coût des charges qui ne fait qu’augmenter » et « les 14 à 15 heures de travail quotidien », note encore William Villain.

« On va essayer de se retrouver un petit peu »

Une équation qui n’aura pas tenu sur la durée. Également animé par une envie de « changement », le couple, arrivé à « la fin d’un cycle », va donc baisser le rideau. Une décision prise depuis un an et demi et qui n’a été que confortée par ce dernier été « catastrophique ». Le restaurant niçois va fermer comme comme 25 autres établissements, chaque jour en France, d’après les chiffres très préoccupants de l’Umih.

« On n’en pouvait plus », souffle l’épouse. Après un dernier service jeudi, ou peut-être vendredi, « on va déjà se recentrer sur nous-même », poursuit-elle. « On va essayer de se retrouver un petit peu et puis peut-être qu’on se relancera dans quelque chose par la suite. Mais, pour l’instant il n’y a rien de défini. »

Quant à l’avenir du Romarin ? « C’est un nouveau propriétaire qui récupère le lieu, ça sera complètement différent, indique la quadragénaire. Ils démarrent les travaux début septembre. Ils ouvriront un ou deux mois après ». Avec une formule gagnante ?

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