Après deux saisons prolifiques dans son club formateur de Béziers (30 essais en 52 matchs), Gabin Lorre s’apprête à découvrir le Top 14 avec le Lou. À Lyon, il est vu par beaucoup comme le successeur de David Niniashvili. Mais l’arrière souhaite écrire sa propre histoire avec son nouveau club !

Comment se passent vos premiers pas dans cette ville de Lyon ?

Très bien ! Je ne connaissais pas du tout cette ville, et même cette région, à part Valence, Grenoble et les Alpes où j’allais skier avec mes parents. Je suis agréablement surpris par cette ville, les gens sont très gentils. Mais, pour l’instant, il n’y a pas trop de monde. Si j’ai bien compris, il y a beaucoup plus de monde en période scolaire ici que pendant l’été. Je vais au stade à vélo, j’ai entre dix et quinze minutes depuis chez moi. Nous sommes plusieurs à habiter à côté, avec Alfred Parisien, Théo William, Félix Lambey… On se croise dans les rues à vélo ou à trottinette en allant à l’entraînement. Des fois, quand j’ai un peu le temps, je passe par les quais. J’évite de prendre la voiture parce que c’est plus agréable pour l’instant à vélo, mais je pense que je ne dirai pas la même chose d’ici deux, trois mois avec la météo… (sourire)

Avez-vous déjà mangé dans un bouchon ?

J’en ai fait un. Mais j’attends le passage de mes parents car ma mère veut vraiment y aller ! Je dois quand même en tester un peu pour lui trouver le meilleur. Sinon, j’ai fait pas mal de restaurants aux alentours de chez moi et je pense qu’on ne se trompe pas quand on dit que c’est la ville de la gastronomie !

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Du neuf au quinze, beaucoup de vos coéquipiers ont une certaine appétence pour les relances ballon en main. Cela semble coller avec votre profil. Comment vous êtes-vous adapté à ce collectif ?

Les automatismes sont en train de se créer car, sur les premières semaines, nous n’avons pas trop touché le ballon. Nous l’avons davantage fait lors de notre semaine de stage (du 17 au 22 août) et c’était plaisant, même à subir car, dès qu’il y a une erreur, ça va très vite en défense ou en attaque. C’est facile, pour moi, de jouer avec des mecs comme Vincent Rattez ou Ethan Dumortier sur les ailes. Les internationaux commencent petit à petit à s’entraîner avec nous, Baptiste Couilloud va revenir dans deux, trois semaines. Jouer à côté de ces grands noms, tu as l’impression que c’est facile parce que tu leur donnes le ballon et après ils font le reste ! Je pense aussi que le plus de choses que j’ai apprises à Lyon, c’est après avoir posé des questions aux mecs sur les positionnements et les automatismes à avoir à quels moments. J’ai pas mal pu échanger avec deux, trois joueurs, surtout Martin Méliande, qui m’a fortement conseillé sur le club et sur la ville au tout début de mon intégration. Franchement, tous les mecs sont tops ! Ça fait un peu phrase bateau, mais j’ai l’impression que ça fait déjà plusieurs mois que je suis là !

Vous êtes capable de jouer à l’arrière mais, à Béziers, vous avez aussi joué plusieurs fois sur l’aile. Allez-vous être fixé à un poste ou le staff compte sur votre polyvalence ?

J’ai signé en tant qu’arrière polyvalent sur l’aile. Mon poste principal c’est l’arrière, c’est aussi là où je me régale le plus. Avec l’ASBH, j’ai pu dépanner comme ailier en cours de match. J’y ai aussi démarré, mais c’était davantage au début de ma carrière. À Lyon, il y a une forte concurrence sur les ailes, avec que des internationaux ! Il y a Ethan Dumortier, Vincent Rattez, Monty Ioane, Jiuta Wainiqolo. Arthur Mathiron et Alfred Parisien peuvent aussi y jouer et des jeunes poussent derrière ! Je souhaite évoluer à l’arrière, mais si je joue sur l’aile, cela sera avec grand plaisir, tant que j’engrange des minutes de jeu avec le Lou…

Sous le maillot biterrois, vous vous démarquiez en Pro D2 grâce à votre audace ballon en main mais aussi en défense, à l’image de vos interceptions réalisées tel un gardien de handball. En arrivant dans un club de l’élite et entourée des prestigieux noms que vous venez de citer, vous êtes-vous bridé dans votre jeu ?

À Béziers, c’est vrai que j’avais beaucoup de liberté dans mon jeu et mes prises d’initiatives. Je sais que ça marche et des fois non. C’est mon jeu. C’est vrai qu’il y a cette chance, cette part de réussite. Si jamais le rebond est de ton côté, tu te fais acclamer par le stade ; s’il est l’autre et que l’adversaire marque, tu te fais huer. Mais pour l’instant, je n’ai pas été bridé dans mon jeu. Je suis content là-dessus, dans le sens où j’avais un peu cette appréhension. Bien sûr, je suis resté dans mes standards. Je n’ai pas non plus trop tenté parce que j’ai envie de rester. J’apprends déjà le plan de jeu du club, mis en place par Karim Ghezal et Alan-Basson Zondagh. J’ai pu tenter, donc, mais j’ai aussi pu voir beaucoup de coéquipiers faire de même et ne pas se faire, on va dire, « engueuler ». Je pense donc que c’est ce que va prôner Karim pendant cette saison. Nous sommes une équipe, je pense, bourrée de qualités, que ce soit individuelle ou collective, avec des joueurs ayant beaucoup de facilité technique. Je crois qu’on peut se permettre de tenter des choses tout en restant dans le cadre du plan de jeu.

Lorre porté en triomphe à son départ de Béziers.

Lorre porté en triomphe à son départ de Béziers.
Icon Sport – Alexandre Dimou

Quelles sont vos attentes pour votre découverte du Top 14 ?

Elles sont claires pour tous les joueurs qui arrivent à passer de Pro D2 à Top 14 : c’est réussir à s’imposer et avoir le plus de temps de jeu possible. Cela va être de performer collectivement et ensuite individuellement pour pouvoir rester dans les standards du Top 14 et ne pas redescendre en Pro D2 aussi rapidement que certains joueurs. Je n’ai pas envie de me décevoir ainsi que tous les gens qui m’ont fait confiance pendant ces années où j’étais à Béziers. J’ai un exemple qui est très, très proche de moi. Raffaele Costa Storti a, lui aussi, fait ce passage-là l’été dernier en partant de Béziers pour le Stade français. Il a quitté la Pro D2 en star, je pense qu’il était dans le top 3 des meilleurs joueurs de la division. Il a fini six mois après dans le flop des recrues du Top 14… Je sais très bien que ça va très vite. Il va falloir faire attention.

Avez-vous échangé de cela ensemble ?

C’est une discussion que j’ai envie d’avoir avec lui. J’attends qu’il termine sa période de convalescence. On va se planifier un coup de téléphone. J’échange beaucoup avec Raf’ sur son arrivée à Grenoble et cette année un peu compliqué qu’il a eue à Paris. Je vais beaucoup parler avec lui pour essayer de ne pas faire les mêmes erreurs que lui.

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Beaucoup vous voient comme le successeur de Davit Niniashvili parti à La Rochelle à l’intersaison. Comment vivez-vous cela ?

Normalement ! Tout le monde l’appelle « Nini » dans le vestiaire parce que c’est quelqu’un qui était là depuis pas mal d’années. Il a contribué à beaucoup de succès au Lou, il a fait des choses extraordinaires. Félicitations à lui d’avoir signé aussi dans un club comme La Rochelle. C’est un joueur avec beaucoup de qualités, que je respecte. Je sais très bien que changer ou remplacer ce nom ne sera pas mon but. Je vais me concentrer sur mon jeu et tout simplement devenir le Gabin Lorre de Lyon. Je n’ai pas envie de devenir le remplaçant de ou le successeur de. J’ai juste envie d’écrire ma page au club.

Vous allez fouler la pelouse de Gerland (NDLR désormais le Matmut Stadium), longtemps antre des footballeurs de l’Olympique lyonnais. Est-ce spécial en tant que fan de l’Olympique de Marseille ?

Ça ne me fait pas grand-chose parce que je ne suis pas le seul supporter de l’OM dans le vestiaire. Plusieurs de mes coéquipiers étaient au Vélodrome ce week-end. On se chambre entre fans lyonnais et marseillais. Ça va être sympa quand il va y avoir des Olimpico (NDLR dès ce dimanche !) de mettre des pièces si jamais l’OM gagne les deux rencontres comme la saison dernière. Être à Lyon, cela me permettra potentiellement d’aller au Groupama Stadium voir des défaites de l’OL… Je rigole car je n’ai pas du tout une haine envers ce club. Au contraire, évoluer à Gerland c’est un honneur parce que c’est un antre mythique du sport français ! Un souvenir de foot dans ce stade ? Je n’ai pas oublié le 5-5 de 2009 !