Alors que le télétravail prend une place importante dans nos sociétés, des artisans stéphanois, empruntent le chemin inverse. Ils se trouvent aux Ateliers Singuliers, un espace partagé où ébénistes, maroquiniers, couturières, lithographes et autres travaillent sous le même toit. Ces métiers sont solitaire mais ici, on s’entraide, on échange, dans une ambiance conviviale et stimulante.
Dans un hangar de 300 m², huit ateliers coexistent, chacun dédié à un savoir-faire différent. Marion Zelnik, ébéniste et propriétaire des lieux depuis 2016, a imaginé ce concept pour réduire ses charges tout en créant un lieu de vie collective. « À la base, je cherchais un espace pour mon activité d’ébéniste, mais ce local était trop grand pour moi seule. J’ai décidé d’en faire un lieu partagé, où chacun pourrait bénéficier d’un espace à moindre coût », explique-t-elle.
Les loyers, compris entre 150 et 250 euros, permettent aux artisans de travailler dans un cadre professionnel sans se ruiner. Marion, qui enseigne aussi la menuiserie au BTP CFA Loire, a elle-même aménagé les bureaux pour optimiser l’espace et favoriser les échanges.
L’entraide, moteur de la créativité
Dans cet atelier partagé, la collaboration est reine. Entre deux portes, on entend les discussions techniques et les conseils mutuels. Jean Goizauskas, maroquinier, et Marion Jouve, créatrice de sacoches pour vélos, échangent régulièrement des astuces. « Justement, cet étui… C’était ça que je voulais te montrer. La mousse, s’il est déjà cousu comme ça, je ne peux pas le retourner, ça serait trop tendu », explique Jean. « Au lieu d’avoir des parties complètement différentes, tu entailles un peu en biseau », suggère Marion.
Ces échanges ne se limitent pas aux conseils pratiques : « On partage des tips sur l’assemblage, on se donne des tutos Instagram, on s’aide sur les réseaux sociaux… » souligne Jean. Pour Marion Jouve, ce cadre offre aussi un équilibre entre vie professionnelle et personnelle : « Ça permet de faire la coupure entre son espace perso et son espace pro, ce qu’on n’a pas quand on travaille chez soi. »
Pour se faire connaître, les artisans misent aussi sur une communication commune : un site internet et des réseaux sociaux partagés, ainsi qu’une journée portes ouvertes annuelle pour exposer leurs créations. Une façon de mettre en lumière leur travail tout en créant du lien avec le public.
Briser l’isolement des métiers artisanaux
Ariane Crozet, lithographe fraîchement arrivée, a choisi les Ateliers Singuliers pour rompre avec la solitude souvent associée aux métiers manuels. « Ce sont des métiers solitaires. Le fait d’être entourée de gens qui ne font pas forcément la même chose, mais qui partagent une passion pour la création, ça change tout », confie-t-elle. « On peut échanger sur nos problématiques, faire une pause, montrer nos projets en cours… C’est vraiment enrichissant. »
T.RIVIERE