Les calculs font froid dans le dos… Près de 1 000 milliards de dollars. Le président Trump appelle cela sûrement l’Art du deal (titre de son livre de management paru en 2015). On serait plutôt tenté d’appeler cela un hold-up puisque c’est le montant que l’Europe s’apprête à payer chaque année en plus aux États-Unis.
Progressivement, on commence à appréhender ce que les droits de douane américains vont coûter à l’Europe. Vraisemblablement plus de 100 milliards de dollars ! L’objectif défendu par Donald Trump est de rééquilibrer une balance commerciale déficitaire. Si le président américain se réfugie derrière le chiffre de 300 milliards de dollars avec l’Europe, dans les faits, le déficit serait plutôt de 48 milliards selon le site touteleurope.eu. La Commission européenne a ainsi calculé qu’en 2023, il y avait eu 822 milliards d’exportations européennes aux États-Unis contre 774 milliards importés en Europe en provenance de l’autre côté de l’Atlantique. Donald Trump a donc décidé d’imposer un taux de 15 % sur quasiment toutes les importations européennes en provenance du Vieux Continent. En appliquant ce taux aux 822 milliards importés aux États-Unis, on obtient un montant de 125 milliards d’euros.
Ce n’est toutefois qu’une (petite) partie de l’accord. Celui-ci est, en effet, assorti de plusieurs clauses qui vont coûter extrêmement cher à l’Europe. Il y a, en premier lieu, la promesse faite par la Commission européenne d’acheter 750 milliards d’hydrocarbures (principalement du pétrole, du gaz naturel liquéfié et du combustible nucléaire) aux États-Unis sur une période de trois ans. Cela donne un montant annuel de 250 milliards de dollars ; l’Europe va ainsi pouvoir se passer de faire appel à la Russie pour ses importations de gaz.
Ne faudrait pas oublier tout ce qui concerne le volet défense
Autre mesure présente dans l’accord (léonin), l’obligation faite à l’Europe d’investir, d’ici à 2028, 600 milliards de dollars dans des secteurs qualifiés de stratégiques aux États-Unis, soit un montant annuel de 200 milliards. Autant d’argent qui ne sera pas investi par les grands groupes européens sur le Vieux Continent, et qui viendra s’ajouter aux 200 milliards d’investissements directs réalisés outre-Atlantique par l’Europe chaque année (chiffre de 2024).
À côté de cela, il ne faudrait pas oublier tout ce qui concerne le volet défense. En résumé, on peut affirmer que l’Europe finance (en partie) l’industrie américaine de défense. Et ce, avant même le plan d’Ursula von der Leyen qui vise à augmenter les dépenses militaires de 500 milliards d’euros sur dix ans. En fait, l’Europe le fait déjà de manière directe. En 2022, le Vieux Continent a acquis pour 100 milliards d’armement aux États-Unis. « Les exportations d’armes américaines vers les États européens ont plus que triplé (+233 %) entre 2015-2019 et 2020-2024, explique le Sipri (institut national de recherche sur la paix de Stockholm). Pour la première fois en deux décennies (c’est-à-dire depuis 2000-2004), la plus grande part des exportations d’armes américaines a été destinée à l’Europe, passant de 13 % en 2015-2019 à 35 % en 2020-2024. » On trouve parmi les 10 premiers pays acquéreurs d’armement américain, l’Ukraine, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Norvège.
Mais l’Europe finance aussi l’industrie américaine indirectement par le biais de la guerre russo-ukrainienne. Lors de la dernière réunion à Washington entre le président Trump et Volodymyr Zelensky, il a été dit qu’un montant de 100 milliards de dollars, prêté par l’Europe, serait investi pour acheter des équipements militaires américains.