l’essentiel
Quand tous croyaient condamné le service cardiologie de l’hôpital de Cahors, le professeur Carrié et le CHU de Toulouse ont monté un projet pour fédérer une équipe impliquée dans les deux établissements. Deux ans plus tard, une convention vient renforcer ces liens.

Le centre hospitalier de Cahors a signé une convention avec l’association H2O et le CHU de Toulouse, aux côtés de 50 autres hôpitaux de Midi-Pyrénées. En cardiologie, le professeur Didier Carrié, chef de service, et le docteur Gildas Ganse nous expliquent en quoi ce rapprochement révolutionne la pratique et renforce l’attractivité médicale de l’hôpital cadurcien.

Le docteur Gildas Ganse et le professeur Didier Carrié.

Le docteur Gildas Ganse et le professeur Didier Carrié.
DDM LaeB

Qu’est-ce qu’apporte cette convention pour Cahors et pour les patients lotois ?

Il y a une certitude, c’est qu’on ne peut pas laisser mourir nos hôpitaux dans les départements. Pour cela, il faut qu’ils aient une certaine autonomie. Cette convention H2O renforce les liens entre le centre hospitalier universitaire de Toulouse et l’hôpital de Cahors, avec des médecins du CHU qui interviennent à Cahors.

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Comment faire venir les jeunes médecins à Cahors ?

Si on propose des disciplines spécifiques, des plateaux techniques performants, de contribuer à la recherche et, bien sûr, de se former, on saura rendre les structures de territoire intéressantes pour les jeunes médecins.

Sur le volet formation, on accueillait déjà des internes. On prend maintenant des étudiants en 4e et 5e années de médecine qui ont un stage obligatoire d’un mois dans un des hôpitaux de territoire. Si, au départ, ils viennent à contrecœur à Cahors, parce que pendant trop longtemps aller se former ailleurs qu’à Toulouse c’était une punition, désormais ils repartent ravis de leur expérience. À l’hôpital de Cahors, on accueille ces jeunes depuis un an, en cardiologie, en gériatrie, en rhumatologie, aux urgences, etc. Par cette initiative, nous espérons les ancrer dans nos départements, pour qu’à la fin de leurs études ils aient envie de s’installer ici.

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Cette convention H2O aborde la recherche, de quoi s’agit-il ?

Lorsque des patients sont prêts à s’engager dans des études médicales pour la recherche clinique, ils n’ont pas forcément envie de se déplacer à Toulouse. Il faut que, dans nos hôpitaux de territoire, nos médecins soient en capacité de garantir leur parcours. D’ailleurs, les laboratoires pharmaceutiques sont demandeurs d’un panel de patients plus large géographiquement et plus représentatif de la société.
Proposer à des médecins à Cahors de participer à la recherche clinique, c’est la cerise sur le gâteau pour un professionnel.

« En 2023, l’hôpital ne comptait plus qu’un seul cardiologue. La situation n’était plus tenable. »

L’idée de cette convention est donc de faire des passerelles entre le CHU et l’hôpital. Qu’en est-il en cardiologie ?

En 2023, l’hôpital ne comptait plus qu’un seul cardiologue. La situation n’était plus tenable et le service allait fermer. Perdre cette spécialité, c’était mettre en fragilité toute la structure hospitalière, comme les urgences, la réanimation, etc. Alors, le CHU de Toulouse a décidé d’intervenir.

Nous avons maintenant une équipe de 6 médecins cardiologues du CHU qui travaillent à Cahors, 2 jours par mois chacun, et deux permanents. L’Agence régionale de santé d’Occitanie a soutenu notre démarche pour constituer une équipe de médecins territoriaux pour un à deux ans, à titre expérimental. Il faudra la pérenniser.

Quels sont vos projets pour la cardiologie ?

En 2026, nous avons bon espoir de développer l’imagerie cardiaque ici, en réalisant en radiologie des scanners et des IRM cardiaques spécifiques.

Dès le mois d’octobre 2025, nous souhaitons ouvrir une hospitalisation de jour de quatre lits, pour permettre aux gens de venir sur une journée à l’hôpital réaliser l’ensemble des examens de cardiologie, sans qu’ils aient à gérer tout un tas de prises de rendez-vous ou de déplacements.

L’autre projet est la création d’une unité de soins intensifs en cardiologie, validée par l’ARS, avec une garde de médecin 24 heures sur 24. Ce serait une grande première dans le Lot. On aimerait s’engager dès février 2026. En résumé, nous pourrions avoir de la réanimation cardiaque, prendre en charge du post-opératoire, intervenir sur des embolies pulmonaires, des arythmies ou des infarctus graves, mettre en place des pacemakers, etc. Mais on ne fera jamais tout, il n’y aura pas de cardiologie interventionnelle sur les artères du cœur à Cahors, par exemple.