Posted On 27 août 2025

Ca tangue de plus en plus dangereusement pour les Verts/LFI sortants. Interviewée par Eve Moulinier pour le Dauphiné Libéré, la Député LFI Elisa Martin précise la stratégie de LFI pour les municipales à Grenoble… et confirme qu’une liste distincte des Verts se profile bien.

L’AFFAIRE PIOLLE/MARTIN TOUJOURS EN SUSPENS

La revoilà. L’ex 1ère adjointe de Piolle désormais députée était restée discrète malgré sa nomination avant l’été comme cheffe de file de LFI pour les municipales à Grenoble, avec Allan Brunon. Et pour cause : comme une épée de Damoclès, elle est toujours sous le coup d’une procédure judiciaire en cours (bien que très lente et transmise au parquet de Valence) car accusée par Enzo Lesourt, ex bras droit d’Eric Piolle, d’avoir perçu des rémunérations au black ponctionnées sur son salaire à la demande du Maire. 

Malgré la procédure en cours, Elisa Martin revient donner des leçons. 
ALLAN BRUNON (LFI) TORPILLE LE BILAN… DES VERTS/LFI

Jusqu’ici, c’est donc l’autre chef de file, le jeune parachuté Allan Brunon, qui s’est exprimé au nom de LFI à propos des élections à venir. Obéissant à la stratégie nationale des Insoumis qui instaurent un rapport de force avec le reste de la gauche, il agite la menace d’une liste autonome qui romprait le socle Verts/LFI qui prévalait à Grenoble depuis 2014. Attaquant sans gêne des pans entiers du bilan de cette majorité, comme le projet de lac de la Villeneuve, alors que les élus LFI au conseil municipal le soutiennent ! 

APRÈS PIOLLE, MARTIN VEUT « AUTRE CHOSE »

On aurait pu penser qu’Elisa Martin, toujours élue au conseil municipal et coresponsable par ses votes de l’intégralité du bilan des 12 dernières années, prendrait la parole pour tempérer les propos de son jeune camarade co-chef de file. Il n’en est rien : elle abonde dans son sens, en expliquant ne pas vouloir « s’inscrire dans une continuité douce » du mandat de Piolle. « On veut autre chose » lance-t-elle clairement à Eve Moulinier. 

zfe grenobleLa ZFE, que les Verts/LFI de Grenoble ont voté et voulus toujours plus contraignante, fait aussi partie des sujets que le chef de file Allan Brunon critique désormais vertement ! Ils ne sont pas étouffés par la cohérence
LE SYMBOLE DE 2014 ENTERRÉ

Localement, c’est un peu la chute finale. Car ce binôme Piolle/Martin, devenu Maire/1ère adjointe en 2014, était l’incarnation de la vague Verts/LFI à Grenoble. La personnification de cette union triomphante, à l’époque saluée par Jean-Luc Mélenchon. Mais Martin ne fait pas dans les sentiments et balaye sèchement cette histoire commune : « le passé est le passé », « c’est demain qui compte, pas 2014 », « nous sommes en 2025, et le monde a changé ». Le rapport de force entre les écolos et les insoumis aussi… 

Piolle/Martin au temps de l’idylle qui parait désormais bien lointain. « Grenoble en commun » n’a plus grand chose en commun
LA GAUCHE PARTIE POUR ÊTRE DIVISÉE AUX MUNICIPALES

… et ces derniers entendent s’imposer face à leurs partenaires. Ils veulent ainsi définir entre insoumis « un programme fort » (comprendre : ce qui a été fait ces 2 mandats ne l’était pas !) puis le soumettre aux Verts, aux communistes et à l’ADES de Raymond Avrillier. Mais pas au PS d’Amandine Germain qu’ils excluent d’emblée, considérant que les socialistes sont, au niveau national, trop proches du macronisme.

Si les Verts font alliance avec LFI, ce devrait donc être sans le PS qui formerait une liste autonome, et inversement : par leur posture, Brunon, Martin et La France Insoumise entérinent bel et bien une division de la gauche grenobloise pour ces élections. 

RUFFIN, LHEUREUX ET LES AUTRES ? UN « CASTING » DE « 4ÈME RÉPUBLIQUE »

Martin ne se montre pas particulièrement tendre avec les Verts/PCF et leurs 4 chefs de file, à savoir Laurence Ruffin, Lucille Lheureux, Margot Belair, Nicolas Béron-Perez. Elle considère qu’il s’agit là d’un « casting » qui fait « trop “Ve République” ! ». Très aimable pour ses collègues, avec qui elle siège au sein du même groupe de la majorité au conseil municipal.

LA TENTATIVE DE PASSER OUTRE LE BILAN

Pour les insoumis, il faut également voir derrière cette rupture avec le Piollisme et cette façon de s’éloigner des Verts une tentative de s’affranchir du bilan calamiteux qui pèse (aussi) sur leurs épaules. Tout comme ils tentent de s’en extirper, de faire oublier leurs renoncements, en instrumentalisant des sujets de politique nationale… voire internationale, comme la Palestine. Comme si le Maire de Grenoble avait un quelconque impact sur ce qui se passe à Gaza… 

« GRENOBLE CAPITALE CITOYENNE » DEVAIT VOTER POUR SE DÉPARTAGER…

La semaine est riche en fractures à gauche puisque, comme nous l’avons révélé en exclusivité dimanche dernier, ça chauffe aussi à Grenoble Capitale Citoyenne (GCC) / Place Publique. Un vote devait départager cette semaine Romain Gentil (Place Publique) et Pascal Clouaire (élu exclu de la majorité Piolle) jusqu’alors en concurrence pour la tête de liste de cette initiative sociale-démocrate, classée centre-gauche, à laquelle s’est aussi joint le micro-parti écolo « Equinoxe ».

Pascal Clouaire, en bisbille avec Romain Gentil, se retire de la coalition qu’il avait créé avec lui
… MAIS EXPLOSE EN VOL AVEC LE DÉPART DE P. CLOUAIRE

Mais alors que Romain Gentil semble avoir verrouillé le mouvement, Pascal Clouaire a décidé de jeté l’éponge et de quitter le navire. Coup dur avant même de commencer la campagne que de perdre la personnalité la plus médiatique du mouvement (il est Vice-Président de la métropole). « GCC » paye aussi un positionnement électoraliste et un peu bâtard, à la fois critique de la majorité Verts/LFI sortante et en même temps pas encore capable de formellement s’engager à ne pas s’allier avec eux in fine.

CEUX QUI VEULENT ROMPRE AVEC LE PIOLLISME DOIVENT S’UNIR…

Si les militants de « Capitale Citoyenne » sont véritablement sincères dans leur désir de faire prendre à Grenoble une autre trajectoire, ils devraient dès lors engager le dialogue avec Alain Carignon et son collectif « Réconcilier Grenoble », qui réunit des personnalités de toutes les sensibilités, y compris de gauche qui se retrouvent dans le groupe « La Gauche qui Agit ». Cette diversité d’opinion étant unie par la volonté de rompre avec la politique menée par la majorité sortante depuis 12 ans.

… AUTOUR D’UN PROJET, ET PAS D’AMBITIONS INDIVIDUELLES

Politique qui se caractérise par exemple par des reculs importants sur le social avec l’explosion de la précarité à Grenoble, sur la prévention et le socioculturel avec le démantèlement de structures reconnues, sur le logement avec une gestion déshumanisée des bailleurs sociaux pilotés par les Verts/LFI… C’est autour de ce bilan qu’il s’agit de discuter et de formuler des propositions pour les Grenoblois, comme le fait Alain Carignon ce qui lui permet de créer le plus large rassemblement avec « Réconcilier Grenoble ». Pas autour d’ambitions individuelles et de quêtes égotiques d’un strapontin.