Ellie Lobel a bien cru mourir. Atteinte depuis quinze ans de la maladie de Lyme, elle était hospitalisée en soins palliatifs en Californie, confrontée à des douleurs chroniques intenses. Durant une sortie ensoleillée aux abords de l’hôpital, cette femme de 45 ans se fait attaquer par un essaim d’abeilles africanisées, également appelées «abeilles tueuses». En souffrance, enflée, elle s’attend à faire à un choc anaphylactique. À la grande surprise de la patiente et de ses médecins, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé.
Selon un article du magazine Popular Mechanics, la femme a constaté une amélioration spectaculaire de son état dès le quatrième jour après les piqûres. La fièvre, les inflammations qui l’handicapaient au quotidien, ainsi que sa fatigue cognitive se sont dissipées, et la bactérie responsable de la maladie de Lyme, Borrelia burgdorferi, a tout bonnement disparu de son organisme.
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Le venin dans la pratique médicinale
Comment expliquer la disparition de cette maladie véhiculée par les tiques? Par la composition du venin d’abeille, qui contient de la mélittine, une petite protéine de 26 acides aminés nommée peptide, capable de détruire les membranes bactériennes. Des études préliminaires in vitro menées sur des souris ont montré qu’elle possède des propriétés antibactériennes, antifongiques et anti-inflammatoires. Les scientifiques envisagent également son potentiel antiviral et anticancéreux, même si pour l’instant ces usages restent expérimentaux.
Les propriétés des venins ne sont pas une découverte totale. Glenn King, professeur à l’Université du Queensland en Australie, a par exemple développé des traitements inspirés de venins d’araignée et de monstre de Gila, un lézard venimeux d’Amérique du Nord. Ces composés a priori néfastes pour la santé peuvent se transformer en médicaments miracle pour des maladies chroniques particulièrement coriaces.
Après sa guérison, la physicienne s’est mise à travailler sur un protocole de thérapie par piqûres d’abeilles spécifiquement élaboré pour lutter contre la maladie de Lyme. Elle a depuis partagé dans un livre des conseils pour que les patients se piquent eux-mêmes avec des abeilles. Certains patients, comme Rebecca Hayward au Royaume-Uni, rapportent un soulagement notable des douleurs liées à la maladie de Lyme, bien que l’efficacité ne soit pas garantie pour tous les porteurs de la maladie.
Malgré ces témoignages, les autorités sanitaires alertent: cette pratique comporte des risques sérieux, notamment d’allergie sévère pouvant être mortelle pour le patient. Les chercheurs s’accordent à dire que le venin d’abeille pourrait représenter une source prometteuse pour de futurs médicaments, mais que le protocole n’en est qu’au stade exploratoire et qu’aucune approbation officielle n’a encore homologué cette méthode.