Titre : Jouer le jeu
Auteur : Fatima Daas
Editeur : L’Olivier
Nombre de pages : 192
Date de parution : 22 août 2025

 

L’univers de Kayden

Kayden vit avec sa mère et sa soeur Shadi dans un petit appartement d’un immeuble de quinze étages. Elle a peu connu son père qui ne sera baptisé que d’une seule lettre O.
Mais il y a une bonne ambiance à la maison. Shadi a beaucoup d’humour et la mère beaucoup de tendresse pour ses filles.
Kayden a aussi un excellent groupe d’amis. Elle apprécie beaucoup Samy qui fait un CAP coiffure et elle intègre le lycée avec ses meilleures amies, la sportive Nelly et Djenna la rebelle.

Une adolescente qui se cherche

Mais Kayden se nimbe de silence. Elle ne se connaît pas encore très bien. Elle ne souhaitait pas aller au lycée et se voyait bien faire un CAP Petite Enfance. Toutefois, le proviseur lui conseille une seconde générale. Il est vrai qu’elle a de bons résultats, surtout en français. Et sa professeur principale, Garance Fontaine, la repère immédiatement. Cette adolescente qui ne sait pas remplir une fiche de renseignement s’exprime bien mieux sur un format libre. Garance accompagne Kayden vers l’écriture. Et l’adolescente admire sa professeure.
Kayden ne se sent pas femme, elle aimerait ne pas s’enfermer dans un genre. D’ailleurs dans ses textes, elle ne se conjugue pas au féminin.

J’aime être une fille pas trop fille qui aime les filles et les garçons pas trop garçons.

La discrimination positive

Garance Fontaine convainc Kayden qu’elle a ses chances pour intégrer Sciences Po. Kayden a envie de croire en celle qu’elle admire et aime en silence.
Mais Kayden n’est-elle pas l’exception ? Celle qu’on choisit pour satisfaire un quota de discrimination positive ?
Par contre, qui va croire au potentiel de Samy ou de Djenna, la rebelle. La conseillère d’orientation ne soutient pas leurs projets.

La vérité c’est qu’ils nous voient comme des sauvages perdus, incultes, capables de rien.

Si certains comme Djenna ou Ousmani le gardien dénoncent les injustices, Kayden joue le jeu en travaillant au lycée, en ayant confiance en Garance, en croyant à sa chance. Mais n’est-elle que le jouet d’une société de pouvoir qui fait semblant de vouloir sauver des adolescents de leur sort social ?

Fatima Daas conserve toute son identité dans son style d’écriture, authentique et percutant. Elle nous parle avec justesse de Kayden, ce personnage qui semble être un miroir d’elle-même. À travers lui, on perçoit les difficultés à trouver sa place – dans un pays, une culture, ou même un genre.

Son écriture brute et directe retranscrit avec finesse le langage des jeunes, leur quête d’identité, leurs doutes et leurs colères. L’adolescence est une période fragile, marquée par des bouleversements profonds. Les adultes, qui l’ont eux-mêmes traversée, devraient s’en souvenir – non pour imposer leur autorité, mais pour accompagner, sans juger ni manipuler.

 

 

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