Aux confins du Chili, dans les régions les plus arides, on éduque tôt les enfants sur les dangers du soleil et des effets du réchauffement climatique. À l’approche de l’été austral, les petits chiliens dessinent un soleil monstrueux dont les rayonnements sont une menace pour leur quotidien. Sur les chantiers, des avertisseurs solaires alertent les travailleurs pour qu’ils se protègent. Avec une couche d’ozone particulièrement vulnérable au-dessus de sa tête, une situation géographique exposée, des déserts parfois à perte de vue, le pays ne rigole pas avec le soleil. Les radiations ultraviolettes provoquent une explosion des cancers de la peau qui n’épargnent ni les plus fragiles ni les plus jeunes. Face à cette situation, le pays a fait de la prévention une grande cause nationale depuis plus de 10 ans. Et en France ? Il va falloir arrêter de regarder ailleurs quand la terre et les forêts brûlent. Cet été encore, les feux ont dévasté des dizaines de milliers d’hectares. Le nombre de villes confrontées à des températures supérieures 40 °C flambe alors que cette météo était jusque-là exceptionnelle. Les scientifiques, consternés par l’apathie générale, tentent pourtant de sensibiliser la population. La Nancéienne Valérie Masson-Delmotte, figure de la climatologie et ancienne coprésidente du GIEC, tire même la sonnette d’alarme, estimant, dans les colonnes du Monde de ce mardi, que l’été « n’est plus synonyme d’insouciance, mais une saison dangereuse pour les organismes vivants, les activités agricoles, le travail en extérieur ». Un danger dont il faut percevoir la trajectoire. À ce rythme, dans une France à + 4 °C à la fin du siècle, le nombre de vagues de chaleur sera multiplié par 10 ! Sa préoccupation, notre préoccupation à tous, n’est pas prise à sa mesure. Au contraire, la négation du réchauffement injecte un poison dans les politiques publiques dont le premier effet est la tentation de couper les vannes du financement des renouvelables.