C’est une première en Allemagne. Salvatore
Marrazzo, patron du restaurant italien
L’Accanto, situé à Esslingen, près de Stuttgart, a
décidé de mettre les pieds dans le plat, comme le rapportent
nos confrères du journal
Ouest-France. Après des années à prendre sur
lui, il a fait ce que de nombreux restaurateurs rêvent
secrètement. Cette habitude, très courante en
France, il n’en veut plus dans son établissement et l’affiche
clairement, quitte à perdre des clients.
C’est le cauchemar de tous les professionnels
de la restauration. Une tablée d’une dizaine de
convives a bien festoyé : menus, plats à la carte,
desserts pour certains, cafés pour d’autres. Puis vient le moment
de régler l’addition. « On peut diviser la note ?
». Le hochement de tête et
le silence du serveur en disent déjà long, mais son regard
parle encore plus. Il sait que les prochaines minutes vont être
longues et pénibles. Salvatore Marrazzo a décidé d’abréger
ces souffrances.
Ce restaurateur allemand refuse à ses clients de partager
l’addition
Après plusieurs incidents liés à ces règlements
individualisés, qui ressemblent souvent à un
compte d’apothicaire – on connaît tous cet ami qui
détaille ligne par ligne le ticket pour ne payer
QUE ce qu’il a consommé –, le patron de L’Accanto affiche désormais
la règle sans ambiguïté à l’entrée de son restaurant : «
Nous ne partageons pas les additions […] Merci
pour votre compréhension ».
Salvatore sait d’avance que cette mesure ne fera pas
l’unanimité, mais il a pesé le pour et le contre. Force est de
constater que les avantages l’emportent. Arrêter de diviser
l’addition aux centimes près pour les grandes tablées
signifie, selon lui, une rotation plus rapide des tables, moins de
perte de temps, et le temps, c’est de l’argent. Le restaurateur est
prêt à prendre le risque de faire fuir les
groupes, pourtant générateurs de chiffre d’affaires.
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« Nous
allons régler chacun notre part » – « Vous êtes 15 quand même » – «
Oui, justement, détaillez-nous tout » – « … »
Interdiction de fractionner l’addition : les internautes sont
divisés
Sur les réseaux sociaux, sa décision est vivement critiquée.
Certains rappellent le vieil adage : « le client est
roi ». Mais pour Salvatore, l’expérience prouve
surtout que les clients peuvent se montrer
pénibles. L’homme en a assez d’être témoin de
débats sans fin, comme « savoir qui a bu le
plus de rouge », explique-t-il, alors qu’il souhaite
simplement être payé.
En France, la pratique est plutôt courante et tolérée par les
restaurateurs. Toutefois, on peut parier qu’ils s’en passeraient
bien, notamment aux heures de pointe, où chaque
minute compte pour assurer le service.
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Shutterstock
En
Allemagne, ce restaurateur impose une addition unique et laisse les
clients régler leurs comptes entre eux.
Une habitude tolérée en France mais
jusqu’à quand ?
Selon le restaurateur allemand, la majorité de sa clientèle
comprend sa démarche. Il tente d’ailleurs de rester arrangeant et
propose d’individualiser l’addition à condition que les
clients préviennent le serveur dès la prise de
commande. Le traitement à la caisse est ainsi
facilité, et tout le monde s’y retrouve.
L’Accanto est le premier restaurant en Allemagne à mettre
fin au partage des additions. Reste à voir si ses
confrères suivront la même voie. Une mesure qui pourrait même
trouver écho en France, même si elle risquerait de porter
préjudice à des
restaurateurs déjà en grande difficulté ces derniers mois.